Kai Höss se souvient du moment de son enfance où, en rentrant de l'école, il a raconté à sa mère ce qu’il avait appris sur l'Holocauste. C'était un sujet obligatoire dans les programmes scolaires allemands, tout comme la visite d'un camp de concentration. Ce jour-là, en classe, un détail l’a particulièrement frappé : le nom du soi-disant commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss. Il raconte à sa mère qu'il avait été surpris d'apprendre que lui et le célèbre commandant portaient le même nom de famille. C’est alors qu’elle lui explique : "C'était ton grand-père".
Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz
Rudolf Höss a supervisé la construction du camp de concentration nazi d'Auschwitz-Birkenau et a présidé à l’extermination de plus d'un million de personnes. Il a mis en œuvre des méthodes pour accélérer l'exécution de l'ordre d'Hitler d'exterminer systématiquement la population juive. À l’initiative de l’un de ses subordonnés, Rudolf Höss a introduit l’utilisation d’un pesticide à base de cyanure, le Zyklon B, dans les chambres à gaz. Pendant l’"Opération Höss" en 1944, il a fait assassiner jusqu’à 10.000 juifs par jour, comme le confirment ses mémoires.

C’est en lisant son autobiographie, Commandant d’Auschwitz, que le jeune Kai apprend que son grand-père - qu’il n’a jamais connu – est responsable de la mort d’un juif sur six sous le régime nazi. Ce livre, écrit par son grand-père à la demande des autorités polonaises avant son exécution par pendaison, l’a profondément choqué. "C'est l'auteur lui-même qui témoigne dans les moindres détails de ce qu’il a fait", raconte Kai Höss dans une interview avec le journaliste Jonathon Van Maren. "C'est horrible de lire la manière dont il décrit son travail, d'une manière si froide, clinique et calculatrice."
D'athée à prédicateur de la Bible
Dès lors, Kai Höss décide que, s’il en a l’opportunité, il réparerait le mal infligé au peuple juif. Après avoir vécu dans l’athéisme et la quête de plaisirs faciles pendant de nombreuses années, Kai vit un changement radical à l’âge de 28 ans. Après une opération compliquée qui tourne mal, il manque de mourir d'une hémorragie. Pendant sa convalescence, en proie à de fortes douleurs, il trouve une Bible et commence à la lire pour se distraire. Le psaume 51, le cri de repentir du roi David après son péché contre Bath-Shéba et le meurtre d’Urie, le marque particulièrement. C’est alors qu’il se demande où sa soif de richesse va le mener. Il s’interroge : si un dictateur lui avait donné le genre de pouvoir que possédait son grand-père, aurait-il pu agir comme lui ?
Je suis un non-Juif et le petit-fils du plus grand meurtrier du peuple juif – et je suis sauvé par un Messie juif.
Après avoir lu la Bible en entier, Kai rencontre un chrétien qui l’invite à prendre un café, puis, après des mois d’échanges, qui lui propose d’aller à l’église. Petit à petit, il décide de renoncer à sa vie de plaisirs et se tourne vers la foi chrétienne. Il se fait baptiser à Pâques en 1989. Aujourd’hui, il est marié et père de quatre enfants. Il vit en Allemagne, un pays qui lutte pour s'assurer qu'un fléau tel que l'Holocauste ne se reproduise plus jamais, mais qui a connu ces dernières années une montée inquiétante de l'antisémitisme.
Devenu pasteur à l'Église biblique de Stuttgart, Kai explique la Bible à tous ceux qui souhaitent l’apprendre. C'est la Bible, a-t-il déclaré dans l'interview avec Van Maren, qui offre la plus grande résistance à la montée de l'antisémitisme. "Dieu est fidèle à son peuple", affirme-t-il. "Je suis un non-Juif et le petit-fils du plus grand meurtrier du peuple juif – et je suis sauvé par un Messie juif."