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Nos prêtres, des pères eux aussi

PALM SUNDAY

Corinne SIMON/CIRIC

Stéphanie de Lachadenède - publié le 01/01/24

S’il y a bien une chose que nous partageons avec nos prêtres, ce sont les joies et les peines de la paternité. En sommes-nous bien conscients ?

Depuis que l’église n’est plus au centre des villages, depuis les crises récentes, nous avons un peu perdu la spontanéité de nos relations avec nos curés. Pourtant, nous partageons quelque chose d’essentiel avec eux. Comme nous, quand nous avons la grâce de pouvoir être parents, nos prêtres, le jour de leur ordination, deviennent des pères. Ils acceptent ce jour-là de veiller sur un petit troupeau au nom du Christ. Leur mission est de conduire à Dieu les âmes qui leur seront confiées.

Tracas et défis communs

« Ça se voit que vous n’avez pas d’enfants vous ! » Vous avez déjà eu envie de dire une phrase de ce goût-là à votre curé ? Outre l’incompréhension qui ressort de ce probable échange, s’il y a bien une chose que nous partageons avec nos prêtres, ce sont les joies et les peines de la paternité — et de la vie de parents plus généralement. Le ministère du prêtre le place comme un père au milieu de nous. C’est pour eux en paroisse, comme pour nous en famille, une position merveilleuse mais qui peut être aussi terriblement difficile et ingrate.

Il n’y a pas de modèle plus important pour un enfant que celui donné par ses parents. Dans la vie spirituelle des paroissiens, le prêtre incarne ce repère. Les tracas et défis communs que nous partageons avec eux sont nombreux. Quand quelque chose ne va pas, un enfant se tourne toujours vers son père (ou sa mère bien sûr). Il le fait beaucoup moins souvent quand tout va bien. L’exemplarité est un dû pour l’enfant, et celui-ci aura toujours du mal à accepter les faiblesses de ceux qui sont chargés de l’élever. Un parent doit nourrir son enfant, l’avertir des dangers du monde, lui transmettre le savoir qui lui permettra de survivre. Mais notre rôle, comme celui du prêtre sur le plan spirituel, ne s’arrête pas là. Ce que nous essayons de transmettre c’est la capacité à vivre : s’accomplir, s’épanouir, porter du fruit. Nous parlons ici d’élever leurs âmes. C’est-à-dire, leur apprendre à reconnaître qu’il y a plus grand qu’eux, connaître et aimer Dieu et leur prochain. Vouloir le bien. Se laisser aimer.

PRETRE-SORTIE-MESSE

Ils donnent sans retour

Les pères, les mères et les prêtres donnent sans compter à leurs enfants mais ne doivent pas s’attendre à recevoir à hauteur de ce qu’ils ont donné. C’est un des principes de l’amour, il est d’autant plus vrai qu’il n’attend rien en retour. Par amour toujours, nous serons peut-être amenés à faire l’immense effort de laisser nos cœurs ouverts afin de garder un regard bienveillant et miséricordieux sur nos enfants alors même qu’ils choisiront de prendre une mauvaise direction. Quelquefois nos enfants partiront, sans un regard ou un merci. Ils reviendront peut-être. Un père n’a d’autre choix que d’accepter tout cela, dans la douleur sûrement. Mais aussi dans l’espérance que ce qu’il a semé dans le cœur de ses enfants germera un jour ou l’autre. 

Les pères, les mères et les prêtres donnent sans compter à leurs enfants mais ne doivent pas s’attendre à recevoir à hauteur de ce qu’ils ont donné. L’amour n’attend rien en retour.

Nous sommes parents mais nous sommes aussi comme nos enfants lorsque nous regardons nos prêtres. Exigeants. Intransigeants. Pourtant, comme nous, ils ne sont pas infaillibles. Essayons d’avoir le recul nécessaire pour accepter qu’ils ne soient pas parfaits. Parce que dans le fond, ce que nos enfants retiendront, comme ce que nous apprendrons de nos prêtres, viendra de la force de cette intention initiale portée par l’amour : le souci de l’autre. Ce qui rend merveilleuse l’ingrate tâche d’être père c’est qu’elle est bâtie sur le don. Le renoncement à soi-même par amour pour un autre que soi. Et en effet, rappelons-le-nous souvent, nos prêtres depuis le jour de leur ordination, ont vocation à se donner et s’effacer au profit de tous leurs enfants. À l’image de Celui qu’ils servent à travers eux.

L’audace de Dieu : la force des prêtres

Laissons nos prêtres être nos pères avec respect, amitié et reconnaissance. Regardons les pour ce qu’ils sont : des hommes, imparfaits certes, mais suffisamment courageux et aimants pour choisir de s’oublier par amour pour le Christ et par amour pour nous. Et la prochaine fois que nous aurons envie de dire un mot désobligeant, interrogeons-nous donc sur deux choses. Tout d’abord, sommes-nous conscients de la chance inouïe que nous avons d’avoir un prêtre à notre porte ? Combien de chrétiens pourraient nous envier la possibilité quotidienne d’assister à la messe, de pouvoir communier, de recevoir le sacrement de réconciliation, d’échanger avec un prêtre librement et à volonté ?

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Ensuite, qu’en est-il de notre perfection à nous ? Et moi ? Quel père, quelle mère suis-je pour les miens ? Suis-je capable de faire passer avant moi celui-ci de mes frères ou de mes enfants ? Quel enfant suis-je pour mon père ? Quand ai-je demandé à mon curé pour la dernière fois comment il allait ? Me suis-je jamais interrogée pour savoir s’il avait besoin de quelque chose ? Est-ce que je lui propose assez ? Un déjeuner ou un dîner en famille, un peu d’écoute, une sortie de loisirs, un cinéma, un match de foot… de l’aide. Alors à nous, comme à eux d’être le parent miséricordieux de la parabole du fils prodigue. À eux, comme à nous d’habiter dans la joie et la confiance cette immense et douloureuse responsabilité que nous partageons et que nous confie le Seigneur : être père, être mère de Ses enfants. « Dieu se sert d’un pauvre homme pour être, à travers lui, présent pour les hommes et agir en leur faveur. Cette audace de Dieu qui se confie à des êtres humains et qui, tout en connaissant nos faiblesses, considère les hommes capables d’agir et d’être présents à sa place, cette audace de Dieu est la réalité vraiment grande qui se cache dans le mot “sacerdoce” » (Benoît XVI).

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