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Les petits secrets du pape François

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Vatican Media

Agnès Pinard Legry - publié le 31/03/22

Son poème favori, ce qu’il mange, son plus grand désir, son principal défaut… Le pape François se livre en toute simplicité – et franchise – dans un livre-entretien inédit, "Des pauvres au Pape, du Pape au monde", publié ce 1er avril. Petites révélations inattendues.

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Le pape François a répondu sans fard et sans détour à une centaine de questions posées par des pauvres du monde entier. Ces échanges, rassemblés dans un livre-entretien intitulé Des pauvres au Pape, du Pape au monde et publié vendredi 1er avril aux éditions du Seuil, balayent des sujets variés allant de son quotidien dans ses aspects les plus concrets à sa vie de foi, ce qui l’anime etc. Aleteia a choisi 21 morceaux passages tour à tour insolites, improbables et touchants.

Son poème favori

Un poème… Vous savez, j’ai une part mélancolique. Et j’aime beaucoup me répéter un poème français qui reflète bien mon cœur quand il est mélancolique. Il est de Verlaine : « Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone… » Un livre ? Je ne sais pas, j’aime beaucoup de livres… J’aime les classiques. Et parmi eux, mon préféré est sûrement l’Énéide. J’ai lu aussi beaucoup d’auteurs modernes. Mais les classiques m’ont davantage formé. Il y a un autre poète français que j’aime beaucoup, c’est Baudelaire, et ses Fleurs du mal. Mais il y en a bien d’autres.

Lors d’un entretien accordé à l’hebdomadaire catholique anglais The Tablet en avril 2020 le pape François, ancien professeur de littérature, avait indiqué qu’en cette période d’incertitude (le monde se confinait face à la pandémie de Covid-19), « la créativité des chrétiens doit se manifester en ouvrant de nouveaux horizons, en ouvrant des fenêtres, en ouvrant la transcendance vers Dieu et vers les gens ». Pour cela, certains vers deL’Enéide, grand poème épique du poète latin Virgile, peuvent apporter du réconfort, avait-il souligné. Cette œuvre raconte comment Enée, prince troyen, doit quitter sa Troie tombée aux mains des Grecs, événement raconté par Homère dans L’Iliade. Dans sa fuite, ses compagnons et lui se retrouvent assaillis par de nombreux ennemis. Pour les rassurer, leur chef déclare alors : « Reprenez du courage et chassez la crainte qui vous accable : un jour peut-être ce souvenir vous sera doux ! » De fait, la légende d’Enée raconte comment le prince troyen arriva finalement dans la campagne tranquille du Latium et fit « renaître le royaume de Troie » dans ce qui allait devenir Rome.

Ce qu’il mange

Jusqu’à il y a trois ans, je mangeais de tout. Maintenant malheureusement, j’ai une sérieuse complication intestinale, une diverticulite aiguë, et je dois me nourrir de riz bouilli, de pommes de terre bouillies, de poisson grillé ou de poulet. Du simple, simple, simple…

Le pape François a été hospitalisé en juillet 2021 pour être opéré d’une « sténose diverticulaire symptomatique du côlon », une opération qui a abouti à l’ablation de 33 centimètres d’intestin, et a dû rester dix jours en convalescence à l’hôpital Gemelli. Il souffre par ailleurs régulièrement de problèmes de hanche et montre certaines difficultés à marcher.

Le moment qui le détend particulièrement

Moi, ce qui m’adoucit, ce qui me « désenrage » et ce qui me calme, c’est d’écouter de la musique. Et plus précisément Wagner.

En février 2022 il avait déjà confié lors d’une interview que la musique était une de ses passions.

Ce qu’il admire le plus chez les gens

La simplicité et la transparence. Qu’ils se montrent comme ils sont, et qu’ils soient simples. C’est ainsi que j’aimerais être, parce que je dois parfois trop faire dans la diplomatie, c’est-à-dire ne pas être simple. La simplicité me séduit, et quand je vois des gens simples et transparents, cela me fait du bien.

