Il y a cent-cinquante ans, retournait à Dieu le prêtre qui reconduisit, par Marie, les habitants de Pontmain à la messe. L’abbé Michel Guérin ne vit pas la Sainte Vierge lors de ses apparitions dans son village, mais comme le rapporte Anne Bernet, postulatrice de sa cause de béatification, c’est sans doute Elle qui vînt chercher le "petit curé de Pontmain" le jour de sa mort.
Ce 29 mai, l’on commémore à Pontmain le cent-cinquantième anniversaire de la mort de l’abbé Michel Guérin, curé du village, décédé à l’âge de 71 ans en 1872 des suites d’un accident de la route, seize mois après l’apparition de Notre-Dame dans ce village mayennais. Très vite, ses paroissiens ont soutenu que, sans ce prêtre marial, tout dévoué pendant trente-six ans au relèvement d’une paroisse dévastée par la Révolution et ses suites, Pontmain n’aurait jamais bénéficié d’un tel privilège. C’est vrai. L’on croit souvent que le XIXe siècle a été d’emblée un siècle tout donné à Notre-Dame. La réalité, en fait, est plus complexe.
Déjà violemment attaquée par les protestants pendant les guerres de religion, la dévotion à Marie, remise à l’honneur par les décisions du concile de Trente, tardivement appliquées en France, a ensuite été méprisée par les jansénistes, puissants en dépit des condamnations dont ils ont fait l’objet, tant de la part de Rome que du pouvoir royal. À leurs yeux, prier la Vierge relève de la superstition, c’est bon pour les humbles et les ignares. À ce rejet s’ajoutent, au XVIIIe siècle, les ricanements malveillants des philosophes des Lumières, de sorte que, même dans les séminaires, Marie disparaît des préoccupations de beaucoup de prêtres. Ce n’est pas pour rien si ses apparitions, qui ont jalonné l’histoire de notre pays avec une familiarité tendre et maternelle, cessent également. Entre les faits de Lescure, en 1707, et les premières persécutions religieuses révolutionnaires, Notre-Dame ne se montrera plus chez nous.