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Lucie, la sainte de la lumière éternelle

sainte lucie

La dernière communion de sainte Lucie par Véronèse.

Anne Bernet - publié le 12/12/23
Vierge et martyre, Lucie de Syracuse est la sainte de la lumière. Elle est fêtée par l’Église le 13 décembre, le jour anniversaire de sa mort, au moment de l’année où l’heure du crépuscule cesse de progresser.

Au début du IVe siècle, près de Syracuse en Sicile, vivent une riche veuve nommée Eutychia et sa fille unique, Lucia (Lucie). L’île est une des plus riches provinces de l’Empire et les grands domaines agricoles, qui font la fortune de leurs propriétaires, sont très convoités. Malade, souffrant de graves hémorragies, Eutychia se croit mourante, et, inquiète de l’avenir de son enfant, choisit parmi les jeunes aristocrates de la région un mari pour Lucia. Il semble, si l’on se fie aux documents que nous possédons, historiquement peu exploitables mais comportant des détails qui sonnent juste, que Lucia soit chrétienne, mais pas sa mère. Cela arrive, des enfants découvrant la foi grâce à des esclaves ou des amis chrétiens. 

Prudente, Lucia n’a pas avoué sa conversion à sa mère, encore moins osé lui dire, car elle ne comprendrait pas, qu’elle a consacré sa virginité à Dieu. Cela ne l’empêche pas d’aimer tendrement Eutychia et de redouter de la perdre. Aussi a-t-elle l’idée qui lui permettra, si tout se passe bien, de lui avouer sa conversion, de l’emmener sur le tombeau de la martyre Agathe, à Catane, afin d’y implorer sa guérison. 

Une persécution d’une ampleur jamais vue

Eutychia accepte et revient guérie, et convertie, de ce pèlerinage. Lucie peut alors lui expliquer son refus d’un autre époux que le Christ. Reste à rompre ces fiançailles malencontreusement orchestrées par sa mère. Eutychia s’y emploie et, provoque la fureur du promis éconduit, peut-être épris de Lucia, fort belle, mais plus sûrement amoureux de son héritage, comme le prouve la suite de l’histoire…

Nous sommes en 303 et, depuis quelques mois, l’empereur Dioclétien a déclenché une persécution générale contre les chrétiens, d’une ampleur jamais vue et qui prétend les anéantir à jamais. Ces flambées de violence étant brèves, d’ordinaire, les autorités locales ont rechigné à appliquer l’édit mais l’empereur, quittant sa capitale de Nicomédie, vient d’arriver à Rome pour célébrer ses vingt ans de pouvoir et, ne voulant pas lui déplaire, l’on va soudain faire du zèle anti-chrétien. Le fiancé de Lucia en profite pour la dénoncer comme chrétienne au magistrat local en charge de la répression, Pascasius, qui la défère à son tribunal. Dénonciateur, l’ex-fiancé, si Lucia est condamnée, pourra, comme la loi le prévoit, récupérer la fortune qui allait lui passer sous le nez… 

La pesanteur absolue

Sommée d’abjurer, Lucia refuse, bien entendu. Alors, comme les juges ont compris que les chrétiennes craignent moins la mort que le déshonneur, il la condamne à une peine si infamante que certaines, mal éclairées, pour sauver leur virginité, abjurent, en effet : le lupanar. Bien instruite de sa foi, Lucia pourrait répondre, comme d’autres martyres ses contemporaines : "À quoi me servirait-il de demeurer vierge pour mon Dieu si, pour le rester, il me faut d’abord le renier ?" Le Christ va se charger de protéger sa pureté. À l’instant où les gardes veulent l’entraîner vers la maison de prostitution, impossible, même en s’y mettant à plusieurs, de la faire bouger : on dirait que cette frêle jeune fille pèse plusieurs tonnes. Il ne s’agit pas d’une pieuse affabulation mais d’un phénomène mystique rare : la pesanteur absolue. Dieu permet parfois qu’une personne ou un objet devienne si lourd qu’il soit impossible de le déplacer. C’est arrivé à la carmélite Marie-Madeleine de Pazzi, et à sainte Bernadette, entre autres.

Sa fête correspondant au moment de l’année où l’heure du crépuscule cesse de progresse.

Consterné de la vanité de ses efforts, exaspéré des  ricanements de l’assistance, Pascasius inflige alors à Lucia l’horrible supplice de l’ébouillantement à la poix fondue que la martyre, en extase, ne semble pas sentir. Il ordonne de l’égorger. La loi autorise le bourreau à porter trois coups. Déconcerté par les phénomènes dont il est témoin, l’homme ne parvient pas à tuer la jeune fille et la laisse agonisante au sol. C’est alors qu’un prêtre témoin de la scène s’approche de Lucia et lui donne la communion. À l’instant où elle reçoit l’hostie, la martyre expire doucement. On est le 13 décembre 304.

La lumière renaissante

Patronne de Syracuse, Lucia connaît vite une immense popularité. On l’invoque pour arrêter les hémorragies et pour les problèmes ophtalmiques. Est-ce en en raison de son prénom, qui signifie Lumière ? À cause d’un ajout tardif à sa passion, selon lequel les bourreaux lui auraient arraché les yeux ? On ne sait. Ce qui est sûr, c’est que sa fête correspondant au moment de l’année où l’heure du crépuscule cesse de progresser même s’il faut attendre le solstice d’hiver pour que les jours rallongent, Lucie est associée aux célébrations de la lumière renaissante.

Transportées à Constantinople, ses reliques en ont été rapportées par les Vénitiens après le sac de la capitale byzantine en 1204. L’église qui lui était dédiée a été démolie à la fin du XIXe siècle pour construire la gare de Venise, Santa-Lucia. Les reliques de la martyre peuvent être aujourd’hui vénérées à San-Geremia, autre sanctuaire de la Sérénissime, à Syracuse, mais aussi à Metz.

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