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Sainte Brigitte de Kildare, la flamboyante Irlandaise

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Sainte Brigitte d'Irlande ou Brigitte de Kildare;

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Anne Bernet - publié le 31/01/25
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Fêtée par l’Église le 1er février, sainte Brigitte de Kildare, d’origine irlandaise et convertie par saint Patrick, a durablement marqué son époque. Femme d’une grande beauté, généreuse et incroyablement énergique, elle a refusé ses prétendants pour former près de Dublin l’une des première communautés religieuses féminines d’Irlande.

Éclipsée par l’autre sainte Brigitte, la Suédoise, sur laquelle nous sommes mieux renseignés, discréditée par le légendaire qui l’entoure et l’amalgame tôt opéré entre sa personne, historique, et la déesse celtique du feu et de l’aurore dont elle porte le prénom, Brigitte de Kildare mérite d’être connue. Sa vie, vrai roman d’aventures, son activité de fondatrice digne de Thérèse d’Avila ou Jeanne de Chantal, font d’elle une femme attachante et remarquable.

Brigitte née vers 436 à Faughart dans le comté de Louth en Irlande. Sa mère, Brocessa, est une captive enlevée de Grande-Bretagne lors d’un des raids de pirates dont les Irlandais se sont fait une spécialité. Vendue comme esclave, la belle Bretonne devient la concubine d’un chef de clan, Duptace, sort peu enviable pour une jeune chrétienne précipitée sur une île étrangère encore païenne que Patricius, arraché dans les mêmes conditions à sa Cambria natale, le Pays de Galles, miraculeusement libéré de l’esclavage, commence tout juste à évangéliser. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Duptace ne s’oppose pas au baptême de la fille que Brocessa lui a donnée, ni à ce que l’enfant soit confiée, selon l’usage du "fosterage", pratique destinée à resserrer les liens entre clans consistant à échanger les bébés tout juste sevrés afin qu’ils soient élevés par des parents nourriciers jusqu’à l’adolescence, à une famille déjà convertie au Christ.

Atteignant l’âge nubile, Brigitte est rendue à son père, qui se félicite de la trouver si belle, instruite, aimable, enjouée, bonne musicienne et bonne cavalière, qualités qui conviennent à son statut de princesse guerrière. Dubtace va déchanter lorsque sa fille lui assène qu’elle n’épousera aucun des prétendants qui aspirent à sa main car elle a voué sa virginité au Christ. À en croire la légende, mais il faut y voir une pieuse exagération, Brigitte, pour échapper à un mariage forcé, aurait demandé au Ciel de lui ôter cette beauté fâcheuse. Et aurait été exaucée puisqu’une maladie soudaine l’aurait rendue borgne, tordue et défigurée… Plus question de mariage et son père aurait été trop content que le Dieu des chrétiens veuille encore d’elle. En fait, tout laisse supposer, heureusement, que Brigitte n’a pas eu besoin de cela pour arracher l’autorisation paternelle de prendre le voile ; elle prononce ses vœux de religion entre les mains du saint évêque Mel, compagnon de saint Patrick. À cet instant, Brigitte aurait recouvré sa beauté intacte et même accrue, tandis qu’une flamme ardente jaillissait devant elle et l’entourait de son éclat.

Un fort caractère

Épisode typique de la christianisation réussie d’une dévotion païenne. Comme, en Bretagne, sainte Anne occultera Anna, mère des dieux, en Irlande, Brigitte supplante la déesse Brigit, maîtresse du feu sacré, qui continuera de brûler des siècles sur sa tombe et non plus devant l’autel de la déesse annonciatrice du retour du Soleil, raison pour laquelle la sainte Brigitte se célèbre le 1er février, premier jour du printemps dans le calendrier celtique. Mais revenons aux faits.

À peine consacrée, Brigitte manifeste son fort caractère. Au lieu de retourner vivre chez son père à l’instar des autres vierges du Christ, elle décide de fonder une maison de religieuses qui accueillera sans distinction femmes libres et esclaves. L’endroit, dans la région de Dublin, prend le nom de Kildara, le couvent du chêne, un arbre sacré, comme par hasard. Un monastère d’hommes ne tarde pas à le jouxter, que l’abbesse Brigitte gouverne également, l’abbé restant sous ses ordres. Pour justifier cette particularité, l’on racontera que, le jour de sa consécration, saint Mel, sous l’impulsion du Saint-Esprit, aurait dit sur elle la consécration épiscopale et refusé de recommencer la cérémonie car telle était la volonté de Dieu.

Bientôt, les vocations sont si nombreuses, les pouvoirs de thaumaturge de Brigitte, héritière des dons de la déesse médecin dont elle porte le nom, si grands, que les foules affluent et qu’une ville s’épanouit autour du monastère, première fondation d’une femme qui ne s’arrêtera jamais, parcourant l’Irlande à cheval, par tous les temps, afin de bâtir des couvents. Avec la confiance propre aux vrais amis de Dieu, Brigitte est généreuse jusqu’à la prodigalité, donnant aux pauvres ce qu’elle a, et ce qu’elle n’a pas. Fidèle aux usages de large hospitalité de son peuple, elle reçoit tous ceux qui se présentent à sa porte. Partageuse, elle ne garde rien pour elle. Un ami lui apporte une corbeille de pommes magnifiques, encore un fruit sacré en lien avec l’autre Monde et l’île, justement, des Pommiers, Avallon. Au lieu d’en profiter, Brigitte les distribue aux pauvres, à la vive colère du donateur à qui elle riposte : "Ce qui est à moi est à eux !"

Inhumée entre saint Patrick et saint Colomba

Un jour, elle s’aperçoit qu’il ne reste strictement rien à manger, ni pour la communauté ni pour les hôtes. Le seul recours est l’unique vache de l’étable, déjà traite ce matin-là. Imperturbable, Brigitte prend le seau et va traire l’animal, dont le lait s’avère inépuisable, donnant de quoi rassasier tout le monde. Cela fait d’elle la protectrice des bovins. Mais il est vrai qu’en bonne Celte qui sait aimer et respecter toute la Création, Brigitte entretient des liens très particuliers avec les animaux, jusqu’aux plus sauvages. Ses proches ont l’habitude de la trouver entourée de sangliers, cerfs, canards et autres oiseaux qui cohabitent en paix avec les renards dont les petits viennent se blottir sur ses genoux.

Lorsqu’elle s’éteint, le 1er février 523, Brigitte a l’honneur considérable d’être inhumée entre les saints Patrick et Colomba, traitée quasiment en évêque, en effet. Les invasions vikings l’arracheront à ce glorieux tombeau, afin de mettre ses reliques en sûreté loin des profanations. Au terme de pérégrinations qui expliquent comment son culte s’est répandu en France, Italie, Espagne, son corps arrive au Portugal. C’est là que, au XXe siècle, l’Église d’Irlande, outrée que l’île verte ne possède pas le plus petit osselet de sa patronne en récupérera. C’est bien la moindre des choses !

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