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Le grand désir qui habitait Édith Stein

Edyta Stein

Édith Stein.

Didier-Marie Golay - publié le 08/08/24
C’est un grand désir de cohérence qui conduisit Édith Stein (1891-1942) à devenir sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix. Pour son biographe, le frère carme Didier-Marie Golay, la grâce que nous pouvons demander à la sainte carmélite morte à Auschwitz est celle de l’authenticité. L’Église la fête le 9 août.

Le 9 août, anniversaire de sa mort à Birkenau II-Auschwitz, l’Église célèbre sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Édith Stein. Née dans une famille juive, la jeune fille se déclarait libre penseuse. Elle entre en philosophie, plus exactement en phénoménologie, comme on entre en religion, se donnant totalement à cette discipline dans une recherche dévorante de la vérité. À travers le témoignage de son amie protestante Anna Reinach, lors de la mort de son mari philosophe au front en 1917 et à celui de sainte Thérèse d’Avila, par la lecture du Livre de la vie, en 1921, elle comprend que la vérité qu’elle cherchait, c’est Quelqu’un : le Christ Jésus. 

La grâce de l’authenticité

Édith reçoit le baptême dans l’Église catholique le 1er janvier 1922. En 1933, les lois du régime hitlérien lui interdisent tout enseignement. Elle décide alors de répondre à l’appel perçu lors de son baptême et entre au Carmel de Cologne le 15 octobre 1933. Elle est arrêtée, avec sa sœur Rosa et beaucoup d’autres, le 2 août 1942. Arrivée à Birkenau-Auschwitz, le 9 août, elle est immédiatement assassinée. Canonisée le 11 octobre 1998 à Rome, elle est déclarée co-patronne de l’Europe par le pape Jean Paul II un an plus tard, le 1er octobre 1999.

Les anciens avaient l’habitude d’attribuer aux saints des "spécialités", des "grâces particulières". La grâce que nous pouvons demander à sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix est sans doute celle de l’authenticité. Le jour de sa prise d’habit, 15 avril 1934, son "cher Maître", Edmund Husserl dit ces simples mots : "En elle, tout est authentique." C’est vers cette authenticité de l’être qu’elle veut mener ceux qui s’approchent d’elle.

Une unité intérieure

Dans ses souvenirs d’enfance, Vie d’une famille juive, elle décrit sa manière de vivre : "Il y avait cependant un monde caché au plus profond de moi. Ce que je voyais et entendais au cours de la journée y était comme assimilé et médité." Ces frères et sœurs la surnommeront  "le livre aux sept sceaux". Plus loin, elle explique : "Je ne pouvais pas agir tant qu’une impulsion intérieure n’était pas présente. Les décisions surgissaient d’une profondeur que je ne connaissais pas moi-même. Lorsqu’une de ces décisions était une fois apparue au grand jour dans ma conscience et avait pris une forme définie dans ma pensée, je ne me laissais plus arrêter par rien ; j’avais même une sorte de plaisir sportif à atteindre un objectif apparemment impossible."

Déjà, avant sa rencontre décisive avec le Christ Jésus, nous pressentons une unité intérieure, une cohérence entre la pensée, l’agir et la vie. Ayant reçu le baptême, elle approfondit cette cohérence et se "rebelle" auprès de son ami, le philosophe polonais Roman Ingarden (1893-1970) qui lui a semble-t-il reproché de trop parler du Christ dans ses lettres (Lettre du 13 décembre 1925) :

Si le Christ est le centre de ma vie et l’Église du Christ ma patrie, comment ne me serait-il pas difficile d’écrire des lettres où je dois éviter soigneusement de rien laisser transparaître de ce dont mon cœur est plein pour ne pas susciter d’attaques, ni de sentiments belliqueux contre ce qui m’est cher et sacré ? Je dois dans arrêt écrire de telles lettres pour ma famille et je dois vivre ainsi quand je suis à la maison, c’est ce qui me pèse le plus.

Son « être vrai »

Nous percevons bien dans ces quelques mots son désir d’être en cohérence avec ce qu’elle pense et ce qu’elle vit tout en respectant profondément les autres, tout spécialement sa mère Augusta. Mais c’est sans doute dans le texte qu’elle écrit le 18 avril 1938, lors de la retraite de préparation à sa profession perpétuelle que se manifeste le mieux son désir de cohérence. Elle s’adresse à la Vierge Marie et en ce mois d’août, nous pouvons nous aussi en faire notre prière : "Je sais que ce que j’ai dit et écrit sur la vérité m’engage très sérieusement. Rappelle-le moi toujours lorsque je glisse de l’être vrai dans le paraître."

Pratique :

Centrer sa vie sur le Christ avec Édith Stein, Didier-Marie Goley, Éditions du Carmel, 2024, 15,90 euros.
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