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Une cagnotte en ligne pour financer l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray ?

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De gauche à droite, Yassine Sebaihia, Farid Kheli et Jean-Philippe Jean Louis, trois des quatre accusés dans le procès de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray.

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Agnès Pinard Legry - publié le 26/02/22
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L’implication de Jean-Philippe Jean Louis, l’un des quatre accusés au procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, a été au cœur des débats cette semaine devant la cour d’assises spéciale de Paris. Il apparait qu'il soutenant activement le djihadisme notamment via la création de cagnottes en ligne.

On en fait habituellement pour un cadeau d’anniversaire, un projet humanitaire ou un voyage solidaire. Lui, c’est pour financer un attentat et soutenir des djihadistes qu’il l’a fait. Loin du rôle de "modérateur" qu’il prétend avoir joué, Jean-Philippe Jean Louis, l’un des quatre accusés au procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, était pleinement impliqué dans le soutien au djihadisme, notamment via la création de cagnottes en ligne, a estimé lundi 21 février un enquêteur de la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire, auditionné devant la cour d’assises spéciale de Paris.

Quinze cagnottes en ligne

Au cours de l’enquête sur l’assassinat du père Hamel le 26 juillet 2016, Jean-Philippe Jean Louis, également administrateur d’une chaîne ("Ansar At Tawhid") sur la messagerie cryptée Telegram, a affirmé qu’il cherchait à y "dialoguer" avec les djihadistes, en "reprenant leur façon de parler" pour changer leur "vision des choses". Mais aucun témoignage des personnes abonnées à cette chaîne ne vient confirmer cette version, a souligné cet enquêteur. Au contraire, sa chaîne avait "une véritable notoriété" dans la djihadosphère pour la diffusion de messages de propagande violents, la mise en relation de candidats au départ vers la Syrie et la diffusion de cagnottes de soutien.

Entre août 2015 et juillet 2016, quinze cagnottes en ligne sont ainsi créées avec ses identifiants, sous des intitulés vagues ("Aide pour notre sœur", "Aide pour tous", « Appel aux dons ») ou trompeurs ("Fête chez moi"). Elles rassemblent chacune quelques dizaines à quelques centaines d'euros et bénéficient pour certaines au compte de Jean-Philippe Jean Louis (plus de 2.500 euros ont atterri sur son compte), pour d'autres, à des tiers, comme "deux jeunes femmes belges connues pour leur radicalisation". Pour l’accusation, "ces cagnottes sont manifestement en lien et viennent en appui des projets djihadistes".

J'ai un plan avec un frère [...] je vais voir ça demain sur place.

Le policier antiterroriste souligne aussi qu’Adel Kermiche (l’un des deux assassins du père Hamel, ndlr), avait relayé plusieurs publications d'"Ansar At Tawhid" sur sa propre chaîne Telegram. Quant au second assassin, Abdel-Malik Petitjean, après avoir transmis au propagandiste Rachid Kassim sa vidéo d’allégeance au groupe État islamique... c’est sur la chaîne de Jean-Philippe Jean Louis qu’il s’était tourné.

Ouvert le 14 février et prévu jusqu’au 11 mars, le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray doit permettre en partie de déterminer le degré d’implication et de participation des accusés et de savoir s’ils connaissaient le projet des deux assassins du père Hamel. Or l'enquête a notamment montré que quelques heures après être entré en contact avec Adel Kermiche sur Telegram, dans la nuit du 21 au 22 juillet (le père Hamel a été assassiné le 26, ndlr), Abdel-Malik Petitjean recontacte Jean-Philippe Jean Louis lui affirmant vouloir "prendre un covoiturage" mais manquer d’argent, avant d’ajouter "j'ai un plan avec un frère [...] je vais voir ça demain sur place". 

"Je vais faire une cagnotte", lui propose alors Jean-Philippe Jean Louis, qui la créée effectivement dans l'après-midi. Mais il va la supprimer moins de 24 heures plus tard, sans rien dire à son interlocuteur. Abdel-Malik Petitjean et Jean-Philippe Steven Jean-Louis ayant échangé à plusieurs reprises sur ce sujet, il est flagrant, pour les enquêteurs, que l’accusé était au courant de projet d’attentat. Jugé pour "association de malfaiteurs terroriste", Jean-Philippe Jean Louis encourt trente ans de réclusion.

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