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Le seuil de perte de confiance au plus haut

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François Morinière - publié le 24/09/23
L’essence vendue à perte ? Pour le chef d’entreprise François Morinière, l’État serait plus crédible en réduisant son niveau de taxes pour envisager ensuite un effort collectif de la distribution.

Cette semaine a été marquée par le quasi vaudeville du prix de l’essence. Tout le monde a compris et le gouvernement en premier, que ce sujet était hautement abrasif dans l’opinion, et le marqueur simple et simplificateur du phénomène inflationniste que notre économie connaît depuis presque deux ans. Le premier rempart a consisté à inciter fortement Total à bloquer ses prix à la pompe. Le groupe ne s’est pas trop fait prier, car il est à la fois la cible des adversaires de l’économie de marché, mais aussi des écologistes idéologues qui voient en Total la quintessence de l’épouvantable ancien monde. Pas mal d’enseignes de grande distribution ont embrayé le pas, l’essence étant pour elles un produit d’appel.

Après un léger reflux du prix du baril en juin et juillet, celui-ci est reparti à la hausse. La rentrée étant toujours un moment propice au réveil de l’opinion publique, quelques brillants cerveaux ont imaginé de mettre en cause le seuil de revente à perte pour inciter les pompistes à baisser leur prix. La communication gouvernementale a été passablement cafouilleuse puisqu’Élisabeth Borne à pris la main visiblement sans grande concertation avec Bercy qui semblait avoir indiqué ses réticences. Les réactions ont été immédiates et ont entraîné une levée de bouclier de la profession. 

L’État prix à revers

Comme cela arrive régulièrement, l’État est pris à revers dans les méandres de ses contradictions. En effet, les taxes de l’État représentent plus de 50% du prix à la pompe et il est donc difficilement compréhensible de demander aux distributeurs d’abandonner quelques centimes de marge. Cette petite crise assez édifiante est l’illustration de ce qui énerve au plus haut point l’esprit gaulois : l’iniquité, doublée du sentiment de déconnexion entre les élites "hors-sol" et la base du pays. L’État doit montrer l’exemple en réduisant temporairement son niveau de taxes pour envisager ensuite un effort collectif de la distribution. 

Rétablir la confiance

On rétorquera que c’est à nouveau l’État qui se retrouve en position de pompier face à une conjoncture mondiale dégradée, et que nous sommes des enfants gâtés de "l’État providence". Il est donc évident qu’une vraie pédagogie est nécessaire, mais elle est inaudible tant que la confiance en nos dirigeants ne sera pas rétablie.

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