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Après Sous les jupes des filles (2014) et Si j’étais un homme (2017), la réalisatrice Audrey Dana continue de questionner le rapport des hommes et des femmes, tout comme leur identité chamboulée par les déboires contemporains. Hommes au bord de la crise de nerfs suit sept hommes, trop citadins sans doute, décidés à aller mieux grâce à un stage en pleine nature, sous la supervision d’Omega (Marina Hands), une femme assez fantasque. Le bon casting est le vrai plus de cette comédie.
Mâle-être à la ville
Face à ce groupe d’hommes perdus, face à une femme qu’ils appellent "coach", on pense à cette phrase si juste de Tennessee Williams : "À vous autres hommes faibles et merveilleux, qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu, il faut qu’une main posée sur votre épaule vous pousse vers la vie, cette main tendre et légère". Quand la virilité perd sa boussole, les hommes vont mal. Et sans doute les femmes sont-elles les seules à pouvoir les remettre sur leur chemin. Celles, pourtant, qui sont parfois la cause même de leur désarroi. On croyait la virilité dépendante de la force et du pouvoir, il n’en est rien. Sinon les poètes n’auraient pas tant pleuré.
Ainsi, Hippolyte (Thierry Lhermitte), Romain (Ramzy Bedia), Antoine (François-Xavier Demaison), Michel (Laurent Stocker), Ivan (Pascal Demolon), Noé et Eliott, le plus jeune de la bande qui a 18 ans et en paraît 13, quittent leur confort pour se retrouver dans une prairie entourée de forêts, de cascades et de loups. Antoine, ancien scout, mène le jeu pour l’installation des lieux, digne d’un vrai lieu de camp. Ivan, écrivain et alcoolique sans le sou, ronge son frein, Romain et Hippolyte, eux, ne rêvent que de repartir. Omega leur a concocté des sortes d’épreuves initiatiques, de la plus insolite à la plus radicale, qu’ils doivent traverser sans faillir.
Entre humour et solidarité, ces hommes arrivés le moral dans les chaussettes retrouvent un peu d’espoir. Ils se prennent même au jeu du végétarisme et de la thérapie par la bienveillance et les câlins, oubliant leur instinct de mâle quand il s’agit de pleurer à la mort d’un coq — et d’un futur poulet bien rôti. Certains dialogues sont assez drôles, quand d’autres nous permettent de mieux comprendre les hommes. Tous ont surtout un traumatisme ou une peur à dépasser, et ce ne sera ni par la force, ni par la volonté. Leur entraide est même plus efficace que la coach elle-même, que l’on découvre mère de famille démissionnaire et désœuvrée et à laquelle ils prêtent main forte. Cette comédie plutôt bien vue rappelle l’importance de la communauté. Car au-delà de la crise du féminin ou du masculin, elle dénonce aussi le chacun pour soi, seul de son côté, faisant croire à une crise personnelle quand il s’agit d’une crise de l’individualisme. Chacun aurait-il besoin, homme ou femme, de cette "main tendre et légère" pour regagner les rivages de la vie ?
Hommes au bord de la crise de nerfs, d’Audrey Dana, avec Thierry Lhermitte, Ramzy Bedia, Max Baissette de Malglaive, Michaël Grégorio, Laurent Stocker, François-Xavier Demaison et Marina Hands, 1h37, en salles le 25 mai.