Cette simplicité, François n’a cessé d’en témoigner depuis le début de son pontificat.

Son jeu favori

Le football ! Mais je n’y joue pas. En plus, quand j’étais jeune, on me mettait toujours au but parce que je jouais mal. On me disait que j’avais les deux pieds dans le même sabot, et on me mettait là.

Le football… la grande passion de François ! Il est même un fervent supporter du San Lorenzo, le célèbre club de football de Buenos Aires (Argentine). Lors de voyages apostoliques à l’étranger ou de visites au Vatican, combien de fois ne lui a-t-on pas offert le maillot du club local ou un ballon dédicacé, qui viennent immanquablement s’ajouter à une collection qui n’a cessé de s’étoffer au cours de ses années de pontificat… 

Ce qu’il fait en période d’incertitude

Notre tentation dans ces moments est d’en finir rapidement. Mais moi, je m’arrête, ou du moins j’essaie de m’arrêter. Parce qu’il m’arrive en effet d’être dans l’inquiétude et de vouloir en sortir. Et quand je fais ainsi, ça se passe mal. Alors j’essaie de m’arrêter et de prendre le temps : de considérer les choses, de consulter des gens, prier, laisser passer quelques jours et voir… Lire un document aujourd’hui et le revoir le lendemain. Lentement. Comme les poules quand elles couvent leurs œufs : elles les retournent tous les jours pour en prendre soin. Quand il y a une incertitude sur une décision à prendre, il faut tourner et retourner les choses, jusqu’à ce qu’on se décide.

Le Pape prend en effet chaque jour un moment de « repos dans le Seigneur » pour connaître la volonté de Dieu. Pourquoi ? Parce qu’ « l révèle son plan d’amour sur nous, quand nous sommes au repos ». Ce repos est nécessaire « à la santé de nos esprits et de nos corps », avait-t-il déjà affirmé par le passé. S’il n’est pas toujours facile d’y parvenir avec tous les fardeaux qui pèsent sur le quotidien de chacun, ce repos « est essentiel pour écouter la voix de Dieu et comprendre ce qu’il demande ».

Ses défauts

Je suis soupe au lait. Comment le dire ? Impatient… Je réponds quelquefois trop vite. Je me suis parfois cru supérieur aux autres. Je n’ai parfois pas eu la patience d’attendre. Et ce sont des défauts qui sont tous liés au sentiment d’autosuffisance, qui est une racine très amère, très laide, que je dois tout le temps surveiller.

La photo qu’il a sur son bureau

J’ai sur mon bureau la photo d’un tableau, Les Sanglots de Pierre, dans lequel Pierre pleure après avoir trahi Jésus. Elle me fait me souvenir de cette grâce. Il y a une très belle prière qui dit : « Toi qui as fait jaillir l’eau de la pierre quand Moïse l’a frappée, fais que jaillissent des larmes de mon cœur de pierre. » C’est une belle prière liturgique, qu’on peut dire pendant une messe pour demander le don des larmes.

Si le Seigneur nous a donné la capacité de pleurer, c’est pour que nous l’utilisions. Il n’y a rien de pire qu’un chagrin rentré, qui n’arrive pas à se dire par les larmes. Et rien de plus dur que de pressentir la douleur d’une personne aimée et de la voir serrer les dents et le cœur pour ne pas montrer sa détresse. Pleurer n’est pas le signe que l’on manque d’espérance. Au contraire.

Une scène qui l’a particulièrement ému

Beaucoup de choses m’ont marqué, oui. À différents moments. Les plus humaines surtout, celles qui tiennent à la générosité… Une chose que j’ai vue et qui m’a chaque fois beaucoup ému, c’est la file d’attente des femmes devant la prison, quand elles viennent rendre visite à leurs fils ou à leur mari. Je passais en bus devant le bâtiment, et elles étaient là. Je voyais leur fidélité. Elles passaient outre la honte, elles se tenaient là, à la porte, et tout le monde savait qu’elles étaient la mère ou la femme d’un prisonnier. Peu leur importait. La fidélité. Cela m’a touché à l’intérieur de moi et cela m’aide tellement… Tellement.

