Chaque jour, Aleteia vous propose une sélection d'articles de la presse internationale concernant l'Église et les grands débats qui préoccupent les catholiques à travers le monde. Les opinions et les points de vue exprimés dans ces articles ne sont pas ceux de la rédaction.
Vendredi 20 mai 2022
1 - L’Église grandit en Corée du Nord malgré les persécutions
2 - Comment penser l’après-chrétienté
3 - L’étrange amitié d’un pape théologien et d’un mathématicien athée
4 - En Allemagne, un questionnaire de nomination des évêques publié dans la presse
5 - Les prétendants à la présidence de la Conférence épiscopale italienne
1L’Église grandit en Corée du Nord malgré les persécutions
L'archevêque Victorinus Yoon Kong-hi, l’un des ecclésiastiques les plus éminents de Corée du Sud, affirme que l'Église catholique de la Corée du Nord communiste est en pleine croissance, bien que les catholiques vivent dans la clandestinité et subissent des persécutions. Dans un livre d’entretiens (The Story of the North Korean Church) réalisés l’an dernier avec le prélat de 98 ans, ce dernier qui est né dans une région aujourd'hui située en Corée du Nord, donne des témoignages sur la manière dont l’Église a prospéré sur le territoire avant la division de la péninsule coréenne. L'archevêque raconte les missions caritatives d’une Église catholique très active avant le régime. la peur des catholiques lorsque les forces communistes ont attaqué les églises en 1949, l’exemple donné par les martyrs, l’histoire de sa fuite vers le Sud. Selon certaines informations, il est possible que les structures des séminaires de l’époque existent encore aujourd'hui.
2Comment penser l’après-Chrétienté
Les réflexions de Jean-Luc Marion et Chantal Delsol, deux figures des débats intellectuels en France, suscitent un grand intérêt dans le monde anglo-saxon. La sécularisation très rapide qui s’est opérée au Québec dans les années 1960 ou en Irlande dans les années 2000, des sociétés autrefois structurées par le catholicisme, pose en effet la question de savoir sur quelles bases un pays peut trouver une stabilité et un sens, dans un contexte global de "décadence", qui n’est pas une simple opinion mais une observation factuelle. Jean-Luc Marion, membre de l’Académie française reconnu comme un intellectuel catholique de premier plan, considère que, pour éviter une complète dissolution de la société, "nous devons faire appel à toutes les ressources et toutes les forces, même celles qui sont catholiques", assure-t-il non sans ironie. Mais pour autant, la recherche d’un "ordre politique chrétien" est une illusion dangereuse: la pensée chrétienne ne peut qu’assumer un rôle de témoignage dans une société plurielle et dans un contexte de laïcité bien comprise. Chantal Delsol, pour sa part, s’inquiète de voir le principe de laïcité érigé en dogme ou en religion alternative, qui ne peut que blesser et braquer une grande partie de la population qui a gardé un sens religieux. Cependant, son diagnostic sur "la fin de la chrétienté" est aussi une invitation aux chrétiens à vivre une foi plus cohérente, et à assumer une relecture critique des échecs d’une société qui se prétendait chrétienne, mais qui a laissé prospérer de nombreux maux, notamment en ne prenant pas suffisamment en compte les signaux d’alerte sur les abus commis au sein des institutions catholiques.
3L’étrange amitié d’un pape théologien et d’un mathématicien athée
Piergiorgio Odifreddi est un mathématicien athée. Entre 2013 et 2018, il a rencontré cinq fois le pape émérite Benoît XVI, grand théologien, avec qui il a aussi entretenu une relation épistolaire. Aujourd’hui, il publie un recueil des entretiens qu’il a eus avec l’ex-cardinal Ratzinger et qu’il a choisi d’intituler In Cammino alla ricerca della verità (En chemin à la recherche de la vérité). Ce livre sort après une première lettre ouverte "Cher pape, je vous écris" et une deuxième "Cher pape théologien, cher mathématicien athée". Il se présente comme un dialogue entre la science et la foi dans lequel, quoique à partir de positions divergentes, émerge le but commun de la recherche de la vérité. Composé comme un diptyque - d’abord la trame narrative des visites, puis les lettres - le livre montre au lecteur bien d'autres éléments des deux personnalités, même si la présence plus forte de la plume d'Odifreddi est évidente. Ce qui est surprenant, c’est notamment la foule hétéroclite des auteurs cités : de Dostoïevski à Hildegarde, de Bingen à Küng ou encore de Guardini à Sartre…
4En Allemagne, un questionnaire de nomination des évêques publié dans la presse
Le questionnaire transmis par le nonce apostolique en Allemagne, Mgr Nikola Eterovic, afin d’identifier les profils des futurs évêques, a fuité dans la presse. Ce document montre une évolution importante par rapport à la précédente version connue, qui datait de 2001. Une attitude "appropriée et équitable" quant à la gestion des abus est désormais exigée, ainsi qu’un comportement respectueux vis-à-vis des religieuses, afin d’éviter tout "agacement ou scandale". L'intérêt pour l’actualité internationale, le niveau d’éducation, l’état de santé, les expériences pastorales ou encore les capacités de leadership sont également sondées dans le questionnaire. Le mariage et l’éthique sexuelle, ainsi que la position de ces prêtres "épiscopables" au sujet de l’ordination des femmes sont aussi des critères pris en compte dans ces questionnaires. En revanche, la contraception semble un sujet moins incontournable qu’auparavant : contrairement à la version de 2001, le questionnaire actuel n’interroge pas le positionnement de ces ecclésiastiques au sujet de l’encyclique de Paul VI Humanae Vitae.
5Les prétendants à la présidence de la Conférence épiscopale italienne
La Conférence épiscopale italienne désignera entre le 23 et le 27 mai 2022 son président, lors de l'assemblée générale prévue à Rome. Le nouvel élu succédera au cardinal Gualtiero Bassetti et aura la lourde tâche d’aborder la question d'une enquête historique sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église italienne. Le pape François a récemment déclaré qu’il souhaitait que le futur président soit "cardinal" et qu’il "fasse autorité". Traditionnellement, c’est le pape qui élit le président de la Conférence épiscopale italienne. Pourtant, au début de son pontificat, François avait demandé à ce que les évêques trouvent "eux-même" leur successeur. Les évêques, opposés à cette idée, avaient demandé au pontife qu’ils puissent voter pour lui proposer une "triade" d’évêques parmi lesquels il devra choisir. Le successeur du cardinal Bassetti devra donc décider si il est temps ou non de lancer une enquête nationale au sujet de la pédophilie dans l’Église nationale. Projet que l’ex-président avait mis de côté en expliquant que "ni la communauté blessée ni l'Église ne rendraient un bon service si l'on agissait à la hâte, juste pour donner des chiffres".