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Tabassé au cri de “Allah Akbar”, le père Jacques pardonne à son agresseur

Nancy France Moselle

Ville de Nancy, France.

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Cécile Thévenin - publié le 24/10/23
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Le père Jacques Bombardier, 75 ans, a été roué de coups à la tête le 19 août à Nancy. Son agresseur, un homme de 34 ans, a été condamné vendredi 20 octobre à 14 mois de prison ferme. La presse locale rapporte les détails du procès et le pardon offert par le prêtre.

Le père Jacques Bombardier, prêtre doyen de l’Oratoire de Nancy, est une figure intellectuelle reconnue en Lorraine. On peut voir ce grand connaisseur d’histoire ecclésiastique et de la spiritualité de grands saints expliquer la pensée de Saint François de Sales en lien avec l’émergence de l’humanisme et du protestantisme sur YouTube, ou bien lire en BD son histoire des chrétiens en Lorraine ou encore son entretien sur saint Philippe Néri pour la presse catholique. L'agression dont il a été victime le 19 août à Nancy en raison de sa condition de prêtre, ciblant sa tête, lui l’érudit, a suscité l’émoi de tous. L’édile socialiste de la ville, Mathieu Klein, réagissait ainsi sur X (ex-Twitter): "Des sanctions fermes s'imposent contre l'agresseur". 

L’opposition municipale et le député de Meurthe-et-Moselle avaient de même exprimé leur émotion publiquement.

Un trentenaire alcoolisé et violent, déjà connu de la police

Le procès qui s’est conclu vendredi 20 octobre, et dont le quotidien L’Est Républicain a rendu compte, apporte des enseignements sur le profil et le périple de l’accusé, déjà connu des services de police. L'homme de 34 ans a fondu sur le prêtre en soutane qui venait de sortir de chez lui. Il avait volé dans un appartement un lustre en fer dont il s’est servi pour le faire chuter en lui assénant un coup dans la nuque. Puis, une fois le septuagénaire à terre, il l’a attaqué à la tête avec des coups de pieds et poings jusqu’à ce qu’il perde connaissance, hurlant des propos comme "tous les prêtres sont des pédophiles" et l’accompagnant du cri "Allah Akbar" exclamation qui n’avait, au moment des faits, pas été relayée par le porte-parole de la préfecture, expliquant que l’agression, "brutale et gratuite", n’avait "pas de caractère religieux". 

Une passante s’est finalement interposée, permettant une prompte intervention des pompiers. L’accusé affirme avoir perdu la mémoire des faits, la même défense que l’auteur de l’attentat dans la basilique de Nice. Fortement alcoolisé ce matin-là, il a cependant eu la lucidité de s’enfuir pour échapper à l’interpellation, avant que la police le retrouve et l’arrête. Un moyen d’éviter le chef de violence aggravé que constitue la religion de la victime, retenu contre lui à son procès ? Le coupable, autrefois élevé dans le catholicisme, s’est effrontément défendu dans ce sens : "Je suis plutôt du genre à éviter les conflits et je n’ai rien contre la profession de prêtre ni contre la religion catholique", alors que le magistrat relevait sa dangerosité et le fait qu’il disait à sa victime : "Les catholiques sont tous des pédophiles". 

Le pardon d’un prêtre providentiellement rétabli

Quoi qu’il en soit, la vie du coupable est effectivement triste. Sans travail, touchant le RSA, consommateur invétéré de télé, drogues, alcool et médicaments, atteint, selon un psychiatre qui l’a examiné, d’un "mal-être existentiel majeur", Quentin N., qui peut se transformer en « être monstrueux » comme le matin des faits, aurait aussi des idées suicidaires. Dans ce contexte misérable, l’attitude du prêtre victime, qui a réussi à se remettre du choc, imite l’exemple du Christ dont par sa vocation il est le serviteur. "Il a exprimé sa volonté de pardonner" à cet agresseur qu’il ne connaissait pas, a expliqué le président de séance, ajoutant qu’il ne s’est pas porté partie civile et n’a pas demandé d’indemnisation. 

La première recommandation du diocèse fut d’appeler à prier pour le rétablissement du père Bombardier. Miraculeusement, il ne présente ni traumatisme crânien ni séquelles définitives, ce qui, étant donné son âge et la violence de l’attaque, qui l’a gravement blessé au niveau de la tête et du visage, ne manque pas de surprendre. Les prières du Peuple de Dieu semblent avoir porté ici leur fruit, tandis que la Justice a rendu son verdict. En attendant qu’un jour, peut-être, la miséricorde donnée par ce prêtre puisse amener l’assaillant au repentir et à la conversion.

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