Jésus ne s’est pas moqué de ses disciples en leur promettant, au moment de les quitter, une force de vie par le don de l’Esprit Saint. Bien des textes de la bible évoquent la richesse de l’Esprit Saint, cette puissance de vie. La Séquence nous dit que cet Esprit lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé, assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. Il est la lumière de nos cœurs, le Consolateur souverain, l’hôte très doux de nos âmes, l’adoucissante fraîcheur. Le livre d’Isaïe le décrit encore comme un « esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de connaissance et de crainte du Seigneur, esprit de piété filiale » (Is 11, 2). C’est un Esprit écrit encore le psalmiste qui est créateur de vie et qui rend tout neuf (Ps 104, 30). Oui, tel est le cadeau que Jésus a fait à ses disciples. Il a voulu donner à l’Église naissante les biens du ciel. À ceux qu’il enverrait dans le monde entier, il avait promis de donner cet Esprit si puissant capable de faire toute chose nouvelle et c’est ce qui arrive aux apôtres le jour de la Pentecôte. Les apôtres sont remplis de l’Esprit Saint et la Bonne Nouvelle est entendue par tous.
Comme au jour de notre baptême
Saint Paul, dans sa lettre aux Romains écrit : « Vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous » (Rm 8, 8). Le jour de notre baptême, c’est comme une Pentecôte que nous avons vécue, à l’image des apôtres dans le récit des Actes (Ac 2, 1-11). Au jour de notre baptême, l’Esprit de Dieu est descendu sur chacun de nous et a transformé nos vies de chair en des vies nouvelles, capables d’aimer, capables de se donner par amour pour tous les hommes, capables de comprendre le mystère de Dieu et de l’annoncer. Et là aussi le Seigneur ne s’est pas moqué de nous. Ce qu’il avait promis, il l’a réalisé. L’Esprit de Dieu habite en nous, celui-là même qui est l’effluve de la puissance de Dieu, celui-là même qu’ont reçu les disciples le jour de la Pentecôte. Cette puissance de vie qui fait des amis de Dieu et des prophètes, nous l’avons vraiment reçue. L’Esprit de Dieu habite en chacun de nous.
L’Esprit Saint qui nous a été donné nous rend capables de transformer le monde et de le rendre plus beau, plus juste, plus fraternelle, plus conforme au projet de Dieu. Tout nous a été donné pour faire de nos vies le Temple de Dieu, une construction harmonieuse et solide et pour en préserver le caractère sacré. Tout nous a été donné pour traverser les tempêtes de la vie, pour franchir les obstacles que nous rencontrons, pour marcher avec confiance en tenant sur le chemin. Tout nous a été donné pour devenir les amis de Dieu et ses prophètes. Tout nous a été donné. Nous sommes bien armés pour la vie, nous sommes bien défendus, nous sommes bien soutenus par le don de l’Esprit Saint qui nous a été fait le jour de notre baptême et encore renouvelé le jour de notre confirmation. Tout nous a été donné dans le don de l’Esprit Saint. Quelle nouvelle !
Sous la conduite de l’Esprit
Tout nous a été donné, mais tout reste à faire. Et c’est ce à quoi saint Paul nous exhorte dans sa lettre aux Romains (Rm 8, 8-17). Il faut renoncer à être sous l’emprise de la chair pour être sous l’emprise de l’Esprit. Il y a une décision à prendre, un choix à faire. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Il faut renoncer à vouloir mener notre vie par nous-mêmes selon nos désirs, nos élans, nos sentiments du moment pour nous en remettre totalement à la puissance de l’Esprit Saint. Il faut nous laisser conduire par l’Esprit de Jésus. Sous l’emprise de la chair, je vais plutôt penser à moi et privilégier mon confort, mes sécurités. Sous la conduite de l’Esprit, je vais accepter de sortir de moi-même, de mes habitudes, de mes certitudes, de mes évidences pour m’ouvrir à l’inattendu de Dieu, aux surprises de Dieu au gré des rencontres et des évènements qui se présentent. Sous l’emprise de la chair, je vais me contenter du minimum vital pour vivre ma vie de chrétien.
Sous la conduite de l’Esprit de Dieu, je n’ai pas peur et je me risque avec d’autres à témoigner de ma foi.
Sous la conduite de l’Esprit je vais prendre du temps pour grandir dans l’amour de Jésus et pour écouter sa Parole comme il nous invite à le faire dans l’évangile. Sous la conduite de l’Esprit, je vais aussi choisir de rencontrer et de partager ma foi avec des frères et des sœurs de ma communauté car un chrétien isolé est un chrétien en danger. Sous l’emprise de la chair je vais continuer à dire du mal ou penser du mal de telle personne qui m’a blessé. Sous la conduite de l’Esprit je vais faire le premier pas pour demander pardon ou pour pardonner la personne avec qui j’ai eu un différent. Sous l’emprise de la chair je vais refuser de prendre une responsabilité au service de l’annonce de l’Évangile parce que j’ai peur de ne pas savoir faire ou savoir dire. Sous la conduite de l’Esprit de Dieu, je n’ai pas peur et je me risque avec d’autres à témoigner de ma foi. Sous l’emprise de la chair je ne vais pas dire que je suis croyant car cela pourrait être pour moi préjudiciable. Sous la conduite de l’Esprit je n’ai pas honte de rendre compte de ma foi qui me fait vivre.
Vivre sous la conduite de l’Esprit de Dieu change une vie. Ceux qui se sont laissés conduire par l’esprit de la chair deviennent parfois aigris, découragés, insatisfaits, critiques, fermés. Ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Jésus sont toujours dans la joie et l’espérance. Ils ne se découragent pas mais croient toujours aux possibles. Ainsi, puisque l’Esprit de Dieu habite en nous, en ce jour de la Pentecôte, au nom de Jésus Christ, laissez-vous conduire par l’Esprit.