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Lettre à saint Joseph : “Comment planquer le Messie ?”

HOLY FAMILY
Joseph Challier - publié le 18/03/22
À l'occasion de la fête de saint Joseph ce 19 mars, Aleteia publie la dernière "lettre à saint Joseph" de notre chroniqueur Joseph Challier. Drolatique. (5/5)

Cher saint Joseph,

Mieux que James Bond, j’ai nommé Joseph, maître es camouflage.

Comment planquer le Messie ? Diverses possibilités s’offraient à toi, Joseph. La fuite ? Non. Vous débarquez bien en France, mais plus tard. Jésus à Paray le Monial, toi à Cotignac et Marie… ben, un peu partout. Prendre le maquis ? Pas de forêt en Galilée, vous laissez donc l’idée à Robin des Bois. En fait, vous avez donné le change. Pour cacher Jésus, rien de mieux que de lui donner une vie normale, banale.

Pendant de longues années, tu as mené ta vie de petit notable de Nazareth. Artisan en une époque où cela est honoré ; descendant de David, ce qui fait toujours son effet. Tu as accepté cette place, tu étais connu et respecté, tu faisais partie du paysage. Tu n’as ni fui, ni démissionné, par fausse humilité. Tu as tenu ton rôle. Tu as accepté de jouer la duperie et de passer pour le père de Jésus. Tu es la caution sociale, (administrative ?), de Jésus. Tu légitimises Jésus. Jésus n’aurait pas pu venir en une Marie célibataire. Imaginez les potins à la synagogue. « Elle a fait un bébé toute seule... » Et laissez-moi vous dire qu’elle aurait danser d’une autre danse, la Marie. Tu as accepté d’être dans la lumière, pour que Jésus soit dans l’ombre, qu’il puisse grandir en paix, loin des regards. Quelle humilité.

Je t’imagine bien Joseph à la sortie de la salle de prière, parlant tout aussi fort que les autres du Messie qui viendrait.

Je t’imagine bien Joseph à la sortie de la salle de prière, parlant tout aussi fort que les autres du Messie qui viendrait. Répondant à l’impatience de certains par une sage espérance (tu m’étonnes !) « Vous savez, moi, je crois qu’il faut se préparer. Je pense que c’est pour bientôt. » On frise avec la triche, là, Joseph. Mais en soi, tu ne sais pas quand les choses sérieuses commenceront. Pour l’instant, tu vois la Sagesse s’amuser avec son jeu de bois, jouer (sagement ?) avec ses camarades ou poncer une planche. Alors, le Messie… qu’il arrive, oui !

Ceci-dit, qu’expliquais-tu à tes proches ou voisins lorsque ton grand garçon de Jésus disparaissait plusieurs jours ? Une partie de la vérité ? Qu’il se retirait dans la montagne ou au désert pour prier ? Mais c’était attirer sur lui. Ou bien, Jésus profitait-il d’un travail de plusieurs jours dans un village voisin pour s’arrêter en route et prier. Oui, ça doit être ça. Si Jésus se retirait déjà pour prier, il le faisait après un chantier. Ni vu, ni connu. Quoi de plus surprenant qu’un chantier qui dure plus longtemps que prévu ?

En tout cas, mission accomplie. Personne n’a vu partir le coup. Aucun voisin ne s’est douté de quelque chose. Nul n’a rien soupçonné. Nazareth s’est endormie un soir avec un fils de charpentier ayant repris l’affaire de son père défunt ; le lendemain, Jésus était parti au désert ; quelques temps plus tard, il est revenu entouré de douze types, prêchant avec force à la Synagogue. « Qu’est-ce que c’est que ce binse ? » « Mais ?! c’est le fils de Joseph ! »

Merci de ton bel exemple d’humilité vraie. Tu as tenu ta place. Tu as refusé les mensonges du style : « Mon Sauveur gère, je n’ai donc rien à faire, et puis je suis nul... » Impossible pour toi d’écouter longtemps cette tentation puisque Ton Sauveur… est en train de repeindre le mur de la pièce à vivre ! Et c’est à toi de lui apprendre que, non, les figues ne servent pas à ça. Aussi simple et banal que puisse paraître cette scène, c’était ton devoir d’état, c’est-à-dire l’expression quotidienne de ta mission éternelle. Or, moi aussi, mon humilité se vit dans ma capacité à accepter et mener à bien ma mission, petite ou grande. Usant pour cela des talents offerts par Dieu, et confiant mes lacunes à la miséricorde. Joseph, tu n’as pas non plus pris la folie des grandeurs. Tu n’as rien exigé de Dieu en échange de services rendus. Tu as fait rimer humilité avec simplicité.

Aujourd’hui encore, Joseph, tu es la discrétion incarnée, parfois même déstabilisante. Tu es là, présent, efficace, sans être loquace. Rendre service, c’est ta façon d’aimer. Ton amour, parce qu’il est vrai, tient moins dans les mots que dans les actes, rarement signés. C’est ainsi et c’est très bien. Tu me fais penser à ce générique d’une série mythique : « d’un Z qui veut dire Zorro. » Pour toi, ce serait : d'un rien qui veut dire Joseph.

Merci encore.

Joseph

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