59 prêtres ont été tués au Mexique depuis 1990. C'est ce que révèle le Centre catholique multimédia (CCM) dans un rapport publié le 9 décembre 2024. Dirigé par le père Omar Sotelo Aguilar, prêtre du diocèse de Teotihuacán (près de Mexico), ce centre documente les attaques commises contre les biens et les personnes catholiques au Mexique.
Quelques mois plus tôt, ce même centre révélait déjà que 4.800 agressions contre des religieux avaient été recensées sur les six dernières années et 26 église profanées chaque semaine. Cette fois-ci, le rapport recense l'ensemble des agressions subies par les prêtres, évêques, laïcs et autres religieux du pays, qui subissent de plein fouet le climat de violence instauré par les cartels, faisant du Mexique l'un des pays les plus dangereux du monde pour le clergé. De 1990 à 2024, ce sont donc 59 prêtres, un cardinal, un diacre, quatre religieux et neufs laïcs qui ont été tués dans l'exercice de leur ministère. Deux prêtres ont également disparu depuis plus de dix ans. Agressions physiques, vols, séquestrations plus ou moins longues, menaces et intimidations... Le clergé est pris à partie quotidiennement.
Si certains ont été les malencontreuses victimes collatérales de la guerre que se livrent les gangs de criminels, à l'image de Fray Juan Antonio Orozco Alvarado, tué en 2021 après s’être retrouvé entre les feux de deux gangs rivaux, beaucoup d'autres sont directement visés en leur qualité de prêtre, relève le rapport. Le cas le plus récent est celui de l'assassinat du père Marcelo Pérez Pérez. Connu pour son engagement pour les droits humains et sa dénonciation du narcotrafic, il avait été tué le dimanche 20 octobre 2024 dans l'État du Chiapas au sud-est du Mexique. Ses meurtriers ont attendu qu'il monte dans sa voiture avant de faire feu à travers la vitre, le tuant sur le coup. "Que son sacrifice, comme celui d'autres prêtres tués pour leur fidélité au ministère, soit une semence de paix et de vie chrétienne", avait déclaré François lors de l'Angélus fin octobre. En 2019, le père José Martin Guzman Vega, curé de la paroisse Cristo Rey de la Paz, était agressé à l'arme blanche sur le seuil même de son église. Âgé de 55 ans, il est mort à l’hôpital des suites de ses blessures.
Message épiscopal
Les évêques et les cardinaux, loin d'être à l'abri en raison de leur statut, sont eux aussi touchés. En 1993, Mgr Juan Jesús Posadas Ocampo, évêque de Guadalajara, était sauvagement assassiné sur le tarmac d'un aéroport. Il avait pris à maintes reprises position contre les narcotrafiquants. L'enquête n'a pour le moment pas déterminé si le meurtre avait été prémédité ou non, laissant une blessure ouverte dans l'histoire de l’Église au Mexique.
Face à l'insécurité permanente, le gouvernement mexicain en fait trop peu, critique le rapport : outre les nombreux crimes commis contre l’Église demeurant impunis, la collusion entre certains fonctionnaires et membres des forces de sécurité avec les groupes criminels renforce la corruption et le sentiment d'impunité. Le jour même de la publication de ce rapport aux chiffres alarmants, l’Église catholique au Mexique a adressé un message aux différents cartels qui sévissent dans le pays afin de les inciter à la trêve. "Puisse le message de Guadalupe motiver pour que le 12 décembre prochain soit la date à laquelle les armes seront réduites au silence", ont ainsi écrit les évêques mexicains.
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