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Mgr Josaphat Kocylosvkyj, martyr ukrainien du XXe siècle, mort pour sa fidélité à Rome

Joseph-Kocylovskyj

Joseph-Kocylovskyj.

Anne Bernet - publié le 16/11/23
Fidèle à sa patrie ukrainienne et à l’Église de Rome, Mgr Josaphat Kocylosvkyj est un martyr du XXe siècle, mort pour avoir refusé de rompre son lien avec le Pape de Rome. L’Église le fête le 17 novembre.

Si nous sommes tous tributaires de l’époque et du pays qui nous voient naître, des événements qui marqueront notre vie, certains en subissent plus que d’autres les retombées, parfois de façon dramatique. Tel est le cas de Josaphat Kocylosvkyj, béatifié par Jean Paul II en 2001 et qui souffrit jusqu’à la mort pour demeurer fidèle à ses racines ukrainiennes et surtout à Rome et au catholicisme. Lorsqu’il naît, le 3 mars 1876, son village natal de Pakoszoka en Galicie se trouve dans la partie de la Pologne rattachée à l’Empire austro-hongrois. 

Gréco-catholique et ukrainien

Cependant, cette appartenance territoriale ne rend pas compte des sentiments profonds de ses populations qui se sentent avant tout ukrainiennes et qui, appartenant à l’Église grecque catholique, sont rejetés aussi bien par les catholiques que par les orthodoxes. Il est prémonitoire que ses parents lui donnent au baptême pour patron saint Josaphat, martyrisé au XVIIe siècle précisément pour les mêmes causes. Après des études de théologie à Rome, Josaphat est ordonné  prêtre  le 9 octobre 1907, puis aussitôt nommé vice-recteur du séminaire grec catholique de Stanislaviv où il enseigne la théologie. En 1911, il entre dans l’ordre de saint Basile le Grand.

Le 23 septembre 1917, alors que la Première Guerre mondiale fait rage, annonçant la chute des empires russes et austro-hongrois, il est sacré évêque de Przemysl, un diocèse que les traités de paix rattacheront à l’Ukraine. La révolution russe va entraîner dans la région un certain enthousiasme qui pousse certains à réclamer de rejoindre la jeune Union soviétique, idée insupportable à Josaphat, conscient du danger tant pour la culture ukrainienne que pour les croyants. Tout en se consacrant à sa mission d’évêque, spécialement à l’éducation qui lui paraît fondamentale mais aussi à l’aide aux ordres monastiques, il s’investit dans la défense de la langue ukrainienne et l’opposition au mouvement russophile, fondant plusieurs journaux qui en dénoncent les périls.

Envoyé en camp de travail

Les pires inquiétudes du prélat s’avèrent fondées. Il verra l’Ukraine livrée en 1933 aux troupes de Staline qui, par leur politique d’affamement, le tristement célèbre Olodomor, provoqueront la mort de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants, victimes du froid, de dénutrition mais aussi de bataillons d’extermination, préfigurant les horreurs nazies de la Seconde Guerre mondiale. Le règlement du conflit ne soulagera pas son diocèse. Si les Polonais reprennent le contrôle de la région, ils ajoutent désormais à leur peu de sympathie pour les grecs-catholiques la haine féroce du communisme envers les chrétiens, unies pour éradiquer cette Église gênante à tous points de vue.

Ce sont d’ailleurs les Polonais qui arrêtent une première fois Josaphat en septembre 1945, puis, après l’avoir libéré quelques mois, l’incarcèrent de nouveau de 1946 avant de le livrer aux autorités ukrainiennes. Déjà épuisé par les mauvais traitements, le prélat septuagénaire se voit offrir sa liberté s’il revient à l’orthodoxie. Il refuse. Bien qu’atteint d’une pneumonie, il est envoyé au camp de travail de Capaico près de Kiev où il meurt, officiellement d’un accident vasculaire cérébral le 17 novembre 1947, victime de toutes les terreurs et contradictions du monde contemporain.

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