Quoi de plus saisissant que le contraste entre la prière des scouts autour d’un feu de camp et la violence d’un monde complice de la guerre et de la misère ? Pour le père Benoist de Sinety, curé de la paroisse St-Eubert de Lille, le chant des scouts est un message : rien ne peut éteindre le feu de l’Espérance.
Les étincelles montent vers un ciel d’où tombent, virevoltent, des flocons blancs. Le feu de camp crépite dans le silence de la neige. Tout autour, les scouts et les guides sont assis, ils chantent, ils rient, ils sont heureux. Tout à l’heure, ils prieront avec ces mots qui s’élèvent de tous les feux de camp depuis un siècle maintenant : « Seigneur Jésus, apprenez-nous… » Beaucoup de choses ont changé dans le scoutisme depuis l’époque du père Sevin. Mais pas la prière, avec ce vouvoiement de Dieu qui n’est plus guère d’usage mais qui demeure intangible dans la mélodie de ce chant doux.
Quelle est donc cette grammaire, que demandent à apprendre ces jeunes aux chemises de toutes couleurs ? La générosité, le service, le don, l’abnégation, le travail et, au final d’épouser dans leurs jeunes vies, Dieu lui-même. De le laisser advenir en eux, chaque jour un peu plus. Ce n’est pas rien pour un pays, pour une humanité, que d’avoir en son sein quelques milliers, quelques centaines de milles, quelques millions même, de jeunes qui murmurent de leurs lèvres cette demande-là. Bien sûr, comme dans toute prière collective, chacun prononce des mots qui pour une part lui échappent, certains répètent sans bien y réfléchir, d’autres pensent à autre chose. Mais, n’empêche, ils les disent ces mots. Et ils se gravent en eux, dans une mémoire qui, même ignorée, continuera de semer en eux la marque d’une Présence.