Un choc, puis une incompréhension mêlée à de la douleur. Magdelena Gąsiorowska n’oubliera jamais ce jour où les médecins ont posé le terrible diagnostic de son mari Mateusz. À peine 34 ans, père de Julia, leur fille de 9 ans, Mateusz souffre de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé. La vie de ce couple polonais de Tarnobrzeg (sud de la Pologne) s’écroule en un instant. "Je me souviendrai toujours de cette journée d’hiver en 2019. Je ne comprenais pas ce que les médecins m'avaient annoncé : comment mon mari qui était jeune et en bonne santé jusque-là peut-il être malade d’Alzheimer ? Pas lui, il ne tombe jamais malade de quoi que ce soit. Après une sidération, j’ai pleuré de désespoir et de révolte à la fois", confie-t-elle à Aleteia.
Après trois mois, le couple reçoit le résultat final. Il est sans appel : il s’agit sans aucun doute de la maladie d’Alzheimer.
Au bout de quelques jours la jeune femme décide de lire des articles sur le développement de la maladie, puis elle passe des centaines de coups de fil un peu partout pour savoir ce qu’il faut faire. Par chance, le couple tombe sur de très bons médecins. Ils soumettent Mateusz à des tests détaillés et font analyser sa moelle épinière dans un laboratoire de référence en Allemagne. Après trois mois, le couple reçoit le résultat final. Il est sans appel : il s’agit sans aucun doute de la maladie d’Alzheimer.
Étonnamment, la jeune femme n’en veut pas à Dieu. "Il ne m'est pas venu à l'esprit de lui demander : mais pourquoi ? C’était plutôt l’inverse. "À un moment, j’ai eu cette pensée : si Jésus avait porté la croix et le destin de l’humanité sur ses épaules, alors je devrais être capable de faire de même", raconte-t-elle.
Au fil des mois, avec la maladie qui progresse, Mateusz devient de plus en plus agressif au travail (il est chauffeur) comme à la maison. "La moindre chose mettait mon mari hors de lui. Il devenait menaçant physiquement. C’était l’un des symptômes de sa maladie", explique-t-elle.
C’est à Mateusz que j'ai promis amour, fidélité et honnêteté, pour le meilleur et pour le pire. C’est à moi alors de prendre soin de lui, confie Magdalena.
Magdalena essaye de motiver son mari de faire le plus de choses possibles par lui-même. Tâche difficile car il ne ressent ni la faim, ni la satiété, ni les besoins physiologiques. Pour sa perte de mémoire, il a besoin qu’on lui parle beaucoup, qu’on lui raconte des histoires et surtout qu’on l’interroge sur le passé. Tous ces exercices aident à ralentir le développement pourtant particulièrement rapide de sa maladie. Magdalena décide de quitter son travail (elle travaille dans une agence de publicité) même si ses managers cherchent à trouver une solution adaptée. "La vérité est qu'il est impossible de concilier travail et soins auprès d’une personne gravement malade. Mateusz a besoin de moi 24h sur 24h. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite, mais je suis sûre d'une chose : c’est à lui à qui j'ai promis amour, fidélité et honnêteté pour le meilleur et pour le pire. C’est à moi alors de prendre soin de lui", explique-t-elle.
Heureusement, ses beaux-parents et ses amis la soutiennent beaucoup. "On m'a diagnostiqué une dépression et une névrose. Sans médicaments, je ne pourrais pas m'en sortir. S'occuper d'une personne gravement malade demande beaucoup. Les gens l'oublient, ils pensent que la vie quotidienne avec une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer n'est pas particulièrement compliquée. Mais c’est très dur, mais j’essaye de faire au mieux", reprend-elle.
Le chapelet de la Miséricorde divine
La jeune femme reconnaît puiser sa force dans la prière, principalement dans le chapelet de la Miséricorde divine. "Je suis très attachée au sanctuaire de la Miséricorde divine à Cracovie. Avec mon mari, nous y sommes allés pour demander la grâce d’avoir un enfant. Notre fille Julia est née peu de temps après. Et c’est avec la même foi que je demande à sainte Faustine son intercession pour tenir dans l’épreuve de la maladie de Mateusz. Vous savez, je dois tenir aussi pour notre fille, Julia", confie-t-elle. Cette dernière est plus mature que les enfants de son âge. Elle semble comprendre que la maladie de son père est la priorité. "J'essaie quand même de l'isoler des responsabilités des soins quotidiens. Julia a le droit de jouer et d'avoir du temps libre. Je ne veux pas l'accabler de problèmes d'adultes et lui enlever son enfance", souligne sa mère. "Je ne veux pas savoir ce qui va se passer ensuite. Je vis au jour le jour en demandant Dieu d’avoir la force de surmonter les difficultés quotidiennes. Sans la prière, j’aurais été dans le doute et le découragement depuis bien longtemps", conclut-elle.