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Les présages pessimistes et les hoquets lugubres du mal peuvent parfois susciter dans nos cœurs ce désir de fuir, ou de renoncer. Se replier dans sa camisole de certitudes et d’assurances et se mettre à l’abri de toute intempérie. Au cœur de cet automne qui paraît sans fin sur l’Église, les notes d’une vieille chanson au timbre bouleversant, Hope there’s someone chantée par Antony and the Johnsons, sont de ces moments sacrés qui rappellent qu’une étoile, sans aucun doute possible, brille et brillera toujours. Il y a ces mots aussi de Dietrich Bonhoeffer qui franchissent toutes les barbaries et qui résument la condition du disciple : "Il nous faut vivre dans ce monde etsi Deus non daretur — “comme si Dieu n’existait pas”", car le Dieu que nous confessons n’est pas celui qui s’impose par la force mais qui se révèle dans sa faiblesse et dans sa mort. Notre époque ne le permet-elle pas d’autant plus qu’elle affirme l’inexistence de Celui qui choisit de s’enfouir dans les entrailles d’une femme avant de descendre jusqu’aux abîmes de la mort ?
Grandir en le cherchant
Au cœur de cette société qui ne croit plus, n’est-il pas juste que nous partagions, non cette "non-foi", mais cette expérience d’une forme d’absence. D’autant que nous savons, nous, que cette absence est en fait la marque de l’infinie discrétion de Celui qui se retire non pour nous abandonner mais pour nous donner de grandir en le cherchant. Alors qu’avons-nous à redouter de cette situation ? Ne sommes-nous pas justement parvenus à ce moment favorable ? Nous sommes humains, inséparablement liés à tous nos frères quelles qu’en soient les couleurs, les cultures, les mœurs et les religions. Nous pouvons bâtir tous les remparts ou élaborer toutes les théories possibles, rien ne pourra jamais dissoudre cette réalité. Nous pourrions, disciples de Jésus, nous retirer sur une île loin du fracas humain, nous ne ferions que le transporter avec nous et l’exporter en un lieu jusque-là désert. Et, quand bien même serions-nous assez fous pour nous penser purs, nous finirions par pourrir entre nous, faute de nous laisser irriguer par le monde, car c’est en lui que Dieu fait jaillir ses oasis, et non hors de lui.
Quand Marie et Joseph parviennent à Bethléem, il n’est écrit nulle part qu’ils réclament une suite avec vue pour y faire naître le roi des rois.
Nous voici à l’aube de l’Avent, le temps où le monde célèbre l’apparence d’une divinité de pacotilles, réduits aux lumières des lampions et aux émotions rien qu’humaines. Quand Marie et Joseph parviennent à Bethléem, il n’est écrit nulle part qu’ils réclament une suite avec vue pour y faire naître le roi des rois. Ils s’y fondent dans le peuple compté par le tyran, sans protester ni menacer. Ils assument la condition de leurs semblables, jusqu’au bout. Il y a des crèches de combat qui ne servent à pas grand-chose d’autre qu’à susciter la guerre. Il y a des crèches humbles qui ne se vantent ni ne se montrent et qui sont tellement plus puissantes...
Se retrouver au milieu des hommes
Nous-mêmes, ne sommes-nous pas humiliés par le péché que nous portons et qui scarifie le corps d’une Église hésitante et tâtonnante ? Ne faut-il pas dans nos propres existences faire l’expérience d’une profonde descente, jusqu’à parfois même « toucher le fond », pour pouvoir vivre enfin ? Se retrouver homme au milieu des hommes, errant au milieu des errants, abandonné au milieu des abandonnés, pour communier et donc découvrir le visage du Marcheur infatigable qui ne porte comme tout bagage que le désir infini d’aimer et la joie indicible de se savoir aimé... Accepter d’être homme pour témoigner ainsi vraiment de Dieu qui a choisi de le devenir, et ainsi, de nos mains, pétrir la terre qui est nôtre en sachant qu’à travers ces mains justement, l’Esprit poursuit son œuvre...