C’est en refusant obstinément la facilité, au prix de son bonheur terrestre, que sainte Rita est devenue la patronne des causes désespérées. L’Église fête sa mémoire le 22 mai.
Il n’est guère de sainte plus célèbre et plus priée que Rita de Cascia, patronne des causes perdues, avocate des cas désespérés, invoquée à travers toute la catholicité pour exaucer les demandes jugées unanimement impossibles à satisfaire. Or, dans bien des cas, ces demandes, Rita y parvient. Mais, ce que l’on sait moins, c’est qu’avant d’obtenir du Ciel un tel pouvoir, elle a beaucoup prié, beaucoup souffert, beaucoup offert et payé ces grâces à venir à grand prix.
Depuis quelques décennies, les biographes de la religieuse augustine ont tendance à minimiser largement les faits extraordinaires rapportés par la légende et la tradition, dans un souci de dépouillement et un refus du merveilleux supposé mieux adaptés à notre époque et à ses prétentions scientifiques. Mais refuser par principe l’étonnant, le miracle, l’incroyable, est parfois une façon bien humaine et trop prudente de vouloir fixer des limites au pouvoir divin… Il est vrai que les sources relatant la vie de Rita sont relativement tardives, les premiers ouvrages à lui avoir été consacrés, peu après sa mort en 1447, étant perdus, mais faut-il pour autant tout rejeter en bloc et ricaner des ouvrages « édifiants » qui ont tant contribué à répandre son culte ? Non, sans doute. Pourtant, parce qu’ils sont très connus, ne nous arrêtons pas au miracle de la vigne desséchée, ni à l’entrée prodigieuse de la jeune femme dans un cloître dont on lui refusait l’accès, ni à son terrible stigmate, ni à cette rose fleurie au cœur de l’hiver parce que, agonisante, elle en avait envie. Tout cela relève des gracieusetés que Dieu sait faire à ceux qui l’aiment. En vérité, le plus grand miracle de sainte Rita s’opéra, par son intercession et sa prière, dans les cœurs et les âmes de ceux qu’elle aimait, et elle en paya cruellement le prix.