Sous la voûte d’ogives de l’ancienne sacristie du Collège des Bernardins, le temps s’est arrêté. Ils sont quelques-uns, curieux de passage après une conférence ou un cours magistral, à se croiser sous la croisée. Là, dans le bruissement des conversations qui résonnent depuis l’ancienne nef, ils s’émerveillent ou s’interrogent face à ces trésors exhumés des sacristies bien gardées du diocèse.
"Nous n’aurions jamais pensé pouvoir exposer aux Bernardins, explique Caroline Morizot, responsable de la conservation et de l’inventaire de la commission diocésaine d’art sacré et commissaire de l’exposition. Ce sont eux qui nous ont sollicités pour organiser une exposition patrimoniale, en lien avec le quinzième anniversaire de leur création. Très rapidement, le choix s’est porté sur la peinture, tout simplement puisque le dispositif d’accrochage était déjà en place dans l’ancienne sacristie. Il a ensuite fallu sélectionner les œuvres. Le choix s’est fait en équipe au sein de la commission diocésaine d’art sacré, et pour coller à la vocation du Collège des Bernardins, qui est avant tout un lieu de recherche, nous avons rassemblé des tableaux qui ont fait l’objet de redécouverte et d’avancées scientifiques ces cinq dernières années. Je pense notamment à la Visitation de Saint-Hippolyte, auparavant présentée comme une œuvre italienne de la fin du XVe siècle et finalement attribuée à un artiste espagnol du début du XVIIe".
Le parcours, lui, retrace l’histoire des quatorze œuvres présentées, toutes tirées des collections du diocèse de Paris. Mi-décembre, à l’exception de deux d’entre elles, elles retourneront dans les lieux privés d’où elles ont été tirées le temps de l’exposition. Seules la Visitation de Saint-Hippolyte (XIIIe arrondissement de Paris) et l’impressionnante Eglise triomphante de Paolo de Mattéis, originellement présentée dans l’église Saint-François-de-Sales du XVIIe arrondissement de Paris demeureront accessibles au plus grand nombre. Toutes, cependant, sont l’objet de dons ou de legs faits au diocèse. "C’est là la grande richesse et la variété du patrimoine diocésain, souligne Caroline Morizot. Rappelons-le : contrairement aux musées et aux galeries, l’Eglise n’achète pas et n’a pas de politique d’acquisition".
Dans l’ancienne sacristie, architecture et tableaux dialoguent et se rendent un hommage mutuel. Les courbes épurées des voûtes anciennes magnifient les œuvres. Ici, les siècles d’oraison de l’ancienne abbaye cistercienne renvoient l’écho mystique d’œuvres souvent conçues dans la prière. L’accrochage lui-même s’est soumis à l’imposante architecture. "C’est elle qui nous a guidés, poursuit Caroline Morizot : entre les niches et les colonnes, nous n’avions pas tant de liberté". L’ensemble harmonieux ne relève ainsi pas du choix des hommes. Si certaines œuvres sont exposées pour la première fois, d’autres ne sont pas inconnues. On se délecte alors d’y reconnaître le visage de l’envoûtante Sainte Thérèse d’Avila de François Gérard, d’admirer le trait familier de Maurice Denis dans dont Saint Jean l’Evangéliste, de contempler un éblouissant saint Thomas d’Aquin en extase ou encore un Christ portant sa croix du XVe siècle au regard criant de miséricorde et de réalisme.
Découvrez en images les autres chefs-d’œuvre du diocèse de Paris réunis aux Bernardins :
Pratique :
Collège des Bernardins, jusqu’au 16 décembre 2023.
Du lundi au samedi 10h-18h, fermé le dimanche.
Entrée libre sans réservation.