separateurCreated with Sketch.

Comment annoncer l’arrivée d’un bébé à son enfant ?

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Morgane Afif - publié le 07/09/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Que l’écart soit de quelques mois ou de quelques années, annoncer l’arrivée d’un nouveau bébé à son enfant n’est pas toujours une mince affaire. Véronique Lemoine Cordier, psychologue et psychothérapeute, livre pour Aleteia ses précieux conseils.

Trop petit pour comprendre, colérique ou capricieux : nombreux sont les parents qui, sans penser à mal, n’annoncent pas l’arrivée d’un nouvel enfant à leurs aînés. Erreur ! martèlent les spécialistes de la petite enfance : les enfants, mêmes très jeunes, perçoivent le bouleversement qui s’apprête à venir chambouler la vie familiale. Si leur comportement change et que les cris et les pleurs deviennent récurrents, ce n’est pas une question de méchanceté ni de caprice, mais un besoin impératif d’être rassuré par ses parents. “Ce n’est pas la même chose d’annoncer à un premier qu’il va y avoir un deuxième que d’annoncer à un troisième qu’il va y avoir un quatrième, prévient d'ores et déjà Véronique Lemoine Cordier, psychologue et psychothérapeute spécialiste de la petite enfance. Le premier est le seul à avoir reçu l’attention de ses parents pour lui tout seul : il risque d’avoir plus de difficultés à partager que pour un cadet qui, de toutes manières, a toujours eu à le faire”. Plus l’enfant précédent est jeune, moins il peut se représenter l’événement d’une nouvelle naissance et tant que le bébé n’est pas là, c’est très difficile pour l’aîné de l’imaginer. 

Trouver les mots pour parler à ses enfants

“La règle numéro 1, explique à ce titre Véronique Lemoine Cordier, c'est que dès qu’une maman se sait enceinte, il faut tout de suite le dire à son ou ses enfants, même s’ils sont tout petits et même s’il y a encore risque de fausse-couche”. Ainsi, si la grossesse s’arrête, les parents pourront expliquer simplement à leur ou leurs enfants que le bébé n’a pas pu grandir, que ce n’est pas de leur faute et que sa vie se poursuit d’une manière différente. “Un enfant qui sent qu’une vie commence mais à qui on ne dit rien, si cette vie ne va pas à son terme, peut ressentir une culpabilité immense qui s’exprimera d’une manière ou d’une autre” prévient la psychologue. Ainsi, avant même un an, “les petits enfants perçoivent très souvent l’arrivée de cette nouvelle vie et le disent à leur manière, que ce soit par un sommeil ou une alimentation qui se détériorent, par exemple”. 

Les petits enfants perçoivent très souvent l’arrivée de cette nouvelle vie et le disent à leur manière, par un sommeil ou une alimentation qui se détériorent, par exemple.

Quel que soit l’écart entre deux enfants, les réactions vont être très différentes : non pas en fonction de l’âge, mais du tempérament de l’enfant précédent. “Certains enfants, du jour au lendemain, deviennent méconnaissables, prévient la psychothérapeute. C’est particulièrement le cas des enfants hypersensibles”. Même si tous les enfants ne vont pas nécessairement changer de comportement, il faut tout de même parler de ce petit bébé qui arrive. “Si le grand ne semble pas réagir, ce n’est pas parce qu’il n’a pas saisi, mais qu’aujourd’hui les choses se passent bien. Certains vont se manifester dès le premier jour de la grossesse, d’autres à l’apparition du ventre ou au moment où la maman est fatiguée et ne fait plus autant de choses qu’avant, à la naissance ou encore au retour à la maison. Pour d’autres, encore, ce sera nettement plus tard, quand le plus petit commencera à interagir avec lui. Il n’y a pas de règles, tout est possible, d’où l’importance d’annoncer la grossesse le plus vite possible”.

En parler le plus tôt possible

C’est le choix qu’a fait Violaine pour la naissance de son deuxième enfant : “J’avais préparé à notre aîné un petit livre cartonné avec des photos de sa naissance quand nous lui avons annoncé qu’il serait grand-frère. Ensuite, j'en parlais régulièrement mais sans insister. Il n’avait pas du tout l’air concerné et je me demandais même s’il comprenait tellement c'était pour lui un non-événement”. La rencontre, elle, s’est très bien passée : “Notre grand avait 18 mois à la naissance de notre deuxième et je ne sais pas si c'est le fait de lui en avoir parlé ou son caractère mais tout s’est passé à merveille. Deux ans plus tard, il n'y a toujours pas une once de jalousie entre eux.”

