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Ce qu’il faut savoir sur le papillomavirus et le vaccin

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VALERYIA LUSHCHYNSKAYA I SHUTTERSTOCK

Mathilde de Robien - publié le 28/02/23

Emmanuel Macron, en visite dans un collège de Charente, a assisté ce mardi 28 février à une séance de vaccination contre les maladies induites par le papillomavirus humain (HPV). Il a annoncé la mise en place d'une campagne de vaccination "généralisée" dans les collèges pour les élèves de 5e à la rentrée prochaine. Une annonce qui soulève plusieurs questions. Explications.

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Les papillomavirus sont responsables à 99% du cancer du col de l’utérus chez la femme, selon la Fondation contre le cancer, 2e cancer le plus fréquent chez la femme et 4e cancer le plus mortel toujours chez la femme. Depuis 2007, en France, le vaccin est recommandé par les autorités de santé pour les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans, et « en rattrapage » jusqu’à l’âge de 19 ans. Fin 2021, 46% des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une dose de vaccin, et 6% des garçons du même âge. La stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 vise un objectif de 80% d’ici sept ans.

Un objectif ambitieux dans la mesure où le vaccin est loin de faire l’unanimité. Selon une étude OpinionWay pour la Ligue contre le cancer publiée le 21 avril 2022, « 28% des personnes se déclarent opposées à la vaccination contre les papillomavirus ». 31% des parents ne sont pas convaincus de l’intérêt de la vaccination pour les filles. Une proportion qui monte à 35% concernant les garçons. Les sondés soulèvent notamment un manque de recul et de preuves sur l’efficacité du vaccin ou encore des risques d’effets secondaires. Aleteia tente d’apporter un éclairage, basé sur des données scientifiques, sur les questions liées aux papillomavirus et à la vaccination.

1Qu’est-ce que le papillomavirus ?

Les papillomavirus humains (HPV) appartiennent à une famille de virus comptant plus de cent variantes. On distingue les HPV à bas risque, agents de lésions bénignes, des HPV à haut risque qui sont responsables de cancers. Il s’agit de l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus répandue. Très fréquentes – on estime que 80% des femmes et des hommes y seront exposés au cours de leur vie – ces infections sont la plupart du temps bénignes. Dans la majorité des cas, elles ne provoquent aucune maladie. En effet, dans 90% des cas, le système immunitaire permet d’éliminer le virus en moins de 2 ans.

2Une infection par papillomavirus provoque-t-elle automatiquement un cancer du col de l’utérus ?

Non. L’organisme élimine généralement le papillomavirus après 6 à 18 mois. Il n’y a dans ce cas aucun risque particulier de cancer. En revanche, lorsqu’une infection persiste dans le temps et qu’elle est due à un papillomavirus à haut risque cancérigène, comme les HPV 16 et 18, elle peut provoquer l’apparition de lésions précancéreuses. Ces lésions précancéreuses peuvent disparaitre naturellement ou évoluer en cancer au bout de plusieurs années.

Le principal cancer lié à une exposition aux HPV est le cancer du col de l’utérus : plus de 99% des cancers du col de l’utérus sont provoqués par une infection par papillomavirus. Près de 3.000 nouveaux cas sont détectés en France chaque année, provoquant environ 1.000 décès.

Outre l’infection par HPV, les facteurs de risques des cancers du col de l’utérus identifiés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) sont le tabagisme, l’usage d’une contraception orale (pilule combinée), l’exposition in utero au diethylstilbestrol et le virus de l’immunodéficience humaine 1 (VIH-1). D’autres associations ont été identifiées, notamment la précocité des rapports sexuels, le nombre de partenaires et les grossesses multiples.

Les papillomavirus à haut risque cancérigène peuvent aussi provoquer d’autres cancers, chez l’homme et la femme, affectant les zones intimes (vulve, vagin, anus et pénis) ainsi que les voies aérodigestives supérieures (bouche et gorge).

3Comment se transmet le papillomavirus ?

