"C'est un petit Notre-Dame de Paris", affirme fièrement Jean-Yves Labat lorsqu'il parle de l'église Saint-Nicolas-de-Bourgueil (Indre-et-Loire). Construit au XIXe siècle, cet édifice n'a pourtant, d'extérieur, aucune ressemblance avec la cathédrale nouvellement restaurée. Mais l'énergie avec laquelle s'investissent de nombreux artisans dans sa rénovation n'est pas sans rappeler celle qui a animé les "rebâtisseurs" de la Vieille Dame. En juin 2021, une tornade avait emporté son clocher, qui s'était effondré dans la nef. Depuis septembre 2024, une quarantaine d'artisans se mobilisent pour lui rendre son éclat. Jean-Yves Labat, maître artisan plâtrier, en fait partie.
Ce soixantenaire à l'accent chaleureux des Landes, fils et petit-fils de plâtrier, exerce son métier avec passion depuis 23 ans. Avec une petite spécialisation en plus. "Je restaure surtout le patrimoine historique : châteaux, maisons et monuments classés, et les églises", explique l'artisan à Aleteia. Depuis le début de sa carrière, Jean-Yves Labat a contribué à la restauration d'environ 22 églises. S'il dit ne pas avoir la foi, l'artisan aime ces lieux de prière dans lesquels il aime poser ses sceaux de plâtre. "Quand je rentre dans une église, c'est calme, silencieux. Il y a quelque chose d'apaisant et je respecte profondément le lieu", relève-t-il. "Ce que j'aime, c'est revaloriser quelque chose qui a un passé. Avec ce genre d'ouvrages, on rentre dans l'histoire du bâti. On s'intéresse à la vie d'un édifice comme à celle d'une personne".
Des églises abandonnées
Voûtes, murs, moulures… "Chaque édifice a une spécificité, c'est très enrichissant de se rendre compte des différences de techniques de construction selon les époques", explique-t-il. En un an seulement, Jean-Yves est intervenu sur cinq églises. Parmi elles, Saint-Nicolas de Bourgueil, ou encore une chapelle insolite, dédiée à Notre-Dame de la course landaise, à Bascons. Sélectionné par la Mission Patrimoine 2023, cet édifice unique est dédié à ce sport traditionnel gascon et se trouvait dans un état préoccupant. Comme beaucoup de petites églises laissées à l'abandon, déplore Jean-Yves Labat.
"On intervient souvent parce que malheureusement les communes ne prennent pas soin de leur église et des gros bâtiments en général. Les vieilles bâtisses tombent en ruines", regrette l'artisan. "Pourtant l'entretien, c'est simple. Il suffirait de faire venir un charpentier tous les ans pour vérifier que les tuiles sont en bon état, ce serait déjà un bon début", assure-t-il. Selon l'artisan, la majorité des détériorations proviennent de l'infiltration de l'eau, ou de la fiente de pigeon, "tellement acide qu'elle détruit tout". Le chantier de Saint-Nicolas de Bourgueil doit quant à lui s'achever à l'été 2025. D'ici là, Jean-Yves Labat assistera à la montée du tout nouveau coq, doré par le même artisan qui s'est occupé du gallinacé de Notre-Dame de Paris.