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Si vous avez pris le métro cette semaine, vous n’aurez pas pu rater ces affiches : de grands bidules sur fond bleu, genre appareil électroménager, à mi-chemin entre l’aspirateur sans fil et l’autocuiseur, annoncent à la pauvre ménagère coincée entre le strapontin et la porte depuis six stations qu’elle va "vibrer de plaisir". Tout bien regardé, elle se rend compte que ce n’est pas un nouvel aspirateur qui lui fait cette promesse, on pouvait s’en douter, mais un vibromasseur en gros plan. Elle remarque au passage que le fournisseur Dorcel, évoqué en bas à droite, lui évoque plus l’industrie du porno que le service après-vente de Darty. Et en plus de porter son sac, les courses et le cartable du petit depuis Châtelet, il faudra trouver quelque chose à répondre devant le reste de la rame : "Dis Maman, pourquoi-comment ça fait vibreur, on dirait même pas un smartphone ?" Grosse fatigue.
Que dire, que faire ?
Évidemment, la twittosphère s’est enflammée, à la suite de la remarque pleine de bon sens de l’historien André Loez : "Désagréablement surpris par la publicité pour des sextoys, même euphémisés, en 4 par 3 dans les couloirs du métro, lieu où passent tant d’enfants. La sexualisation consumériste de l’espace public me semble même assez répugnante." Alors, que dire, que faire ? S'énerver, banaliser ?
Si vous avez des enfants, n’éludez rien : ne manquez pas de leur expliquer que la source du plus grand des plaisirs se trouve dans l’amour qu’on partage, tout le reste, c’est bidule en plastique et misère de la solitude. La sexualité infiniment plaisante est celle qui dit tout l’amour qu’on porte à celui qu’on tient dans ses bras. Pas besoin de gadgets fabriqués en Chine pour une sexualité heureuse. Si vous avez des enfants, ne ratez pas non plus l’occasion de leur expliquer que des personnalités de l’industrie pornographique, dont la société Dorcel, sont citées dans des affaires judiciaires en cours : a eu maille à partir avec la justice : pratiques violentes, insultes et préjugés sexistes, racistes et homophobes, exploitation des femmes sont monnaie courante dans l’industrie pornographique, des procès sont en cours. Voilà ce qu’on trouve derrière la belle affiche. Ceux qui promeuvent l'exploitation commerciale des corps ont davantage leur place en prison que sous les yeux des enfants qui rentrent de l’école.
Des comptes à la RATP
Si vous avez des enfants, ne manquez pas de relever avec eux la mention "Pour adultes" spécifiée sur la publicité, car elle est trompeuse : un adulte digne de ce nom ne ressemble pas au consommateur égaré qui sortira 249 euros pour ce prétendu "calendrier de l’Avent" rempli de sextoys, même les enfants ne sont pas si bêtes. (Oui, oui, 249 euros, et encore c’est le prix promotionnel. Hors période de Noël le prétendu "adulte" en aurait eu pour 650 euros, mais là on perd tout le monde, l’idiotie a ses limites.)
Quelqu’un aurait-il oublié ses lunettes en validant l’affiche ?
Et surtout, enfants ou non, et si vous avez deux minutes à perdre, ne manquez pas de demander des comptes à la RATP : "calendrier de l’Avent", ce n’est pas très laïque dites donc ? Alors comme ça, on déprogramme les affiches mentionnant les chrétiens d’Orient, ou celles de Bilal Hassani déguisé en Sainte Vierge au motif que "dans nos contrats il nous est impossible d’afficher des visuels où sont présentes des références religieuses" (dixit Médiatransport) ? Mais le calendrier de l’Avent, quand c’est pour Dorcel tout va bien ? Quelqu’un aurait-il oublié ses lunettes en validant l’affiche ? Ou bien merci de proposer par ailleurs le vrai calendrier de l’Avent, celui qui annonce la naissance de Jésus. Alors ne nous gênons pas pour leur demander des petites clarifications… Voilà qui ne les fera probablement pas vibrer de plaisir.