Le virus HPV se transmet par contact des muqueuses ou de la peau, lors des rapports sexuels ou d’attouchements intimes. Certaines infections se transmettent par contact cutané et infectent la peau (verrues génitales), d’autres, potentiellement plus dangereuses, sont sexuellement transmissibles.

4Quelle vaccination ?

Il existe un vaccin préventif qui protège contre certains papillomavirus et permet de prévenir les deux tiers des cancers du col de l’utérus. Deux vaccins sont disponibles actuellement sur le marché : le vaccin Cervarix® protège contre les HPV 16 et 18. Le vaccin Gardasil 9® protège contre les HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58. La vaccination est recommandée pour les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans avec un schéma à 2 doses.

Ceci étant, le vaccin ne protège pas contre certaines souches de HPV moins fréquentes. Et on ne connaît pas encore la durée de la protection donnée par la vaccination.

Outre la vaccination en préventif, le dépistage par frottis permet de repérer d’éventuelles anomalies. Celui-ci se fait tous les 3 ans à partir de l’âge de 25 ans et jusqu’à 65 ans. Le frottis consiste à prélever des cellules qui se trouvent à la surface du col de l’utérus. Elles sont ensuite examinées en laboratoire, afin de repérer une possible évolution vers un cancer.

5Pourquoi le vaccin concerne-t-il aussi les garçons ?

Étant donné que les hommes sont également infectés par ces virus et les transmettent, l’extension de la vaccination aux garçons a été mise en œuvre depuis le 1er janvier 2021. Si la vaccination des filles reste la priorité, celle des garçons a pour but de freiner la transmission au sein de la population générale. Elle leur permet aussi de se protéger contre les maladies qui les concernent. 

6Quelle efficacité du vaccin ?

Si ces vaccins n’ont pas encore démontré leur efficacité sur l’incidence des cancers en raison de leur mise sur le marché relativement récente selon une publication de l’Institut du cancer de 2018, une étude publiée en 2021 par la revue scientifique The Lancet confirme la baisse des cas de cancers du col de l’utérus parmi les personnes vaccinées. Menée sur plusieurs milliers de femmes britanniques, l’étude « donne les premières preuves directes de l’effet de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) sur la fréquence du cancer du col de l’utérus », expliquent les auteurs. Leurs résultats montrent une réduction des cancers du col de l’utérus de plus de 87% chez les 12-13 ans et supérieure à 62% pour les 14-16 ans. 

7Y a-t-il des effets secondaires liés au vaccin ?

En France, une étude a été menée conjointement par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Assurance maladie en 2015 afin de déterminer si le vaccin était à l’origine de maladies auto-immunes. L’étude a analysé une cohorte de 2,2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans, montrant que la vaccination contre les infections à HPV par Gardasil® ou Cervarix® n’entraînait pas d’augmentation du risque global de survenue de maladies auto-immunes.

Cependant, cette même étude a montré qu’une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré (SGB) après vaccination contre les infections à HPV apparaît « probable ». Il s’agit d’une maladie auto-immune inflammatoire aiguë du système nerveux périphérique qui se manifeste par une faiblesse musculaire pouvant s’accroître jusqu’à la paralysie. Ce syndrome avait déjà été identifié dans l’AMM (Autorisation de mise sur le marché) du produit. Mais compte tenu de la rareté de la maladie (1 à 2 cas pour 100.000 filles vaccinées), les deux institutions estiment que « les résultats de cette étude ne remettent pas en cause la balance bénéfice-risque des vaccins concernés ». Par ailleurs, ils n’ont pas été corroborés par les études comparables menées dans d’autres pays.

8Est-on obligé de faire vacciner son enfant ?

Si Emmanuel Macron a annoncé ce mardi 28 février 2023 la mise en œuvre d’une campagne généralisée pour les élèves de 5ème à partir de la rentrée prochaine, la vaccination contre les infections à papillomavirus humains n’est pas obligatoire.

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EnfantsSanté
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