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La Marche pour Jésus, le “signe d’un réveil de foi décomplexée et joyeuse”

La Marche pour Jésus, à Paris, en mai 2023.

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Cécile Séveirac - publié le 05/02/25
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Xavier Bizard, curé de l’ensemble paroissial Notre-Dame de la Miséricorde à Lyon 8-Vénissieux (Rhône), est le premier prêtre catholique à rejoindre l'organisation de la "Marche pour Jésus", prévue en mai prochain. Cet événement, initié par des protestants évangéliques, apparaît selon lui "comme signe d’un réveil de foi décomplexée et joyeuse, portée par les jeunes, l’immigration et la pastorale populaire".

Ils étaient 28.000 en 2024 à se joindre à la "Marche pour Jésus". Lancée par des protestants évangéliques il y a quatre décennies, la Marche pour Jésus permet à qui le souhaite de témoigner publiquement de la foi chrétienne et fédère les chrétiens de différentes églises dans un objectif d'évangélisation. Pour la prochaine édition qui doit se tenir le 24 mai 2025, entre 30.000 et 50.000 personnes sont attendues par les organisateurs dans différentes ville, en Outre-Mer (Guadeloupe, Réunion), et en France métropolitaine : Lille, Paris Metz, Nantes, Strasbourg, ou encore à Lyon. Le père Xavier Bizard, curé de l’ensemble paroissial Notre-Dame de la Miséricorde à Lyon 8-Vénissieux (Rhône) fait partie des organisateurs de l'événement pour la capitale des Gaules. "Cette manière de vivre la foi me semble nouvelle, en tout cas sous cette forme qui permet d’allier la joie, la fraternité et la fête dans l’unité", témoigne le prêtre catholique à Aleteia.

Aleteia : Quel est l'objectif de la Marche pour Jésus ? 
Père Bizard : La Marche pour Jésus allie la proclamation du nom de Jésus et l'unité des chrétiens. À l’origine, c'est un événement évangélique né dans les 1980 en Angleterre qui s'est répandu dans le monde entier. Il est arrivé en France dans les années 1990 et a pris une certaine importance à partir du Covid. L'an dernier, on comptait plus de 20.000 personnes à Paris, 30.000 en France. Environ 10% de catholiques y avaient participé, notamment grâce à la présence du groupe de louange Glorious. Je crois que la Marche pour Jésus propose une vision innovante de l’expression de la foi, pour nous les catholiques, à travers la simplicité de la profession de foi, la joie du témoignage et sa dimension festive. On peut y venir seul, en famille ou en groupe organisé pour chanter ou danser. Je suis curé d'une paroisse populaire, fervente, multiculturelle et je rencontre beaucoup de gens qui sont heureux de vivre leur foi chrétienne et d'en parler. Une espèce de fierté d'être des chrétiens libres du repli identitaire naît de la rencontre des cultures, de l’interculturalité vécue comme une richesse, une rencontre qui féconde et purifie. La fraternité chrétienne vécue à la croisée des cultures est source d’une joie communicante. Cette manière de vivre la foi me semble nouvelle, en tout cas sous cette forme qui permet d’allier la joie, la fraternité et la fête dans l’unité. C’est ce qui me marque depuis que je contribue à la préparation de la Marche pour Jésus.

Vous êtes le premier catholique à organiser cette marche avec les protestants. Pourquoi était-ce important pour vous de représenter les catholiques à cet événement ?
Je ne l'ai pas fait pour représenter les catholiques, mais en réponse à l’appel de la mission en quartier populaire. À la Pentecôte 2024, il m’a semblé que la Marche pour Jésus pouvait être une bonne proposition pour nos paroissiens. J'en ai aussitôt parlé à des familles qui ont manifesté un véritable engouement à l'idée d'un tel événement à Lyon. Puis, informé de cette idée par la maison diocésaine, Mgr Olivier de Germay (archevêque de Lyon, N.D.L.R), m’a proposé de monter une équipe.

Nous sommes complémentaires. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup appris de la simplicité et de la force du témoignage de foi évangélique. Beaucoup d’évangéliques savent se laisser enseigner par la foi catholique.

D’une part, la solide tradition de l’unité des chrétiens à Lyon a facilité la création de cette équipe où catholiques et évangéliques sont co-organisateurs. Puis les responsables de la Fédération de la Marche pour Jésus en France sont venus nous rendre visite en septembre et ont validé notre projet. D’autre part, dans nos familles catholiques issues de l'immigration, beaucoup ont des parents ou des proches évangéliques. Aujourd’hui, l'unité des chrétiens est une priorité évangélique et missionnaire, comme le demande Jésus à son Père "qu’ils soient Un afin que le monde croie" (Jn 17,21).  La Marche pour Jésus propose d’annoncer Jésus ensemble, ce qui est un signe d’unité visible du Corps du Christ et de paix. "Là où il y a l’unité, il y a la bénédiction" de notre ville et de notre pays disait le Pasteur Gilbert Léonian, président de la Marche pour Jésus à Paris.

Selon vous, les catholiques devraient s’inspirer des évangéliques pour évangéliser ? 
Nous sommes complémentaires. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup appris de la simplicité et de la force du témoignage de foi évangélique. Beaucoup d’évangéliques savent se laisser enseigner par la foi catholique. Dans les rencontres de préparations, le respect mutuel entre les confessions est remarquable. Nous cherchons à ce que chacun soit fidèle à son appel à la sainteté et à la mission. Au contact de nos frères évangéliques, je découvre combien ma foi catholique est proche de l’Évangile. Je savoure d’une manière toute spéciale cette affirmation de Jésus "c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples" (Jn 13,35). Dans cette aventure de la Marche pour Jésus, nous avons la conviction d'avoir été appelés par l'Esprit Saint par-delà nos différences. La communion s'opère par la prière, la fraternité et la joie de la mission. Cette mission dans l’unité est vitale dans un monde pluriel et fragmenté où les lieux de dialogue et de communion sont recherchés. Dans mon quartier qui vit au rythme des coutumes et des fêtes musulmanes nous sommes heureux d’être chrétiens et d’en témoigner. À leur tour, les musulmans sont fraternels et respectueux de nos croyances. Ainsi, la Marche pour Jésus pourrait être le plus grand événement chrétien de l’année célébrée dans une dizaine de villes en France le 24 mai prochain. Elle apparaît comme signe d’un réveil de foi décomplexée et joyeuse, portée par les jeunes, l’immigration et la pastorale populaire.

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