Campagne de Carême 2025
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Si nos désirs profonds nous ramènent à Dieu et nous ouvrent à autrui, nos désirs profonds sont aussi… profonds au sens où ils sont recouverts de désirs superficiels, apparents ou mal formulés. Ces derniers en sont l’expression déformée et qui nous fourvoient parce qu’ils nous égarent. Ils nous égarent loin de nos aspirations authentiques, loin de Dieu et loin de notre prochain. Paradoxalement, c’est quand nous faisons nos quatre volontés que nous nous éloignons de ce que nous voulons vraiment.
Attention à ce que l’on désire !
Nous sommes trop souvent retenus prisonniers de l’intérieur de nous-mêmes. Nous sommes prisonniers de nos passions, de nos toquades, de nos fixettes, de nos fantasmes, de nos rêves, des convictions que nous nous sommes forgées ou que nous avons reçues en héritage et de toutes les formes d’autosuggestion dont est capable notre imagination. Toutes ces entraves nous empêchent de prendre conscience de ce à quoi notre être profond aspire viscéralement et d’identifier nos désirs profonds.
Creuser ses désirs ne signifie pas y céder mais les regarder en face et les observer longuement, fréquemment, attentivement et patiemment pour mieux comprendre ce qu’ils cherchent à nous montrer et à nous dire. Un peu comme une maladie psychosomatique qui nous renvoie vers un mal intérieur plus profond et moins immédiatement discernable : il faut chercher à comprendre ce que le mal a dit. Sauf que dans le cas de nos désirs, il s’agit de nous orienter vers le bien auquel nous aspirons et de l’identifier. Nous avons donc besoin de découvrir ces vrais désirs ou de les redécouvrir en les exhumant comme des secouristes creusent la neige pour sauver les victimes de l’avalanche. C’est vital, c’est du sérieux, c’est une ascèse. Il faut mettre à distance nos désirs immédiats et anarchiques pour identifier notre désir profond. Cela suppose une ascèse, une discipline bien comprise, taillée sur mesure et librement consentie.
La quête du désir est une ascèse
Nos désirs profonds sont des indicateurs et c’est pour cela qu’il faut savoir les lire dans le bon sens. Quand le doigt désigne la lune, le sage regarde la lune et le sot regarde le doigt. De même si nous nous méprenons sur nos désirs — les vrais et les faux — nous nous trompons de direction.
Nos désirs profonds parlent à l’oreille de notre cœur et nous invitent à nous recueillir et non à nous éclater. Ils nous ramènent à nous-mêmes et nous réconcilient avec notre intimité comme le constate Augustin : "Tu étais au-dedans de moi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même, et plus élevé que les cimes de moi-même" (Confessions, livre III.VI). Ce faisant ils nous rendent alors disponibles à la rencontre avec autrui parce qu’ils nous ramènent à cet Autrui qui est notre raison d’être et notre destination ultime. Celui auquel Augustin dit : "Tu nous as créés pour toi, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en toi" (Confessions, livre I.I).

