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[HOMÉLIE] Le dialogue de Jésus avec l’humanité fatiguée

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Brooklyn Museum

"La Samaritaine à la fontaine", de James Tissot.

Jacques de Longeaux - publié le 11/03/23

Curé de la paroisse Saint-Pierre-du-Gros-Caillou à Paris, le père Jacques de Longeaux commente les lectures du 3e dimanche de carême (Ex 17, 3-7 ; Rm 5, 1-8 ; Jn 4, 5-42). C’est un Jésus fatigué qui dialogue avec la Samaritaine fatiguée. En croyant en lui, la femme usée par l’existence boit à la source jaillissante qui donne la vie éternelle.

Au début de ce passage de l’évangile, saint Jean n’hésite pas à présenter Jésus fatigué. Jésus n’est pas un surhomme ni un demi-dieu. Il est pleinement homme et pleinement Dieu. En tant qu’homme, il a un corps fatigué par une longue marche. Mais sa fatigue n’est pas seulement physique : “Je vous ai envoyés moissonner — dit-il à ses disciples — là où vous ne vous êtes pas fatigués ; d’autres se sont fatigués et vous héritez de leur fatigue” (Jn 4, 38). Jésus est fatigué de s’être dépensé à annoncer la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Sa fatigue est celle du semeur dont peu de grains tombent dans la bonne terre. Jésus se heurte à l’incompréhension, à l’indifférence, à l’hostilité. Remarquons qu’il est seul, fatigué, assoiffé. Ses disciples sont (provisoirement) partis. Cette situation n’est pas sans analogie avec celle de la Croix. Jésus est fatigué par les cœurs endurcis et les esprits inintelligents. Ceux de son temps. Les nôtres aussi.

Le symbole de l’humanité fatiguée

La femme de Samarie est elle aussi fatiguée. On le devine à son exclamation : “Seigneur, donne-moi de cette eau que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir ici pour puiser” (v. 15). Il est midi (la sixième heure) et le puits est profond. Tirer de l’eau devait être un labeur épuisant. On la sent aussi fatiguée par sa situation personnelle. Elle est habitée par une inquiétude religieuse : Quel est le lieu où Dieu doit être adoré ? Qui a raison, les juifs ou les Samaritains ? On peut voir dans cette femme le symbole de l’humanité fatiguée : non seulement par le travail, depuis l’expulsion hors du jardin d’Eden, mais aussi et surtout par l’inquiétude et la désorientation spirituelle : “Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, et ils se sont creusés des citernes lézardées” (Jr 2, 13). La plainte du psalmiste est aussi la nôtre : “Dieu, mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau” (Ps 62, 2).

Cette femme, cette Samaritaine, est la première à qui Jésus dévoile explicitement qui il est : le Messie.

À l’initiative de Jésus, le dialogue se noue. Cette femme, cette Samaritaine, est la première à qui Jésus dévoile explicitement qui il est : le Messie. Il est venu communiquer aux hommes l’Esprit saint, “la source jaillissant pour la vie éternelle” (v. 14). Plus loin, au chapitre 7, Jésus s’écriera : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive.” Saint Jean commente : “En disant cela, il parlait de l’Esprit saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui” (Jn 7, 37-39).

Les champs sont mûrs pour la moisson

L’Esprit saint, nous dit saint Paul dans la deuxième lecture de ce troisième dimanche de carême, est “l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs” (Rm 5, 5). Il est l’élément principal de la Nouvelle Alliance. Jésus inaugure un nouveau régime religieux dans lequel Dieu, reconnu comme Père, est adoré en esprit et vérité. Il n’est plus nécessaire de se rendre dans un lieu précis pour rendre un culte à Dieu. Dans l’Esprit-Saint, Dieu peut et doit être adoré en tout lieu. À chaque Eucharistie, nous participons à l’offrande du Christ qui glorifie le Père et sauve le monde. En nous efforçant d’aimer Dieu et notre prochain dans la force de l’Esprit nous offrons à Dieu le culte véritable (cf. Rm 12, 1). 

À la fin du dialogue avec la Samaritaine, toute trace de fatigue a disparu. La femme court au village annoncer qu’il y a là, près de la source de Jacob, un homme qui pourrait bien être le Christ. On pense à Marie-Madeleine, le matin de Pâques, qui court raconter aux apôtres qu’elle a rencontré Jésus ressuscité sous les traits d’un jardinier. Jésus, lui aussi, ne montre plus la moindre fatigue. Il ne veut pas de la nourriture que ses disciples lui ont apportée. Sa nourriture est de faire la volonté de son Père. Il voit que les champs sont mûrs pour la moisson, autrement dit que l’humanité est prête à accueillir la Bonne Nouvelle du salut et de la vie éternelle. L’accueil que lui offre le village de Samarie annonce la diffusion de l’Évangile depuis Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre.

La source jaillissante

Quelles sont nos fatigues ? Elles peuvent être physiques, psychologiques, morales ou spirituelles. Il n’y a pas de honte ni de mal à être fatigué. Au plan spirituel, nous pouvons être guettés par la lassitude : nos efforts répétés, semblables à ceux de la Samaritaine qui cherche l’eau au fond du puits, semblent ne produire aucun fruit. Tout est toujours à recommencer. Croyons dans le don de l’Esprit saint, demandons-le au Seigneur sans relâche. Il nous redonnera des forces, il renouvellera notre énergie spirituelle, il deviendra en nous une source jaillissante, une source d’amour et de vie.

Tags:
CarêmeCharitéHomélieMiséricorde
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