“Ce qui est primordial, complète la psychologue, c’est de bien expliquer aux enfants comment fonctionne l’amour d’un papa et d’une maman, en utilisant des mots simples, comme : ‘L’amour de Papa et Maman est immense, il y a un cœur rempli d’amour pour toi et depuis que ce petit bébé commence à grandir dans le ventre de Maman, il y a un autre cœur, de la même taille mais complètement différent, rempli d’amour pour lui’.” Pour rendre l’image plus visuelle, Véronique Lemoine Cordier n’hésite pas à utiliser des post-it en forme de cœur où elle inscrit le prénom de chacun pour montrer que chaque enfant a sa place dans le cœur de ses parents et qu’il y a autant d’amour pour tous les frères et sœurs. S’il est primordial de parler de cette naissance en famille, “c’est une fois le bébé arrivé qu’il faudra redoubler de vigilance, prévient la psychologue. C’est d'autant plus important en cas de grossesse gémellaire : l’enfant qui précède des jumeaux se sentira doublement délaissé car tout est multiplié par deux. 

Expliquer la différence entre l’amour et les signes d’amour 

Les jeunes enfants confondent souvent les signes d’amour, comme les câlins, les bisous, les jeux, et l’amour lui-même. Pour eux, devenir grand frère ou grande sœur, c’est recevoir moins de ces signes : “Le risque, alors, souligne la psychologue, est que l’enfant croie qu’il reçoit moins d’amour”. Dès le retour à la maison, avec le nouveau-né, les parents peuvent alors prendre le temps d’expliquer à leur grand qu’il a le droit d’être triste de recevoir moins d’attention, mais que cela n’enlève rien à l’amour qu’ils lui portent et que chacun de ses deux parents continue de l’aimer tout autant qu’avant. “Il faut aussi veiller à garder des moments privilégiés avec le grand, seul à seul et montrer que moins de signes ne veut pas dire moins d’amour”. Le cerveau d’un tout-petit est trop immature pour décoder les sentiments : “S’il sent ses parents inquiets, tristes ou en colère, comme il ne sait pas quelle en est la raison, il pense que c’est de sa faute et qu’il est moins aimé. Il est très important de mettre des mots sur ses propres émotions et de rassurer son enfant en lui redisant son amour”. 

Il ne faut pas non plus rendre trop présent ce petit bébé qui n’est pas encore visible, d’autant que plus l’enfant est petit, moins il peut se représenter les choses.

Amélie se souvient de la naissance de son fils : “J’avais préparé les affaires du bébé avec ma fille aînée et c’est elle qui avait choisi son doudou, je trouvais que c’était un bon moyen de préparer concrètement la naissance”. Une fois à la maternité, la jeune mère explique avoir accroché au-dessus de son lit et du berceau de leur fils plusieurs photos de son aînée, avec elle et son mari : “De cette manière, elle a pu voir en arrivant à l’hôpital qu’elle était toujours aussi importante pour nous malgré l’arrivée d’un autre bébé”. Si des outils comme des poupées ou des livres peuvent compléter ce que les parents expliquent à leur enfant, cela reste secondaire : la parole est primordiale. “Il ne faut pas non plus rendre trop présent ce petit bébé qui n’est pas encore visible, d’autant que plus l’enfant est petit, moins il peut se représenter les choses”. Si, une fois le bébé né, la jalousie demeure vive et l’agressivité forte, “il ne s’agit pas de punir mais de décoder” prévient la psychothérapeute. Ainsi, un enfant “a le droit d’être furieux qu’un autre enfant soit arrivé dans la famille, mais il n’a pas le droit de l’abîmer : un enfant qui tape son petit frère ou sa petite sœur ne veut pas lui faire du mal, ce n’est pas un enfant méchant, ni un enfant violent, mais c’est un enfant qui souffre”. 

Pratique

Je rassure mon tout-petit, Véronique Lemoine Cordier, Quasar, juin 2020
Guide de survie à l’usage des jeunes parents, Véronique Lemoine Cordier, Quasar, décembre 2013
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)