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Walter Ciszek est un prêtre à connaître ! Né en 1904 aux États-Unis dans une grande famille polonaise, il a grandi à Shenandoah, en Pennsylvanie. Il aimait les combats de rue et a causé des problèmes éducatifs considérables à ses parents. De ce fait, lorsqu’il a décidé de rentrer dans un séminaire à l’âge de 24 ans pour devenir prêtre, il a surpris toute sa famille. Fort et athlétique, il se consacrait à la formation spirituelle, mais aussi physique et jeûnait au pain et à l’eau. Un jour, il a entendu parler de saint Stanislas Kostka, un jésuite qui avait marché de Vienne à Rome. Un tel saint, de chair et de sang, brave et courageux, était pour lui une inspiration. Il a donc décidé d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Pendant son noviciat, il a entendu un message du pape Pie XI dans laquelle il demandait à tous les séminaristes, et spécialement aux jésuites, d'entreprendre un travail missionnaire en Russie. "C’était comme un appel direct de Dieu pour moi. Je savais que je devais me porter volontaire pour cette mission", écrit-il dans son livre autobiographique Il me guide. C’est ainsi que la Russie est devenue son destin.
Sans hésiter, il a soumis sa candidature et a commencé ses études missionnaires au Collegium Russicum à Rome. Ordonné prêtre en 1937, il était prêt à partir mais infiltrer la Russie soviétique athée à cette époque n’était pas une mince affaire. Le général des Jésuites, le père Ledóchowski, lui a donc confié la mission de travailler d’abord dans une paroisse polonaise à Albertyn (aujourd'hui en Biélorussie). Il l’a fait, et le 17 septembre 1939, la Russie est venue à lui d’elle-même. En 1940, il s’est porté volontaire comme ouvrier pour travailler dans les montagnes russes de l'Oural. Il s'y est rendu avec un autre moine muni d'un faux passeport. Ce n’est que des années plus tard qu’il a appris qu’il avait déjà été trahi. Il était sous surveillance des Soviétiques qui le considéraient comme un espion du Vatican. Ils savaient tout de lui, mais lui, ignorait cela. En 1941, il a donc été arrêté et a passé cinq ans dans les prisons du NKVD d’abord dans la ville de Perm, dans l’Oural, puis à Moscou dans des bâtiments du NKVD Loubianka et Butyrki.
Glorifier Dieu dans les pires supplices
Durant son emprisonnement, le père Walter a tout connu : la faim, les engelures corporelles, la maladie, les poux, la cruauté humaine, l'athéisme, l'impuissance, la peur paralysante mais aussi la soif de Dieu. Cependant, il n’a pas perdu la foi. "Dans les moments de découragement, je me consolais en pensant à la Providence et à la toute-puissance de Dieu. Je me remettais entre ses mains, moi et mon avenir, et je continuais à vivre", écrit -il dans Avec Dieu au Goulag (Edb).
Son épreuve la plus difficile s’est déroulée à Loubianka. Des années d'isolement dans une cellule blanche, avec lumière jour et nuit, sans couverts, sans chaleur humaine, sans sourire et avec un silence touchant et tranchant, se sont révélées être une torture pour son esprit et son âme. Le silence était "total et omniprésent, il semblait se refermer sur vous et vous menacer constamment", écrit-il, ajoutant qu’"à bien des égards, la Loubianka a été pour moi une école de prière." Enlevé pour être interrogé, drogué, accusé et torturé en étant relié à des électrodes… Après chaque séance d'interrogatoire, les pensées douloureuses qui remplissaient les heures passées dans sa cellule silencieuse commençaient à lui peser et à saper son moral. Il a lutté pour ne pas tomber dans le désespoir. Il n’avait aucune idée de la durée de son emprisonnement, mais il croyait que l’ordre et la routine l’aideraient à survivre.
Dans les moments de découragement, je me consolais en pensant à la Providence et à la toute-puissance de Dieu.
Il a établi un programme quotidien : des heures pour se lever, se laver, faire de l'exercice, lire et prier. Avant de manger, il examinait sa conscience et priait l'Angélus lorsque l'horloge du Kremlin sonnait minuit. Après avoir mangé, il priait trois rosaires, en polonais, en russe et en latin. En tant que prisonnier, il avait le droit d’emprunter un livre par semaine. Alors il lisait. Pendant ces cinq années, il a lu les œuvres les plus importantes de la littérature russe, mais aussi ce qu'avait écrit Lénine. Il a appelé cette période "études universitaires à la Loubianka".
Après le dîner, il récitait par cœur les prières et les hymnes du soir et lisait jusqu'à l'heure du coucher. "Je peux témoigner de ma propre expérience, en particulier de mes heures les plus sombres à Loubianka, que le plus grand sentiment de liberté, ainsi que la paix de l'âme et un sentiment durable de sécurité, surviennent lorsqu'on abandonne complètement sa propre volonté pour suivre la volonté de Dieu", confie-t-il dans ses mémoires. Le silence dans lequel il vivait l’ouvrait à Dieu. Il était son seul interlocuteur, son fiduciaire, son ami. C’est la prière qui lui a sauvé la vie, même si les ténèbres de Gethsémani ont duré près de cinq ans.
"L’amour du Christ n’a pas de limites"
Lorsqu'il a quitté la Loubianka, il n’était toujours pas libre. Quinze ans dans le goulag sibérien l'attendaient. Mais il était prêt à accomplir la parole de Jésus : "Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups" (Mt 10, 16). Si travailler dans les conditions inhumaines de la Sibérie a été pour lui l’expérience missionnaire la plus compliquée, il continuait à célébrer la messe dans une caserne ou dans la forêt, toujours en secret, au péril de sa vie. Il entendait les confessions parce que ceux qui désiraient ardemment Dieu prenaient la présence du prêtre comme une preuve de son souvenir de l'homme sur une terre gouvernée par Satan.
Ce n’est qu’en octobre 1963 qu’il a pu retourner chez lui. L'Union soviétique avait décidé à l’époque de libérer deux Américains, dont le père Walter Ciszek, en échange de deux agents russes capturés aux États-Unis. Le père Walter Ciszek avait alors 59 ans. Dans les interviews qu'il a données après son retour, il a répété que durant toutes ces années, il n'avait pas été malade un seul jour et qu'il avait toujours réussi d'une manière ou d'une autre à exercer le ministère sacerdotal. Il n’a jamais douté de sa force ni de ses devoirs sacerdotaux et n’a jamais remis en question la foi dans laquelle il a été baptisé et ordonné pour être un second Christ. "L’amour du Christ n’a pas de limites", disait-il. Quant à la question : "Comment avez-vous réussi à survivre à tout cela ?" Il répondait jusqu'à la fin de sa vie : "Grâce à la Divine Providence !" La cause de sa canonisation a été officiellement ouverte en mars 2012. La Walter Ciszek Prayer League, dédiée à la cause, maintient un musée dans son lieu de naissance à Shenandoah en Pennsylvanie, en l’honneur de sa vie.