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[HOMÉLIE] Au milieu de nous, le règne de Dieu s’avance “on ne sait comment”

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Marc Dumoulin - publié le 15/06/24
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Curé de la paroisse Notre-Dame de Vincennes, le père Marc Dumoulin commente les lectures du 11e dimanche du temps ordinaire. Si magnifique et si banal, le règne de Dieu est au milieu de nous. Inexorablement, il s’avance « on ne sait comment ».

Qu’y a-t-il qui semble plus ordinaire que la nature, et qui soit en même temps pour nous une intarissable source d’étonnement et d’admiration ? Déjà, les Anciens en Orient s’émerveillaient de la semence qui germe et grandit sans que l’on sache comment, devenant herbe puis épi, un épi bientôt rempli de grains. De nos jours encore, malgré les progrès de la science visant à expliquer les mécanismes de la croissance végétale, la fragile beauté d’une plante qui pousse ou d’une fleur qui éclot reste un inépuisable motif d’émerveillement. Émerveillement inexpliqué que quelque chose d’aussi beau advienne.

« Au milieu de vous »

C’est admirable, et en même temps si terriblement habituel. Seul un regard plein d’attention, de reconnaissance et d’amour, s’en enthousiasme encore. Voilà ce que dit l’Évangile au sujet du règne de Dieu : il est magnifique, et en même temps si banal d’apparence que l’on peut vivre en y restant indifférent, comme s’il n’existait pas. Le règne de Dieu, le Royaume, se distingue radicalement de nos visions trop humaines de la souveraineté. Le Royaume est puissant et se suffit en lui-même. En même temps, ses apparences restent modestes, parfois même secrètes, pour ne pas dire négligeables. Cependant, son avancée et sa croissance, qu’on les discerne ou qu’on les ignore, sont inexorables. Le Royaume s’approche de nous, bon gré mal gré, même si nous nous en croyons éloignés ou que nous nous en tenons distants.

C’est dans ces villes que, malgré les obstacles et nos aveuglements, ce règne est amené à croître inexorablement comme grandit une graine en apparence quelconque.

La vie dans nos villes et nos cités, où prédominent béton et bitume, paraît souvent étrangère aux manifestations végétales et champêtres dont parle l’Évangile. Il n’empêche, c’est là aussi que « le règne de Dieu est au milieu de vous », dit l’Écriture. C’est dans ces villes que, malgré les obstacles et nos aveuglements, ce règne est amené à croître inexorablement comme grandit une graine en apparence quelconque.

On ne sait comment

Certains parmi nous ont fait l’expérience des maisons d’Évangile, ces petits groupes informels où l’on se rassemble pour partager ce que chacun entend de la Parole du Seigneur : au milieu des terres arides que représentent nos cités, ces hommes et ces femmes à l’écoute se lèvent comme ce semeur qui a jeté en terre la semence et en guette la croissance. Cette semence de l’Évangile, est semée jusque par-dessus les terre-pleins de nos immeubles, un terrain où souvent on ne l’attendait pas. Une fois reçu comme la Bonne Nouvelle, il transfigure l’existence de ceux qui l’accueillent, et peinent ensuite à s’en passer. Un Évangile transmis qui se répand telle une contagion bienfaisante et salutaire dans un monde qui lui semblait hostile.

N’attendons pas les apparences d’un résultat manifeste pour poursuivre notre mission.

Nuit et jour, semeurs et ensemencés, dorment puis se lèvent. La Parole germe et grandit dans les cœurs, et les transforme, on ne sait comment (Mc 4, 27). La semence petite, minuscule, infime, deviendra bientôt un grand arbre où se réfugieront tant d’espèces d’oiseaux menacées et fragilisées, à la façon dont l’Église, peuple de croyants, offre un abri, une place à ceux qui se sentent rejetés, une famille à ceux qui manquent de famille. Le disciple de Jésus n’a pas à s’appuyer d’abord sur son expertise ou son savoir-faire : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs », dit le psaume. Il lui revient plutôt de s’abandonner dans la confiance en la force vitale du Seigneur, force faible, cachée et pourtant inexorable de sa Parole agissante. 

Des graines ordinaires

N’attendons pas les apparences d’un résultat manifeste pour poursuivre notre mission. Observons et admirons : il faut du temps pour que la semence broyée devienne herbe, et plus tard épi gorgé de grains. Prêtons attention aux petits pas des gens humbles et ordinaires. C’est ainsi que Dieu travaille, à petits pas, avec des gens modestes, en quête d’une sainteté ordinaire. Des graines ordinaires aujourd’hui, et qui demain deviendront de grands arbres. Madeleine Delbrêl y invitait : si Dieu est partout, alors veillons à ne pas être ailleurs.

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