Comme c’est la coutume au retour de chaque voyage apostolique, le pape François a consacré l’audience générale de ce mercredi 6 avril à une relecture de sa dernière tournée à l’étranger. Il s’est rendu à Malte les 2 et 3 avril derniers, sur les pas de saint Paul. Il est revenu sur la devise de ce voyage, "avec une rare humanité", tirée des Actes des Apôtres. Ces mots évoquent l’attitude du peuple maltais lors l’accueil de saint Paul et de ses 270 compagnons après leur naufrage en l’an 60. Cette devise indique "le chemin à suivre non seulement pour faire face au phénomène des migrants, mais plus généralement pour que le monde devienne plus fraternel, plus vivable, et soit sauvé d’un naufrage qui nous menace tous".
Le thème de la migration était central dans son voyage. "Dans le centre d’accueil Jean XXIII, j’ai rencontré de nombreux migrants qui sont arrivés sur l’île après de terribles périples", a expliqué le pape François, rendant un hommage appuyé au fondateur de ce centre, un franciscain de 91 ans qui continue à œuvrer pour les migrants.
Sur les pas de saint Paul
Le Pape a expliqué que la dénomination de "laboratoire de la paix" attachée à ce centre peut s’appliquer à Malte dans son ensemble, "si elle puise dans ses racines la sève de la fraternité, de la compassion et de la solidarité". "Le peuple maltais a reçu ces valeurs en même temps que l’Évangile, et grâce à l’Évangile, il pourra les garder vivantes", a-t-il assuré.
Sur les pas de saint Paul, le Pape est donc "allé confirmer ce peuple dans la foi et la communion", en saluant aussi sa force missionnaire : de ce petit pays sont en effet partis de nombreux missionnaires "portant un témoignage chrétien dans le monde entier", "comme si le passage de saint Paul avait laissé la mission dans l’ADN des Maltais", a salué le pape François.
Malte, une "rose des vents"
Il a toutefois reconnu que ce pays a besoin d’une "nouvelle évangélisation", car "là aussi souffle le vent du sécularisme et de la pseudo-culture mondialisée du consumérisme, du néo-capitalisme et du relativisme". Il a expliqué que ses visites à la Grotte de saint Paul et au sanctuaire marial de Ta’Pinu, sur l’île de Gozo, visaient à encourager l’Église locale "pour que l’Évangile jaillisse à Malte avec la fraîcheur des origines et ravive son grand patrimoine de religiosité populaire".
Sur un plan géopolitique, Malte est une sorte de "rose des vents", où "les peuples et les cultures se rencontrent ; c’est un point privilégié d’où l’on peut observer la zone méditerranéenne dans une perspective à 360°". Ce contexte géographique et humain est précieux et rare dans un monde où "la logique dominante est celle des stratégies des États les plus puissants pour faire valoir leurs intérêts en étendant leur zone d’influence économique, idéologique et militaire", a souligné l’évêque de Rome.
Le Pape a regretté que "la vieille histoire des grandes puissances concurrentes" se soit poursuivie après la Seconde Guerre mondiale, et il a remarqué que "dans la guerre actuelle en Ukraine, nous sommes témoins de l’impuissance des organisations internationales".
Nous semons, mais c’est le Seigneur qui fait pousser.
A contrario, "Malte représente, dans ce cadre, le droit et la force des “petits”, des petites nations, mais riches d’histoire et de civilisation", qui doivent mettre en avant les notions du "respect et de la liberté, de la convivialité des différences, opposées à la colonisation des plus puissants", a-t-il expliqué.
"Nous semons, mais c’est le Seigneur qui fait pousser. Que son infinie bonté accorde des fruits abondants de paix et de tout bien au cher peuple maltais", a conclu le pape François en remerciant les organisateurs de son 36e voyage apostolique.