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À Paris, l’église Saint-Étienne-du-Mont occupe une place prestigieuse, puisqu’elle a été construite accolée à l’église Sainte-Geneviève, sur la montagne éponyme, devenue trop petite pour accueillir tous les pèlerins venus vénérer les reliques de la sainte protectrice de Paris. Depuis, l’ancienne église Sainte-Geneviève a été détruite. Les reliques de la sainte ont été transférées à Saint-Étienne-du-Mont.
L’élément le plus remarquable de cette église reste son jubé. Construit au début du XVIème siècle, il est exceptionnel car le seul subsistant à Paris. Au Moyen Âge, le jubé est une séparation entre le chœur, où se placent les religieux et les chanoines, et la nef où se tiennent les laïcs. Il sert aussi de tribune d’où est proclamée la Parole de Dieu. Il se présente ainsi comme une passerelle construite entre deux piliers. Le nom de jubé correspond d’ailleurs au début de la prière adressée au célébrant par le diacre avant de lire l’Évangile : "Jube, domine, benedicere…" : "Daigne me bénir, Seigneur…". Les premiers jubés datent du XIIe siècle. Ce type de plateforme était courant dans les églises, jusqu’au XVIe siècle.
Un jubé qui aurait dû disparaître…
Lors du concile de Trente, la volonté de rendre le déroulement de la messe visible pour tous se fait plus forte. Afin d’ouvrir le chœur sur la nef, les jubés commencent à être détruits. Ils disparaissent presque tous au XVIIème siècle, progressivement remplacés par des chaires destinées aux homélies. Autant dire que celui de Saint-Étienne-du-Mont fait figure de rescapé. Il a cependant failli être démoli au XVIIIe siècle à la demande des paroissiens, dans un souci de moderniser leur église. C’est peut-être la perspective d’une perte de revenus pour la paroisse qui a sauvé le jubé : des particuliers louaient en effet des emplacements sur la tribune !
Le décor du jubé, construit au milieu du XVIe siècle, est de style Renaissance. La balustrade est un entrelac de dentelle de pierre, sculpté dans du calcaire de Saint-Leu. Deux escaliers à claire voie s’enroulent autour des piliers. Une galerie, élément plutôt inhabituel, prolonge le jubé de chaque côté du chœur. À l'origine, la coursive servait, lors des fêtes, à accrocher des tapisseries illustrant la vie de saint Étienne.
Côté nef, la plateforme repose sur une arche "en anse de panier" large de neuf mètres. Côté chœur, ce sont trois arches qui la soutiennent. De chaque côté de la plateforme est sculpté une femme, allégorie de la Renommée. L’une tient des rameaux d’olivier, à droite, une autre présente une couronne de feuilles de chêne, à gauche. Elles ont remplacé les anges portant les clous de la Passion et la couronne d’épines. Les symboles chrétiens ont été substitués par ceux de la République pendant la Révolution française. Le jubé garde ainsi les traces de la période pendant laquelle l’église a été transformée en temple de la Piété filiale, à l'usage d'un nouveau culte, la théophilanthropie. Elle sera rendue à ses fonctions d'église paroissiale en 1801. Mystère non encore élucidé, on ignore toujours l’auteur de ce chef-d’œuvre, alors que le nom de la plupart des artisans qui ont participé à la construction de l’église sont connus.