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Fin de vie : “On ne peut pas dire que notre vie est accomplie tant qu’elle n’est pas finie”

Un patient dans un unité de soins palliatifs.

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Elisabeth de Courrèges - publié le 04/04/23
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Tandis qu’Emmanuel Macron a affirmé le 3 avril qu’il souhaitait un projet de loi sur la fin de vie "d’ici à la fin de l’été", Elisabeth de Courrèges, ergothérapeute en mission dans une unité de soins palliatifs pédiatrique en Arménie, interroge la notion de "vie accomplie" régulièrement mise en avant pour justifier l’euthanasie. Mais n'est-ce pas à la toute fin de sa vie que le Christ a déclaré : "Tout est accompli"?

On justifie souvent les demandes d’euthanasie en soutenant délibérément que l’on a eu une vie accomplie : vie professionnelle, vie intellectuelle, vie spirituelle. Et que la maladie, la vieillesse ou l’agonie risqueraient de voir tout ce travail patiemment entrepris, en quelques mois et par quelques symptômes, totalement déconstruit. N’ayant pas encore 30 ans et aspirant aussi à "accomplir ma vie", j’ai tendance à dire que je comprends. Mais je ne peux m’empêcher de me rappeler, en même temps, que ce n’est qu’à la fin de sa vie que Jésus a dit "tout est accompli".

Il aurait pu dire cette phrase quand il était au top de sa mission, au plus haut de sa réputation, et qu’il accomplissait des miracles par foison. Mais il l’a prononcée quand il était impuissant, fragile et agonisant. Il aurait pu dire cette phrase quand il était entouré, envié, au sommet de sa popularité. Mais il l’a prononcée quand il était seul, abandonné et trahi. Il aurait pu dire cette phrase quand il était influent, dominant, guidant. Mais il l’a prononcée sans être compris. 

Il aurait pu dire cette phrase quand il était rayonnant, glorieux, brillant. Mais il l’a prononcée quand il était sanguinolent, nu et affaibli. Il aurait pu dire cette phrase vigoureux, vaillant, valeureux. Mais il l’a prononcé impotent, paralysé, inopérant. Il aurait pu dire cette phrase avec un grand discours, éloquent et charismatique. Mais il l’a prononcée dans un murmure, à bout de souffle, dyspnéique. 

Il aurait pu dire cette phrase en regardant ses réussites, ses bonnes réponses, ses résultats. Mais il l’a prononcée alors que tout le monde pensait qu’il avait perdu le combat. Il aurait pu dire cette phrase pour sa rayonnante Transfiguration, son éclatant baptême, son irradiante Ascension. Mais il l’a prononcée dans sa lente et douloureuse crucifixion.

Il aurait pu dire cette phrase au sommet d’une montagne, s’adressant à une foule le suivant corps et âme. Mais il l’a prononcée suspendu à une croix, alors que la foule se dispersait, n’ayant plus que Son Père et ses proches pour entendre Sa voix. 

Il aurait même pu dire cette phrase en ressuscitant dans la gloire, dès sa sortie du tombeau, comme un cri de victoire. Et bien sûr qu’il savait que ce jour allait arriver, nous offrant la joie de croire à ce Ciel où tout accomplissement sera achevé. Mais il l’a prononcée comme un cri de désespoir, rejoignant tous ceux dont l’Espérance vient parfois à manquer. 

Il aurait pu dire cette phrase au matin de ses 30 ans. Mais il l’a prononcée au soir de ses 33 ans. Il aurait pu dire cette phrase quand tout allait bien dans sa vie. Mais il l’a prononcée quand elle était finie. Ainsi en est-il pour nous aujourd’hui : on ne peut pas dire que notre vie est accomplie tant que notre vie n’est pas finie.

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