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Du “Flower Power” au Christ, itinéraire d’un chercheur de Dieu

JACQUES GAUTHIER, ALETEIA

© Isabelle Gauthier

Cécile Séveirac - publié le 06/03/23

Poète et écrivain québécois, Jacques Gauthier est l’auteur de nombreux ouvrages sur la vie de "fous admirables" comme Thérèse de l’Enfant Jésus ou Charles de Foucauld. Dans sa récente autobiographie, “En sa présence”, il revient sur son itinéraire de chrétien, avec ses obstacles, ses écueils et ses grâces. Rencontre.

“Jacques” signifie “celui que Dieu favorise” en hébreu. Si ce n’est favorisé, Jacques Gauthier a certainement été placé sous le regard bienveillant de la Providence au cours de sa vie de chrétien, aussi tourmentée que passionnée. Jacques Gauthier n’est sûrement pas inconnu des lecteurs d’Aleteia, qui ont le plaisir de le lire régulièrement. Conférencier, poète et essayiste prolifique, ancien professeur d’université à Ottawa, romancier, chroniqueur radio ou encore animateur télé. Polyvalent, il ne manque pas de cordes à son arc. Mais ce qu’est surtout Jacques Gauthier, c’est un amoureux transi de Dieu.

J’ai toujours eu besoin de cette expérience presque charnelle de la présence de Dieu

Né le 4 décembre 1951 à Grand-Mère, ville du Québec située à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice, il grandit dans une famille catholique aimante. “C’est une grande grâce d’avoir été autant aimé de mes parents. Ils m’ont révélé le visage de Dieu comme Dieu Amour”, confie-t-il à Aleteia “Cette base, on ne peut plus solide, m’a donné l’équilibre dont j’ai eu besoin dans ma vie d’adulte. C’est ce fond qui m’a empêché de sombrer.” Sa mère lui transmet son amour inconditionnel pour la sainte Vierge, “celle de l’Évangile, incroyablement proche de nous”. Le petit Jacques est baptisé un 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception. De quoi démarrer la vie du bon pied et sous les meilleurs auspices. 

Idéal et quête d’absolu

Mais passée l’enfance, voici venir l’adolescence et ses écueils. Jacques Gauthier trébuche, s’empêtre dans les méandres de cette période ingrate où s’entremêlent immaturité et soif d’absolu. “J’ai rompu avec l’Église, mais je n’ai jamais douté de l’existence de Dieu”, se rappelle-t-il. “Il a toujours été là, à l’intérieur de moi. Mais aux alentours de mes 16 ans, j’étais très influencé par des amis qui ne croyaient pas. C’était la mode des religions plus “cool”, et j’étais dans une quête de sens, sens que je ne trouvais plus dans l’Église que je connaissais. Alors, je me suis éloigné.” Pourtant, Jacques brûle de l’intérieur, il cherche quelque chose d’inconditionnel, de profond. “Je voulais désespérément aimer et être aimé”, dit-il en riant. 

J’ai vécu ce que Jean de la Croix appelait les nuits de l’âme

Dans les années 1970, fameuse époque du “Peace and Love” et du “Flower Power”, Jacques Gauthier se dirige sur ce qu’il appelle lui-même “des chemins de mort”. La drogue prend une place grandissante et, sous ses airs de divinité libératrice, enferme, étouffe le jeune homme. “J’ai aidé plusieurs personnes à sortir de “bad trips” à l’époque”, confie-t-il, “j’ai même certains amis qui y sont passés”. Le voilà qui demande instamment à Dieu de le ramener à la vie : “J’ai demandé à Dieu de se révéler à moi, il me fallait un acte absolu de sa part. J’ai toujours eu besoin de cette expérience presque charnelle de la présence de Dieu.” À force de crier vers Lui, il est entendu. Le 2 juin 1972, le voilà qui débarque par hasard dans une communauté du renouveau charismatique au Québec, “les apôtres de Jésus par Marie”. C’est le point de bascule de sa conversion. Trois “Je vous salue Marie” et le voilà saisi d’une émotion indescriptible. “Au premier, je ris un peu pour cacher ma gêne, au deuxième, je sens ma gorge se nouer, au troisième, je m’effondre, en larmes”, se souvient Jacques Gauthier. “J’ai basculé dans la joie, j’ai retrouvé le Dieu de mon enfance, une personne à part entière, qui entretenait avec moi une relation intime. Pas un concept. Je n’ai pas dormi de la nuit à cause de ce sentiment d’amour fou qui m’a pris si soudainement.”

Trouver sa vocation

En 1973, le jeune Jacques ressent un appel à la vie monastique. Il entre au noviciat des trappistes d’Oka et y reste quatre ans, jusqu’en 1977. Il s’acharne mais finit par se rendre à l’évidence : ce n’est pas là que le Seigneur l’attend. “C’était plutôt une vocation temporaire que le Seigneur me réservait pour passer à autre chose, une sorte de temps de discernement.” Il se marie finalement avec Anne-Marie, rencontrée à la sortie de son noviciat. Fervente croyante, source d’inspiration pour ses poèmes : Anne-Marie était faite pour lui. Avec elle, il construit son nouveau monde. Jusqu’à la prochaine tempête.

Sauvé par la petite Thérèse

À 40 ans, une nouvelle “crise de foi” le saisit. “J’ai vécu ce que Jean de la Croix appelait les nuits de l’âme. Cette fois-ci, je n’ai lâché ni la pratique ni l’Église, je continuais à aller à la messe, à prier”, explique Jacques Gauthier. “Mais tout était si aride, que cela en devint douloureux.” Alors qu’il est atteint d’une double pneumonie le faisant extrêmement souffrir, Jacques pense mourir. Une nuit, il prie sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Le lendemain, “j’étais comme guéri”, assure-t-il. “J’ai toujours senti que c’était Thérèse qui m’avait sauvé, pour moi ça ne fait aucun doute. Elle m’a non seulement guéri de ma maladie mais m’a aussi purifié dans ma foi.” C’est le début d’une aventure, d’une étonnante amitié qui n’a pas trouvé de fin. “Elle est très agissante, quand on est avec elle, on ne peut pas se perdre. Je reviens toujours à elle”, affirme Jacques Gauthier avec une tendresse non dissimulée.

Cette sortie de crise offerte par Thérèse lui donne un nouveau souffle pour les 30 prochaines années de sa vie. Il se lance, l’âme gonflée à bloc, dans de nouvelles missions. Après la fin de son contrat d’enseignement en théologie à l’université d’Ottawa, il devient prédicateur de retraites spirituelles, anime entre autres l’émission “Le Jour du Seigneur” sur Radio Canada, et laisse libre cours à sa vocation d’auteur et de poète. Songez qu’il a écrit plus de 80 livres, dont 15 sur la “petite Thérèse”, qui l’accompagne toujours. “On travaille bien ensemble”, sourit le poète. “C’est une femme d’absolu, qui veut tout et qui prend tout. Avec elle, il nous est possible de dire à Dieu : “Détache-moi de moi, fais que je renonce à moi-même, pour que j’aime un peu plus comme toi.”” N’est-ce pas, finalement, le but de la vie chrétienne ?”

En sa présence : autobiographie spirituelle, Jacques Gauthier, Artège, septembre 2022, 21,9 euros.

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CatholiquesConversionFoi
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