S’il conduit encore

Plus maintenant. J’ai eu un accident… sans qu’il ne m’arrive rien, grâce à Dieu. J’avais roulé jusqu’à une ville située à 250 kilomètres de Buenos Aires, cinq heures de route, pour une ordination sacerdotale. Je suis allé à cette ordination, et quand elle a été finie, je me suis dit : « Je ne vais pas manger sur place parce que ça va m’endormir. » Et je suis reparti. Alors que je conduisais, il s’est mis à pleuvoir et à un moment la voiture a dérapé. J’avais cinquante ans et quelques, et j’ai pensé : « Quand ma vignette arrivera à terme, je ne la renouvellerai pas. » Car il m’a semblé que cet accident était un signe.

S’il ne conduit plus, il dispose de nombreuses voitures offertes, dont certaines pour ses déplacements officiels.

Son confesseur

Je me confesse au père Manuel. Un franciscain, qui m’a téléphoné aujourd’hui. Tous les quinze jours, il m’appelle et me dit : « Quinze jours ont passé. » Puis il vient, et il me confesse. Il s’appelle Manuel Blanco, il est espagnol. C’est le supérieur de l’une des communautés franciscaines de Rome. Et comme tous les franciscains, il est plutôt « coulant ». Qu’on me pardonne !

Le pape François a invité chacun, lors d’un Angélus prononcé en janvier 2022, à avoir le courage d’accueillir Dieu dans ses propres « zones d’ombre ».

Le choix de son nom

On m’a élu pape le soir du 13 mars 2013. Jusqu’à midi, je n’imaginais pas qu’on allait me choisir, mais pendant le déjeuner divers faits insolites m’ont donné le sentiment qu’on pensait vraiment à moi. […]. Il y a eu les deux derniers tours de scrutin, à l’avant-dernier c’était presque sûr ; mais il manquait encore quelques voix. Lors du dernier, je suis « sorti ». J’égrenais mon rosaire et j’ai demandé de la lumière, dans une grande paix. J’avais à côté de moi le cardinal Hummes, un franciscain brésilien. Lorsque j’ai été élu, il m’a embrassé et m’a dit : « N’oubliez pas les pauvres. » Et moi, je me suis répété intérieurement : « Les pauvres, les pauvres… » C’est là qu’a surgi le nom de François, il Poverello.

Dès le début de son pontificat, il avait partagé son rêve d’une « Église pauvre pour les pauvres ». Le choix du nom de saint François d’Assise, « le pauvre d’Assise » a été pour ainsi dire le point de départ.

Son plus grand désir

Je dirais spontanément : être un bon prêtre. Je ne m’étais jamais posé cette question, mais ma réponse vient du cœur.

« Un bon ‘‘test’’ pour connaitre comment est notre cœur de pasteur est de nous demander comment nous réagissons face à la douleur », avait-il souligné dans une lettre adressée en 2019 aux prêtres à l’occasion de la saint Jean-Marie Vianney. « Nous avons tous besoin de la consolation et de la force de Dieu et de nos frères dans les temps difficiles. »

Sa définition du bonheur

Le bonheur, c’est l’harmonie entre ce que l’on est, ce que l’on veut et ce que l’on rencontre. C’est aussi une harmonie dans la manière de surmonter les épreuves et les difficultés. On peut être heureux, en sourdine en quelque sorte, dans les moments les plus difficiles. Car le bonheur, c’est cela, cette harmonie entre ce que je veux, ce que je sens, ce que je fais, ce que je pense.

