Le 11 novembre 1918, peu avant 5h30 du matin, dans un wagon-restaurant de l’état-major du maréchal Foch aménagé pour accueillir les belligérants alliés et allemands, l’armistice est signé. Il ne signifie pas encore la fin de la guerre mais un cessez-le-feu provisoire qui doit entrer en vigueur "6 heures après sa signature", comme le prévoit le premier article des clauses de signature de l’armistice.
La fin des combats est donc prévue pour 11h, le 11 novembre 1918. L’armistice est d’abord effectif pour une durée de 30 jours. Les négociations entre les alliés et les autorités militaires allemandes commencent dès le 8 novembre dans ce même wagon et conduisent, après une ultime entrevue à 2h15 le matin, à la signature par chacun des partis du traité d’armistice. Les clauses apparaissent déjà comme largement défavorables pour les autorités allemandes et préfigurent la signature du traité de Versailles de juin 1919.
10h45, le 11 novembre 1918 : le maréchal Ferdinand Foch, qui a fermement mené les négociations en sa qualité de commandeur suprême des forces alliés, prend la direction de Paris à 7h du matin, pochette en cuir sous le bras, pour y déposer l’acte authentique signé par tous les partis. A 11h, les cloches de très nombreuses églises et cathédrales de France sonnent à la volée et avertissent la population de la fin des combats. Espoir inouï pour des millions de familles à travers l’Europe. Aux alentours de 10h50 ce matin-là, dans le département des Ardennes, un berger originaire de Lozère et mobilisé sur le front dans le 415ème régiment d’infanterie, est abattu par les forces allemandes d’une balle dans la tête alors qu’il portait un ultime message à son capitaine. Augustin Trébuchon est vraisemblablement le dernier soldat français tué, quelques minutes seulement avant la fin des combats sur tous les fronts. Destin tragique pour ce soldat français âgé de 40 ans au moment de sa mort, aîné d’une fratrie déjà orpheline.
Les combats du 11 novembre au matin auraient pu être évités : l’information de la signature de l’armistice s’était déjà largement répandue au petit matin.
La sobre croix blanche dressée sur sa sépulture dans le village de Vrigne-Meuse, où l’armée française mena son ultime offensive, indique "mort pour la France le 10.11.1918". Il ne s’agit pas là d’une erreur mais de la volonté des autorités civiles et militaires françaises de ne pas entacher le jour de la victoire par de malheureux drames. Les combats du 11 novembre au matin auraient pu être évités : l’information de la signature de l’armistice s’était déjà largement répandue au petit matin. Augustin Trébuchon fait donc partie de ces millions de victimes civiles et militaires de la Première Guerre mondiale, tout en portant en lui cette singularité, celle d’être le porte-drapeau de ces hommes morts à quelques heures, ou quelques minutes, de goûter les fruits d’une paix temporairement retrouvée.