Ces grands saints qui ont traversé les affres de la dépression

Lassitude, angoisse, tristesse, dépression, mélancolie… Autant de troubles de l'âme dont il est difficile de se défaire seul. Un traitement médical et un suivi psychologique sont parfois nécessaires. Des conseils avisés de personnes ayant vécu une telle situation sont également précieux. En plus des proches qui peuvent être de bons conseils, de nombreux saints sont eux aussi susceptibles d’aider à voir la lumière du Christ lorsque tout semble noir. Sainte Thérèse de Lisieux, saint Grégoire le Grand, saint Ignace de Loyola… Ils ont tous éprouvé le découragement, la tristesse, l’angoisse ou encore le dégoût de vivre… Néanmoins, ils ont été sanctifiés par la foi au milieu de la nuit.

Jeune, saint François de Sales était obnubilé par l'idée de sa propre damnation. Il était persuadé qu’il irait en enfer. Il ne dormait plus, ne mangeait plus et enchaînait les nuits blanches. Cette anxiété a affecté sa santé : saint François est devenu très maigre et a commencé à perdre la raison à cause du manque de sommeil. C’est grâce à la Vierge Marie qu’il a réussi à sortir de ce désespoir. Alors qu'il était agenouillé devant l'image de Notre-Dame dans l'église Saint-Étienne, à Paris, il a récité la célèbre prière de saint Bernard : "Souvenez-vous, ô très pieuse Vierge Marie…". Il est ainsi parvenu à retrouver la paix intérieure.

La vie de sainte Thérèse de Lisieux n'a pas toujours été facile et, bien qu'entourée par une famille aimante, elle se sentait souvent seule et luttait contre la dépression. Un sentiment qu'elle exprime dans son autobiographie Histoire d'une âme et auquel elle a fait face en méditant régulièrement cette phrase : "La vie est ton navire et non pas ta demeure !" C’est le "ravissant sourire de la Vierge Marie" qui l’a faite sortir de cet abîme et l’a guérie. "Alors toutes mes peines s'évanouirent", écrit-elle, affirmant que sa vie a commencé à ce moment précis où elle a choisi de prendre Marie pour mère.

Bien qu'il n'ait pas eu envie de devenir Pape, Grégoire Ier n'a jamais manqué à son devoir de pontife. Il a toujours mené une vie austère mais a fini ses jours dans la souffrance, avec de fréquents accès de mélancolie. Dans les Dialogues de saint Grégoire le Grand, il évoque ces moments en parlant d'une "amère affliction". "Les vagues de la grande mer me battent de toutes parts, et la tourmente d'une furieuse tempête brise la ferle nacelle de mon âme", écrivait-il. Mort le 12 mars 604, il a été canonisé 50 ans plus tard, après une vie marquée par de grandes réformes liturgiques, des négociations en faveur de la paix, le soin apporté aux malades, et la propagation de la foi au-delà des frontières. Il est, aux côtés de saint Augustin, saint Ambroise et saint Jérôme, l’un des premiers docteurs de l’Église. En prenant place sur le trône de saint Pierre, il s’est fait serviteur de tous.

La forte personnalité du fondateur des jésuites était aussi marquée par de profonds sentiments d’inquiétude et de souffrance. Ignace de Loyola a connu les ténèbres de la dépression et la hantise du suicide jusqu'à ce que Dieu lui accorde la paix qu'il désirait. Dans ses Exercices spirituels, il appelle cette expérience la "désolation" : un état de grande inquiétude, d’irritabilité, de mal-être, d’insécurité par rapport à soi-même et à ses propres décisions, de doutes effrayants, de grande difficulté à persévérer dans les bonnes intentions… Selon lui, Dieu ne provoque pas la désolation, mais il permet qu’elle nous réveille à notre condition de pécheurs et nous appelle à la conversion. Il est un puissant intercesseur pour ceux qui souffrent de cette maladie.

Saint Jean Marie Vianney est un modèle de pasteur zélé qui a guidé les âmes sur le chemin de la grâce. Malgré tout le bien qu’il faisait, il n’arrivait pas à voir sa propre utilité devant Dieu et vivait constamment avec un intense complexe d’infériorité, se considérant comme inutile – un symptôme de dépression qui l’accompagnera toute sa vie. Dans les moments difficiles, il se tournait vers le Seigneur et, malgré ses souffrances, renouvelait sa détermination à persévérer dans son travail avec confiance, foi et amour pour Dieu et pour le prochain.