separateurCreated with Sketch.

Porteurs de lumière, quarante jours après Noël

ENFANT-BOUGIE-LUMIERE-GODONG
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Benoist de Sinety - publié le 02/02/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Quarante jours après Noël, le jour de la Chandeleur, les chrétiens sont appelés à porter au monde la lumière de la naissance de Jésus. Un temps de marche, rappelle le père Benoist de Sinety, curé-doyen de la ville de Lille, pour contempler en nous l’œuvre que Dieu veut accomplir avec nous et par nous.

De quarante jours en quarante jours, ainsi marche le peuple de ceux que Dieu appelle. Depuis la lumière de la crèche jusqu’à celle des cierges des processions de chandeleur, depuis la poussière des cendres jusqu’à la chair glorieuse du matin pascal, depuis la marche d’Emmaüs jusqu’aux nuées de l’Ascension : du ciel au ciel en quelque sorte, nous voici invités à ne jamais renoncer à avancer. Le 2 février c’est un cycle qui s’accomplit : celui né dans le chant des anges auquel communie amoureusement le bêlement des moutons.

Cette lumière que la naissance de Jésus propage au monde entier, voici que nous la tenons en ce jour de sa présentation au temple. Elle nous est comme remise, confiée, à l’image de l’enfant déposé dans les bras fatigués et tremblants du vieillard Syméon. La coïncidence avec un dimanche donne à cette fête de ne pas être réduite à un concours de crêpes. Elle permet à tous ceux qui célèbreront l’Eucharistie d’entendre l’appel qui leur est adressé : celui que vous avez accueilli, celui qui vous révèle son nom, à vous d’en porter l’Évangile dans le monde où vous êtes !

Porteurs de la lumière

Nous ne sommes pas auteurs du feu dont nos cierges de procession brillent et illuminent. Nous n’en sommes que les porteurs. Porteurs dont le souffle parfois un peu court, fait trembler et vaciller la flamme. Et parfois même l’éteint. Porteurs dont la main fatiguée et tremblante rechigne ou renonce même à porter haut la lumière qui veut éclairer tout visage.

C’est aussi que nous devinons les risques qu’il y a à permettre à cette lumière de briller au mieux. Car cette lumière révèle. Elle révèle mieux que personne l’incroyable brutalité et vulgarité de l’argent et du pouvoir voulus pour eux-mêmes. Elle révèle les égoïsmes profonds qui enveloppent nos cœurs, que nous n’hésitons pas à travestir des beaux noms de "prudence" ou de "sagesse" au risque de blasphémer Celui auquel ces noms s’attribuent. Nous savons cela. Nous le savons très bien. Et nos mains tremblent de ne pas s’élever davantage. Elles ont bien raison de trembler : car la lueur ne nous est pas confiée que pour le monde mais d’abord pour nous-mêmes. C’est ce qu’elle nous donne de contempler en nous d’abord qui est source d’angoisse si nous pensons qu’elle nous livre, seuls, à ce spectacle de nos marasmes.

La vérité de nos vies

Il était impossible, disait les Anciens, de contempler le Très Haut face-à-face car l’éclat de sa gloire était plus puissant que le rayonnement du soleil. L’aveuglement, la mort même, était le salaire de l’impudent. Mais n’est-ce pas d’abord le fait de chercher à contempler Dieu en-dehors de tout créé qui conduit au malheur ? Nul chemin vers Lui qui ne passe par moi-même et mon prochain. Aucune dérobade possible. Il nous y accompagne, ce Jésus en qui se manifeste le désir de Dieu de communier à nous, de communier par nous. 

La vérité de nos vies n’est pas dans ce que nous avons et parfois amassons, mais dans ce que nous sommes prêts à être.

Ces périodes de quarante jours nous donnent de contempler en nous l’œuvre que Dieu veut accomplir avec nous et par nous. Elles nous rappellent à nous qui, souvent, vivons en personnes "installées" que la vérité de nos vies n’est pas dans ce que nous avons et parfois amassons, mais dans ce que nous sommes prêts à être.

Le chemin du pèlerin

En Inde, depuis le 13 janvier et pour encore quelques semaines, la Maha Kumbh Mela (littéralement "fête de la cruche", en lien avec le mythe hindou du barattage de la Mer de Lait) rassemblera au total autour de 400 millions de pèlerins. Venus de toutes les régions, de toutes les conditions, seuls, en famille, ils se rendent à la confluence du Gange et de la Yamuna, autour de la ville de Prayagraj, pour se laver de leurs péchés, purifier leurs âmes et se libérer du cycle des réincarnations. Il ne s’agit pas simplement d’une démarche personnelle : chacun porte avec lui sa famille, ses proches, ceux qui ne peuvent venir. Et chacun demande pour eux ce qu’il espère pour lui. Et chacun croit fermement que les gestes qu’il accomplit ont aussi de la valeur pour ceux qui sont absents. Dans toutes les traditions religieuses, le pèlerinage demeure une dimension essentielle en ces temps de grande sédentarisation. Rappel salvateur pour tous ceux qui prétendent que le repos est le trésor à rechercher. Dans sa grande vieillesse, Syméon se rendait chaque jour au temple, pour y rencontrer celui dont il ne doutait pas qu’il était en chemin. Celui que nous sommes appelés à accueillir dans nos mains, dans nos vies, dans nos cœurs. Pour que se réjouissent les yeux de ceux qui cherchent.

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)