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Contrairement à la majorité des prophètes, Jésus n’attendit pas que les gens viennent le consulter. C’est lui qui va à leur rencontre. Il se déplace de village en village, de localité en localité. Comme un VRP du Royaume, il est toujours en déplacement. À tel point que l’on peut se poser la question : Jésus a-t-il jamais possédé un "chez-soi" ? Son ministère itinérant en Galilée s’effectue à partir de la plaque tournante et base de repli offerte par la maison de Pierre, à Capharnaüm, là-même où il guérit la belle-mère de celui-ci.
Dès le début de son ministère public, il semble avoir quitté définitivement la maison de Nazareth où il vivait avec sa mère, Marie. À douze ans, à l’occasion du pèlerinage pascal, Jésus a déjà faussé compagnie à ses parents en allant vivre durant trois jours dans le Temple de Jérusalem. Mais là aussi, il n’est pas chez lui mais chez son Père céleste, comme il déclare lui-même (Lc 2, 49).
"Les renards ont des terriers et les oiseaux ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit où il puisse se coucher et se reposer" répondit-il à un homme qui lui disait : "Je te suivrai partout où tu iras" (Mt 8, 20). Cette affirmation accrédite la thèse selon laquelle le Christ n’eut aucun domicile sur cette terre. Quel paradoxe ! En tant que Verbe, il est le Créateur et à ce titre, le monde est un peu sa propriété, ce que le prologue de l’évangile de Jean traduit ainsi : "Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu" (Jn 1, 11). Jésus avait donc un chez-soi : cette terre ! Toutefois, l’inhospitalité et la malice des hommes firent qu’il n’y fut jamais chez lui.
Il n’est véritablement chez lui que durant le bref intervalle de temps entre la mort de Joseph et le début de son ministère public.
Il naît à Bethléem, sur la terre des ancêtres davidiques de son père Joseph. À Nazareth, il passe sa jeunesse chez ses parents. Finalement, il n’est véritablement chez lui que durant le bref intervalle de temps entre la mort de Joseph et le début de son ministère public. Il est alors le charpentier, le fils de Joseph, celui qui a repris l’affaire paternelle. Il vécut là avec sa mère jusqu’à ce que l’Esprit le pousse sur les routes de Galilée. À partir de ce moment, il est toujours chez les autres. En Galilée, Pierre l’héberge le plus souvent. Lorsqu’il monte à Jérusalem pour les grandes fêtes religieuses, il dort vraisemblablement chez Lazare et ses sœurs, Marthe et Marie, à Béthanie, une localité à proximité de la ville sainte. Même la Cène, alors qu’il est la puissante invitante du repas, se déroule dans la salle du Cénacle qui n’est pas son domicile !
Jésus est toujours chez les autres ! En tant que Messie, il aurait pu du moins mourir à Jérusalem, la ville du grand roi. Lui-même ne dit-il pas : "Il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem" (Lc 13, 33) ? Et pourtant, n’est-ce pas à l’extérieur de la ville qu’il est exécuté ? "Ils prirent Jésus qui, portant lui-même sa croix, sortit de la ville pour aller au lieu-dit du Crâne, en hébreu Golgotha, où ils le crucifièrent" (Jn 19, 16-17). Même dans sa mort, Jésus ne put mourir chez lui, à l’intérieur des remparts de la ville sainte !
Jésus n’a pas ouvert de boutique du Royaume
Quels enseignements tirer de cette constante ? D’abord, Jésus s’est fait tout à tous, comme saint Paul (1 Co 9, 22). À cette fin, son confort passe après l’intérêt de l’humanité qu’il est venu sauver. Cette absence de chez-soi est la conséquence de son zèle à guérir les âmes. Ensuite, la bonne nouvelle du Royaume qu’il annonce et réalise en sa personne, est affaire trop importante pour être proposée comme une vulgaire marchandise sur un étal de spiritualité. Jésus n’a pas ouvert de commerce religieux. Il sait que le Royaume est à ce point grandiose et quasi-incroyable que jamais les hommes ne seraient venus le "consulter" à cette fin s’il avait décidé d’ouvrir une boutique à son compte. Il faut qu’il se déplace lui-même vers eux afin de leur proposer ce qu’ils n’auraient jamais demandé spontanément.
Car son amour est trop pur, son dessein de nous diviniser, de faire de nous des fils de son Père, de nous donner la vie éternelle, trop grandiose, pour que les hommes les comprennent d’emblée. Aussi, Jésus n’a-t-il d’autre choix que de faire le siège de ses contemporains pour annoncer et accomplir l’Inouï, l’Impensable. Et pour cela, il fallait renoncer à un chez-soi.
Jésus habite chez son Père
Certes, de droit, Jésus possède deux chez-soi. Le premier est notre intériorité. En tant que Sauveur, il peut revendiquer d’être chez lui dans nos cœurs. Mais respectueux de nos libertés, il ne s’impose jamais, au point qu’avant l’effusion de l’Esprit saint, à la Pentecôte, l’humanité resta sourde à son Évangile et que lui-même vécut comme un prophète errant durant son parcours terrestre.
Le second chez-soi du Christ est le Royaume invisible de son Père. "Maître, où demeures-tu ? lui demandent ses deux premiers disciples. — Venez et voyez" leur répond-il (Jn 1, 38). L’évangile ne précise ni où ils allèrent ce jour-là, ni ce qu’ils virent. En fait, par ces paroles mystérieuses, Jésus désigne le royaume immense et invisible de son Père. Jésus est "tourné vers le sein de Dieu" précise le quatrième évangile (Jn 1,1). Et ce qui est valable pour l’éternité l’est également pour son existence terrestre. "Dans le sein de Dieu" : tel est son chez-soi ! Ainsi, si Jésus n’a pas de domicile à lui, c’est parce que le Royaume est, et reste pour l’éternité, son domicile. Or, le Royaume n’est pas localisable et excède toute grandeur humaine et terrestre !
Jésus est toujours chez les autres parce qu’il est venu pour nous [...] Il est tout entier à nous, tout entier à sa mission.
Si bien que Jésus est toujours un hôte, un invité sur cette terre. Certains l’invitent à leur table, comme Simon le pharisien ou Lévi le publicain après son appel (Mt 9, 9-10). Par cette précarité de condition, Jésus nous fait déjà la grâce de l’accueillir. Jésus est toujours chez les autres parce qu’il est venu pour nous, non pour faire du tourisme ! Il est tout entier à nous, tout entier à sa mission. Ne pas posséder un moment à lui signifie concrètement pour lui ne pas posséder un endroit à soi — signe d’une vie donnée ! Cependant, note plus printanière, Jésus n’est jamais chez lui tout simplement parce qu’il se plait parmi nous ! C’est ce qu’a prophétisé le livre des Proverbes en affirmant de la Sagesse qu’elle "trouve ses délices parmi les enfants des hommes" (Pr 8, 31). Au fond, parmi les hommes, Jésus n’eut jamais qu’un chez-soi véritable ici-bas : le cœur de sa Mère.