C’est sa simplicité conjuguée à une bonne dose d’humour qui permettent au pape argentin de vivre en harmonie avec lui-même et avec les autres. Au cours de différents entretiens, il a livré ses conseils au sujet de sa forme et sa « paix intérieure. »

S’il pouvait changer une seule chose dans le monde

Une bien drôle de chose me passe par la tête pour vous répondre : le mot « mère » ou « maman ». Que tout le monde ait une maman ! Que tous fassent l’expérience de ce que c’est que d’avoir une maman. Je souffre quand je vois ces enfants ou ces jeunes hommes, ces guachitos, comme on dit dans mon pays, qui n’ont pas de maman. Ils ont une mère, mais celle-ci n’a pas été une maman. Je souffre beaucoup pour ces orphelins. Je pourrais le dire aussi de ceux qui n’ont pas de père, mais je parle ici de la mère parce qu’il me semble qu’elle pèse d’un plus grand poids symbolique.

Sa sainte préférée

Sainte Thérèse de Lisieux.

Nommée patronne des missions en 1927, sainte Thérèse de Lisieux est une constante source d’inspiration pour les chercheurs de sens et de sainteté. Elle est « la plus grande sainte des temps modernes », selon le pape Jean Paul II.

Sa prière à son ange gardien

Ange de Dieu qui est mon gardien
Une piété éternelle m’a recommandé à toi
Aide-moi, sauve-moi, et porte-moi à la vie éternelle

Si la vocation des anges est de chanter la gloire de Dieu, ils remplissent également un office quotidien auprès de chacun de nous. 

La place de Marie dans sa vie

Mon premier livre en tant que pape a été un entretien que l’on m’a demandé, et dans lequel j’ai dit tout ce que j’avais à l’intérieur de moi. Ce livre s’appelle Es mi madre2 . Je parle à Marie comme un fils à sa mère, et je lui demande de parler à Jésus de mille choses. Oui, la Vierge compte beaucoup dans ma vie.

Sa prière préférée

C’est variable, cela dépend des moments. J’ai coutume de prier le rosaire, bien que j’en sois souvent distrait. Parfois, je me pose devant le Seigneur et je reste ainsi en silence, et cela m’aide. Parfois aussi je prends la Bible et je récite un psaume, et j’en retiens toute la saveur ; ou encore je m’attache à un épisode de la Bible… Bref, c’est variable et tout me plaît, car si l’on se met dans la prière et qu’on attrape son goût, on se trouve comme l’enfant gourmand qui mange une glace et en demande une autre, et encore une autre.

Le pape François est un homme d’action, mais c’est d’abord un homme de prière, qui se lève chaque jour à 4 heures du matin pour prier et faire oraison.

Ses vêtements

Le pape pouvait être vêtu de n’importe quelle couleur jusqu’à saint Pie V, un dominicain qui décida de conserver l’habit de son ordre. C’est de là que vient la tradition de ce vêtement blanc. Mais je ne porte pas de chaussures rouges ni de pantalon blanc. Deux jours après mon élection, on m’a dit : « Saint-Père, il faut que vous portiez des pantalons blancs. » Je leur ai répondu : « Je ne suis pas glacier ! »

À noter qu’après son élection au pontificat, François a fait ajouter une petite poche à l’intérieur de sa soutane, pour toujours avoir ce crucifix près de son cœur. « Et lorsqu’il me vient une pensée mauvaise contre quelqu’un, ma main se pose toujours ici. Et je sens la grâce ! », expliquait-il.

La question qu’il se pose le soir

lorsque le soir je prie et j’essaie de faire mon examen de conscience, de voir ce qui s’est passé pendant la journée, comment je l’ai vécue, une question me revient toujours : l’ai-je vécue dignement ? Avec dignité ?

depuis le début de son pontificat François n’a de cesse d’évoquer et défendre la dignité. « Instruire les pauvres, c’est leur rendre leur dignité », avait-il lancé lors d’une audience générale en 2017. S’exprimant lors d’un congrès mondial contre la peine de mort deux ans plus tard, il avait réaffirmé : « Chaque vie est un bien et sa dignité doit être assurée sans exception ». Plus récemment, depuis le début de la pandémie de Covid-19, il a multiplié les appels à faire de cette période de crise une occasion de rétablir la dignité. La dignité de tous.

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