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Présidentielle : quelle politique familiale pour les cinq prochaines années ?

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Jean-Didier Lecaillon - publié le 31/03/22

Tout projet politique se révèle à travers la place qu’il réserve à la famille dans la société. Pour l’économiste Jean-Didier Lecaillon, le prochain président de la République aura l’ambition d’une véritable politique familiale s’il redonne à la famille sa liberté en tant que famille, et si son rôle éducatif, économique et social est vraiment reconnu.

Bien que la politique familiale soit quasiment absente des débats, la famille reste un sujet important. Elle est considérée par une majorité de Français comme une valeur sûre, elle est toujours présentée comme la « cellule de base de la société ». Il ne s’agit pas ici d’élaborer un programme partisan. En revanche, en s’appuyant sur des références historiques et/ou factuelles, mais aussi sur les fondements de la politique familiale, il est possible non seulement de réduire les confusions qui marquent la question familiale mais aussi de dénoncer les incohérences préjudiciables sur le plan politique. 

Pour aller à l’essentiel, la promotion de la famille passe, au-delà d’une dimension privée bien réelle, par une réflexion approfondie sur sa place dans la société ; l’élection présidentielle est l’occasion de préciser quelle est à ce sujet la vision de ceux qui aspirent à diriger le pays. Une politique familiale revient en effet à promouvoir la famille, ce qui passe par sa reconnaissance institutionnelle, la possibilité d’un choix libre et, sur le plan économique, la valorisation de la production domestique. 

L’insertion de la dimension familiale dans toutes les politiques serait un premier pas hautement symbolique pour manifester que la famille reste la « cellule de base ». Au-delà, il faut rendre à la famille sa légitimité culturelle, ce qui passe par des mesures durables, indispensables pour assurer confiance et sécurité ; telle est la différence entre une politique qualifiée de « sociale » quand il s’agit de corriger des situations mauvaises dont on cherche à sortir, et une politique visant à assurer la réalisation d’un projet et l’épanouissement de ceux qui le conduisent. Redonner la parole aux familles tout en accordant la priorité aux familles nombreuses, celles qui contribuent le mieux à l’équilibre démographique, sans négliger la prévention, la reconnaissance sociale et bien entendu la lisibilité restent une possibilité trop négligée et pourtant significative. 

C’est ainsi que vouloir aider plus particulièrement les familles monoparentales, souci avancé par plusieurs candidats, peut s’inscrire dans le cadre d’une politique sociale « d’aide à l’enfant », mais n’est pas cohérent avec l’importance d’assurer stabilité et durée de l’union d’un homme et d’une femme ayant le projet d’avoir et d’élever un ou plusieurs enfants. La promotion de la famille pour elle-même, qu’il ne faut pas confondre avec l’assistance aux plus démunis, justifie celle du mariage et l’absence de conditions de ressources ; de façon complémentaire, la question se pose de l’alourdissement des charges financières des parents défaillants.

Assurer la reconnaissance institutionnelle de la famille

En réduisant le mariage civil à ses conséquences patrimoniales, l’importance de la reconnaissance institutionnelle de la famille comme acteur de la vie sociale a été perdue de vue de telle sorte qu’elle n’est plus considérée comme un tout mais seulement comme un regroupement d’individus, non « pour le meilleur et pour le pire » mais le plus souvent temporaire.

La création d’un statut parental ouvrant des droits à une formation et à la retraite est à envisager dans le prolongement d’une telle reconnaissance tandis que la remise en cause du quotient familial, ou son plafonnement, illustre le fait que moins on comprend la politique familiale, plus elle est en danger. En effet, l’affirmation selon laquelle il s’agirait d’une « niche fiscale » est la conséquence d’une vraie erreur méthodologique. En revanche, la proposition d’instaurer une pleine part pour le deuxième enfant va dans le bon sens contrairement à l’instauration du prélèvement à la source.

Permettre le libre choix du nombre d’enfants

La question est bien celle de savoir ce qui fait qu’une famille pourra effectivement choisir d’avoir le nombre d’enfants souhaité. Cette réalisation n’est pas assurée aujourd’hui, ce qui laisse de la place pour une politique faite non de contrainte mais de responsabilité. De ce point de vue, la proposition de différents candidats d’indemniser la garde d’enfant à domicile, ce qui en soit n’est pas sans fondement, sans envisager d’aider ceux qui font le choix de garder leurs propres enfants, interroge ! Dans la même optique, la mise sous conditions de ressources d’un nombre de plus en plus important de prestations est une illustration supplémentaire de la confusion entre politiques sociale et familiale ; elle a en outre des effets pervers et est source d’inégalités au détriment des familles mono-actives. De façon plus positive, certains candidats expriment leur volonté de rétablir l’universalité des allocations familiales. 

Valoriser la production domestique des familles

Une autre confusion revient à confondre politique familiale et politique nataliste. Sans nier l’existence d’un lien, elle est réductrice, le risque étant de sous-estimer tous les services producteurs de richesse rendus par les parents qui, non seulement ont des enfants mais surtout les éduquent. Beaucoup reste à faire à ce propos, la question de la rémunération de la production domestique restant au cœur du sujet bien que rarement mentionnée par les différents candidats. 

En attendant, quelques dispositions pourraient être envisagées à l’occasion des réformes annoncées de la fiscalité et des retraites : si la suppression des avantages familiaux propres aux retraites complémentaires fut le signe d’une incompréhension de l’apport des familles à leur financement, il faudrait sonder les différents candidats sur la possibilité de déduire du revenu imposable le coût de la formation du « capital humain ». Quant à la dénonciation du coût de la politique familiale, mauvais prétexte avancé par ceux qui prétendent vouloir promouvoir la famille tout en ajoutant que la situation économique ne le permet pas dans l’immédiat, elle est la conséquence d’une logique comptable ignorant qu’il s’agit d’un investissement. 

Faire preuve de subsidiarité

Pour conclure, pour ceux qui cherchent des perspectives de renouveau, la situation actuelle est directement la conséquence du fait que l’enfant a progressivement été déconnecté de sa famille : il n’a plus de famille, il passe d’une famille à l’autre ; il est « citoyen » avant d’être « fils de et de… » ; c’est la manifestation de la survalorisation de l’individu, du désir, de la liberté des pulsions, idéologie certes de plus en plus dominante mais opposée à la conception concrète et humaine du capital. À terme, c’est la négation du fait que la famille commence avec la rencontre d’un homme et d’une femmequi s’engagent l’un envers l’autre devant la société ; l’enfant vient après. 

Quant au risque réel d’ »étatiser » la famille, il sera évité si l’accent est mis sur l’autonomie, la liberté et la responsabilité plutôt que l’assistance ; il s’agit de faire preuve de subsidiarité. Il est vrai que l’échange entre les générations, longtemps assuré au sein de la famille, étant désormais organisé au niveau du pays, la première ayant été remplacée par l’entreprise comme unité de production, le rôle éducatif, économique et social de la famille a tendance à être ignoré. La famille n’est donc plus de fait considérée comme la « cellule de base de la société ». Le retour à une politique d’un véritable libre choix passe par la question suivante : qu’est-ce qui fait qu’une famille pourra effectivement choisir d’avoir les enfants qu’elle souhaite avoir ? C’est une question d’autant plus intéressante à poser aux candidats qu’elle est au cœur de celle d’un « développement durable ».

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