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Dans ses intentions du mois de novembre 2024, le pape François confie à la prière de ses fidèles tous ceux qui ont connu l’indescriptible souffrance de la perte d’un enfant. Dans cette situation — on ne peut la mettre au passé — se mêlent de façon paradoxale la croix et la lumière. Je vous confie ce témoignage douloureux et si riche d’espérance.
Cette petite lumière qui vient de l’infini
Je commence par la lumière. Je fais appel à toi, l’enfant trop vite disparue, à toi aussi mon lecteur, que tu sois jeune ou vieillissant, que tu aies des années d’expériences, de joies et de douleurs ou que tu t’éveilles à ce monde plein de promesses. Regarde la lumière. Pas celle du soleil, elle va t’éblouir. Elle est trop proche, trop vive. Regarde les étoiles. Dans la nuit noire, prend le temps de t’arrêter, assieds-toi, même s’il fait un peu froid. Lève la tête et regarde. Que vois-tu ? Les étoiles.
Tu vois la lumière qui t’arrive de loin, si loin que tu ne sais pas compter combien de temps, combien de milliers, de milliards de kilomètres a été parcouru par ce faible rayon qui vient illuminer jusqu’au fond de ton œil. Tu mélanges d’ailleurs l’espace et le temps et l’on compte en années-lumière. Moi, non, je t’avoue que cela me dépasse. Savoir que notre galaxie comprend des milliards d’étoiles et qu’il y a des milliards de galaxies dans l’univers va au-delà de ma compréhension, de la tienne aussi. L’intelligence humaine ne peut pas comprendre, ne peut pas concevoir cet infiniment grand. La petite lumière qui vient jusqu’à toi en un beau ciel d’été a parcouru le temps et l’espace comme d’autres petites lumières et toutes forment un défi au temps, elles créent un espace infini, elles éclairent l’univers dans une dimension qui échappe à l’homme, pauvre être fini dans ce monde en constante extension.
Une fulgurance dans l’éternité
Alors que tu sois enfant, que tu aies vécu deux années et deux mois comme toi, ma fille ou que tu sois — toi mon lecteur — dans la force de ta jeunesse ou un vieillard centenaire, qui es-tu par rapport au temps, qui es-tu si ce n’est une fulgurance, un instant ? Et pourtant tu es là, ma fille, tu es là, mon lecteur présent, aimant et aimé, et tu as au fond de toi-même la certitude que tu défieras la mort, que tu seras éternel et que tu comptes dans ce monde, dans cet univers infini. Tu as la foi et tu connais cet instant dans l’histoire, le moment unique et fondateur, la montée vers le Golgotha, la croix. Trois jours pour sauver le monde par la croix et l’éternité dans la foi. Avoue que c’est complètement fou. Aucune raison ne saurait soutenir qu’un homme de 33 ans périssant condamné sur une croix, sauve pour toute éternité les hommes de notre univers. Aucune logique pour que cet instant dans l’histoire défie l’immensité et l’infini !
Cette fulgurance s’oppose à l’immensité du temps et de l’espace parce qu’elle crée une lumière plus infinie, plus dense, plus constante, éternelle et vive, celle de la Résurrection. Pâques nous donne une dimension qui nous fait tutoyer l’univers-frère, comprendre l’infini et mesurer à la fois notre petitesse et notre grande lumière, celle de notre frère-Christ, mort et ressuscité pour nous sauver.
L’instant de la croix
La croix est un instant, la lumière est signe de notre vie éternelle. Croix sans lumière ne serait que martyre et désespoir, lumière sans croix serait l’orgueil de Lucifer. La croix est un instant dans l’histoire, la lumière est éternité. La lumière, c’est l’infini, la croix, c’est l’instant de l’amour infini.
Quelle étrange moment : évoquer la croix et la lumière en parlant de toi, ma fille chérie, de toi qui fus notre joie, immense joie d’homme et de femme, immense bonheur de tes frères. Tu nous as quittés après de longs mois de maladie alors que tu n’avais que deux ans et quelques mois. Bien sûr, ton départ fut une douleur inexprimable, ton absence est une larme de chaque jour. L’instant de notre croix est cependant vaincu par la lumière et pour toujours, ta présence dans nos cœurs est chaque jour une lumière.
"Tu es rayon de lumière"
Oui, tu es présente à chaque instant parce que tu es rayon de lumière. Tu veilles sur ta chère maman qui s’angoisse si souvent. Tu veilles sur tes frères et les guides dans leur vie d’homme, de mari et de père, tu veilles sur ces jeunes familles et tous ceux qui t’aiment. Tu m’assistes ou plutôt tu me portes à chaque instant. Tu es là. Ta lumière d’enfant faiblissait de jour en jour, vacillait puis s’est éteinte. Ta lumière d’enfant de Dieu rayonne chaque jour. Elle est dense, chaude, elle est attentive, console et nous éveille. Pas de croix sans résurrection, pas de larmes sans lumière, même celles qui ne se sèchent pas. Elles brillent de la clarté de l’espérance. Tu le sais bien, ma grande, tu as pris de l’avance et c’est toi qui nous accueilleras tous, dans tes bras, avec la Sainte Vierge que nous invoquons… "maintenant et à l’heure de notre mort". Quelle belle perspective tu nous donnes, comme elle est difficile à porter pour les pauvres hommes que nous sommes.