Avec les blessures aux pieds et aux mains causées par la crucifixion, la plaie du côté fait partie des "cinq plaies" majeures de la dévotion traditionnelle. Cinq "cicatrices d’amour, qui ornent ses mains, ses pieds et son côté comme des pierres précieuses", disait saint Nicolas Cabasilas, théologien orthodoxe du XIVe siècle. La profonde entaille, située au niveau du flanc de Jésus, est causée par un coup de lance, appliqué par excès de zèle par un soldat du nom de Longin, alors que le Christ était déjà mort.
Blessure gratuite, inutile, symbole de l’orgueil humain. Ultime coup destiné à Marie, pour que s’accomplisse la prophétie de Siméon : "Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive" (Lc 2, 35). Plaie béante, représentée sur les tableaux et les crucifix, rappelant ainsi de manière permanente l’amour du Christ pour les hommes, poussé jusqu’au sacrifice de la croix. C’est encore cette plaie, large et visible, qui convertira saint Thomas après la résurrection.
De son côté transpercé jaillissent du sang et de l’eau. Ces deux éléments ont été interprétés très tôt par les pères de l’Église comme les symboles des deux sacrements fondamentaux du christianisme : le baptême (l'eau, symbole de vie, de renaissance, de purification) et l’Eucharistie (le sang, symbole du sacrifice donné).
Saint Josémaria Escrivá, fondateur de l’Opus Dei, avait une grande dévotion envers les plaies du Christ. Ainsi il écrit en 1933 : "Entrer chaque jour dans une plaie de mon Jésus" (Notes intimes). Et il est particulièrement sensible à la blessure portée au flanc du Christ : "Je resterai chaque jour, pour tenir une ancienne résolution, dans la plaie du côté de mon Seigneur." Ne répond-il pas en cela à l’invitation faite par le Christ lui-même à Thomas, et à travers lui à l’humanité tout entière ? "Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté" (Jn 20,27) engage le Christ ressuscité.
Le langage des plaies
"Jésus-Christ en personne apprend à l’apôtre Thomas le langage des plaies", analyse Mgr Dominique Le Tourneau dans son livre Les blessures du Christ (Artège). "Amène ici ton doigt, et regarde mes mains, ne te contente pas de toucher, mais regarde aussi attentivement, en détail, ces deux blessures déjà cicatrisées mais bien visibles. Puis, amène ta main, et mets-la dans mon côté. Il ne s’est pas refermé. Il ne se refermera jamais, car, de mon Cœur émaneront toujours mon amour fou, mon pardon et ma miséricorde."
"Le Seigneur montre ses plaies, par l’intermédiaire de l’Évangile", relève le pape François dans l’homélie du 12 avril 2015. "Les plaies de Jésus sont des plaies de miséricorde. Jésus nous invite à regarder ces plaies, il nous invite à les toucher, comme il l’a fait avec Thomas, pour guérir notre incrédulité. Il nous invite surtout à entrer dans le mystère de ces plaies, qui est le mystère de son amour miséricordieux."
La blessure du côté est plaie de miséricorde certes, mais aussi plaie de conversion. Pour Thomas l’incrédule, cette plaie est le signe non-équivoque de la résurrection. Jésus est le Fils de Dieu, vraiment mort et ressuscité pour nos péchés. "Les plaies de Jésus, enseigne le Pape, sont un scandale pour la foi, mais elles sont aussi la vérification de la foi. C’est pourquoi dans le corps du Christ ressuscité les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu’elles sont le signe permanent de l’amour de Dieu pour nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité" (Homélie, 27 avril 2014).
Prière de sainte Claire à la plaie du côté
Sainte Claire d’Assise a rédigé une prière intitulée "Prière aux Cinq Très Saintes Plaies de notre Seigneur Jésus-Christ". Voici la partie qui concerne la plaie du côté :
"Louange et Gloire à Toi, très Bon Seigneur Jésus-Christ, pour la Très Sainte Plaie de Ton Côté.
Par cette Plaie Sacrée, par l'immensité de l'Amour que Tu as manifesté, à Longin autrefois, et maintenant encore à nous tous, par Ton Côté ouvert, je T'en prie Très Bon Jésus, Toi qui m'as purifiée par le Baptême de toutes les tâches originelles, délivre-moi de tout mal passé, présent et futur, par Ton Sang très Précieux encore offert et versé aujourd'hui sur toute la terre.
Par Ta mort très amère, donne-moi la grâce d'une Foi droite, d'une ferme Espérance et d'une Charité parfaite. Que je T'aime de tout mon Cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces ; fortifie-moi dans le bien, donne-moi une persévérance virile à Ton service, afin que je puisse Te plaire parfaitement maintenant et toujours. Amen."
Pratique :