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Comment le pape François choisit-t-il un évêque ?

POPE BISHOPS COLOMBIA

HO / OSSERVATORE ROMANO / AFP

Rencontre entre le pape François et les évêques de Colombie (2017).

I.Media - publié le 13/10/22

Seul le Pape a autorité pour nommer librement les évêques ou confirmer ceux qui ont été légitimement désignés. Mais chaque pape a sa manière de faire. Dans un ouvrage inédit paru le 11 octobre, "L’évêque et le pasteur", François confie essayer "de consacrer des évêques qui sont avant tout cela : des pasteurs fidèles et non des arrivistes". Explications.

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« Il n’y a pas de pasteur standard », déclare le pape François dans un ouvrage inédit qui paraît ce 11 octobre 2022, L’évêque et le pasteur (San Paolo, 2022), dans lequel il est publié aux côtés du cardinal théologien Carlo Maria Martini (1927-2012). Décrivant les qualités nécessaires pour mener un diocèse, le pape François confie essayer « de consacrer des évêques qui sont avant tout cela : des pasteurs fidèles et non des arrivistes ».

L’évêque et le pasteur est un livre en langue italienne financé par la fondation Carlo Maria Martini à l’occasion des dix ans de l’anniversaire de sa mort. Il consiste en un essai de l’ancien archevêque de Milan de 72 pages portant sur la mission de l’évêque et est suivi d’un essai de 25 pages du pape François sur le rôle de l’évêque comme pasteur. François rédige aussi une postface de 7 pages commentant le point de vue du cardinal Martini. Tous les textes sont inédits.

Le choix d’un évêque ne se fait pas en fonction de « nos préférences, nos sympathies, nos tendances », écrit le Pape, auquel sont soumises chaque année des centaines de terna (trois noms) parmi lesquelles il doit choisir les pasteurs amenés à diriger les diocèses du monde entier. En effet, l’élection d’un évêque doit être « claire », insiste-t-il, considérant que le peuple de Dieu sait reconnaître un bon pasteur. 

Même si les candidats sont parfois difficiles à trouver, il faut les chercher avec une “sainte agitation”, insiste le Pape, “parce que Dieu ne laisse pas son peuple sans berger”.

« Il faut toujours demander au clergé et aux laïcs ce qu’ils pensent d’un certain candidat à l’épiscopat », souligne le pape, tout en appelant à « ne pas accepter de pression pour les élections ». Il s’agit de trouver « le caractère unique du pasteur dont chaque Église a besoin ». Même si les candidats sont parfois difficiles à trouver, il faut les chercher avec une « sainte agitation », insiste le Pape, « parce que Dieu ne laisse pas son peuple sans berger ».

Le martyre, ADN de l’épiscopat

L’évêque de Rome explique chercher « des hommes qui ne sont pas conditionnés par la peur, mais qui sont capables de dire courageusement au monde que l’humanité n’est pas destinée à s’égarer ». Il rappelle que, du fait de la succession apostolique, le martyre est « l’ADN de l’épiscopat ». 

Les évêques doivent être « humbles, doux, capables de servir » avant d’être « gentils ou compétents en matière de pastorale ». Le Pape cite aussi le cardinal Giuseppe Siri qui disait : « Cinq sont les vertus d’un évêque : premièrement la patience, deuxièmement la patience, troisièmement la patience, quatrièmement la patience et enfin cinquièmement la patience avec ceux qui nous invitent à être patients ».

Ce qu’un évêque n’est pas

Le pontife critique l’évêque « homme d’affaires » ou l’évêque « toujours la valise à la main » qui laisse son peuple « orphelin ». Un évêque qui voit son diocèse comme « un lieu de passage vers un autre plus grand ou plus important » oublie qu’il est marié à l’Église, déplore-t-il. Et, assène-t-il, quand il convoite un autre diocèse, il commet un « adultère épiscopal ».

Il met aussi en garde contre « la psychologie princière » qui éloigne du peuple, car un évêque est « un intendant de Dieu, pas un gestionnaire de biens, de pouvoir, d’affaires mondaines ». Et si les évêques sont « gardiens de la doctrine », l’Église n’a « pas besoin d’apologistes pour ses causes ni de croisés pour ses combats ».

L’évêque des Misérables comme modèle

Le pape donne deux exemples de bon pasteur qui « vit et meurt en chemin » avec le peuple de Dieu : tout d’abord saint Turibe de Mogrojevo (1538-1606), évêque de Lima au Pérou, qui toute sa vie « a rempli sa valise de visages et de noms » qu’il a rencontrés. Cette proximité authentique constitue son « passeport pour le paradis », affirme le Pape qui rappelle sa mort « dans une petite tribu tandis que les Indiens lui jouaient la chirimia, la flûte, pour qu’il quitte ce monde en paix ». 

L’autre est un personnage fictif, Mgr Charles-François-Bienvenu Myriel, évêque de Digne au début des Misérables de Victor Hugo. Le pontife cite la description que le romancier français fait du prélat, donné en exemple par le cardinal Martini : « La misère universelle était sa mine ». « Un évêque formé aux sciences humaines, qui a lu les grands romans qui parlent des passions et des drames humains, est mieux à même de comprendre le mystère des autres », assure le chef de l’Église catholique. 

Deux cardinaux jésuites

Le cardinal Martini et le pape François ont été cardinaux ensemble au sein du Sacré Collège entre 2001 (date d’entrée du cardinal Bergoglio) et 2012 (mort du cardinal Martini). Les deux hommes ont été des protagonistes du conclave de 2005, pendant lequel leurs candidatures ont récolté des nombreux suffrages avant que le choix du collège cardinalice ne se porte sur le cardinal Ratzinger, élu sous le nom de Benoît XVI.  

Si les deux hommes appartenaient à la Compagnie de Jésus, leur proximité a été sujette à controverses, principalement parce que les relations entre l’archevêque de Buenos Aires et les jésuites, dont Martini était « l’intellectuel organique » au début du XXe siècle, n’étaient pas excellentes. L’historien Alberto Melloni considère même que lors du conclave de 2005, le cardinal Martini aurait demandé aux cardinaux ayant voté pour lui de reporter leurs scrutins sur le cardinal Ratzinger plutôt que sur le cardinal Bergoglio, malgré les sensibilités théologiques très différentes du Lombard et du Bavarois. D’autres témoignages affirment au contraire que le cardinal Martini aurait soutenu avec force la candidature de l’actuel pape, sans succès.

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