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Heureux l’apôtre, Marie-Eugène de l’Enfant Jésus

NOTRE-DAME DE VIE

Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus (1894-1967), fondateur de l’Institut Notre-Dame de vie.

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Françoise-Emmanuelle Doron - publié le 11/04/24
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Fondateur de l’institut Notre-Dame de Vie, le père Marie-Eugène, a été béatifié en 2016. Ce grand maître contemporain de la spiritualité carmélitaine a été toute sa vie habité par le cri des "âmes qui cherchent Dieu". Pour ce théologien missionnaire, l’apôtre véritable est celui qui laisse l’Esprit saint conduire son action en lui.

"La mission, c’est un devoir de baptisé", "l’amour de Dieu n’est pas réservé à un petit groupe seulement mais à tous" : nous en sommes évidemment convaincus… mais peut-être aussi quelque peu tourmentés quand, dans nos paroisses ou mouvements, le discours se fait pessimiste. Une sorte de pression semble peser sur nos épaules, comme si l’avenir de l’Église dépendait de nous ! On cherche alors les moyens les plus efficaces pour rejoindre chacun, trouver le vocabulaire à la mode… et on risque d’en oublier l’essentiel : "On ne croit pas suffisamment à l’Esprit saint qui est en nous." Ce rappel du bienheureux Marie-Eugène, carme fondateur de la famille spirituelle Notre-Dame de Vie, est lumineux pour la mission. Dans son livre Heureux l’apôtre uni à l’Esprit d’amour (éditions du Carmel), il précise le lien entre l’Esprit saint et la mission :

L’Esprit conduit toutes choses, du commencement à la fin, avec force et douceur ; c’est lui le grand, le principal agent. Nous ne sommes que ses collaborateurs, mais il faut croire. Pour qu’il agisse, que demande-t-il ? Il demande que nous croyions à son action, que nous croyions à son action en nous, à son action par nous, à son action dans l’Église.

L’apôtre est cet autre nom, pour le père Marie-Eugène, du "disciple-missionnaire", fréquemment évoqué par le pape François. Ce baptisé qui aimerait partager au monde entier Celui qui le fait vivre. 

Souffrance et joie de l’apôtre

Heureux l’apôtre uni à l’Esprit d’amour, ce titre de livre qui résonne telle une béatitude nous saisit : quelle est cette joie promise aux pêcheurs d’hommes ? Pas celle d’un succès éclatant ! En effet, la réussite de la mission n’est souvent que relative. Le semeur de l’Évangile ne voit-il pas nombre de ses graines tomber dans les ronces ou un sol pierreux ? La mission même du Christ semble avoir été un échec : n’est-elle pas passée par la Croix ? Mais pour le père Marie-Eugène, une certitude : au-delà de nos limites, de nos maladresses dans le témoignage, c’est bien ce mystère du refus de Dieu qui est la grande souffrance de l’apôtre. Souffrance qui rejoint celle de Jésus à Gethsémani. Pourtant, la béatitude annoncée demeure, paradoxale : "L’apôtre, dans sa souffrance est heureux. Il est le plus malheureux et le plus heureux des hommes."

Le plus malheureux, car il souffre de ce refus de l’Amour et porte, avec le Christ, le péché. Mais quelle joie, que Marie-Eugène n’hésite pas à qualifier de "céleste", quand le témoin découvre "les effets de la grâce dans les âmes" ! D’ailleurs, "Notre-Seigneur lui a promis le centuple, il lui est donné : joie de l’intimité avec Notre-Seigneur." Joie de l’intimité avec Jésus, joie de la présence et de l’action de Dieu dans les cœurs, car :

L’Esprit saint est dans l’âme de l’apôtre qui s’est donné à lui avec ses énergies et s’efforce de lui être docile. L’Esprit saint le console, le soutient, et l’apôtre saisit cette présence, cette action à l’intérieur de son âme et à l’extérieur dans ses œuvres. […] L’apôtre trouve dans cette intimité des joies très profondes, des certitudes qui dépassent ses angoisses. 

La récompense de l’apôtre

La récompense de l’apôtre est dans la joie éternelle : "Il semble que, dans le ciel, l’apôtre, qui a travaillé à la construction du Corps mystique, ne jouira pas seulement de la vision de Dieu, mais de la beauté du Christ Total, qu’il aura contribué dans une certaine mesure à réaliser." Oui, heureux l’apôtre uni à l’Esprit d’Amour ! 

Tout cela doit nous faire remercier Dieu de nous avoir appelés à une vocation d’apostolat, de nous avoir choisis. […] Cette gratuité du choix qui éclate devant nos déficiences ou devant les qualités que nous pouvons trouver chez les autres doit nous mettre dans l’humilité et augmenter notre abandon à l’emprise de l’Esprit saint. […] Demandons-lui de nous assouplir afin que nous devenions des coopérateurs parfaits, des instruments dociles, de plus grande valeur humaine pour le Royaume de Dieu. […] Il faut s’appuyer sur ce choix, croire à ce choix d’amour qui nous a rendus agréables à Dieu.

À notre tour, vivons cette béatitude — "Heureux l’apôtre uni à l’Esprit d’Amour" — pour être ces missions dont le monde a besoin !

Pratique

Heureux l'apôtre uni à l'esprit d'Amour, Éditions du Carmel, janvier 2024, 240 pages, 16 euros.
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