Il y a 425 ans, mourraient les premiers martyrs du Japon, dont des enfants qui subiront le supplice de la croix. Dans leur sang naîtra l’Église nippone qui survivra sans prêtres durant deux siècles et demi.
Après le passage de tant de pays et de provinces à la Réforme, l’Église en Europe est affaiblie. Comme s’il était nécessaire de compenser les pertes éprouvées par Rome, les missionnaires, au mitan du XVIe siècle, s’ingénient à gagner au catholicisme un maximum d’âmes dans des régions lointaines qui, jamais, n’ont entendu parler du Christ. L’immense chantier américain s’ouvre sous la protection de l’Espagne puis de la France, mais c’est l’Asie surtout qui attire les évangélisateurs. La Tradition, et il semble qu’elle dit vrai, affirme que l’apôtre Thomas, après l’Inde, a poursuivi sa route jusqu’en Chine et jeté les bases de plusieurs chrétientés, œuvre continuée cinq cents ans plus tard par des chrétiens de Perse fuyant la persécution. Que peut-il rester de ces églises lointaines coupées de la catholicité ? C’est l’une des questions auxquelles les missionnaires en partance pour l’Extrême Orient aimeraient répondre…
Le mystérieux Japon
Il est, en tout cas, une destination où l’on est sûr qu’aucun chrétien n’a jamais posé le pied : le mystérieux et très fermé archipel nippon. François-Xavier y débarque en 1549. Après quelques mécomptes dus à la jalousie du clergé bouddhiste, Il parvient à s’imposer grâce au statut diplomatique que lui a conféré le roi de Portugal. Si les résultats ne sont pas aussi spectaculaires qu’en d’autres endroits, où le saint s’est littéralement fatigué le bras à force de baptiser les foules, ils restent d’autant plus honorables que les Japonais ne sont pas gens à s’engager à la légère et savent se montrer fidèles, quoiqu’il en coûte, à leurs choix. Environ 500 personnes réclament le baptême dont un poète chanteur très célèbre qui sera le premier jésuite asiatique. Sa conversion en attire d’autres mais, en 1551, François-Xavier, qu’Ignace de Loyola vient de nommer Provincial des Indes orientales, doit retourner à Goa. Il ne reviendra jamais et mourra, le 3 décembre 1552 au large de la côte chinoise, en vue de cet Empire du Milieu qu’il espérait tant conquérir au Christ. « Je prie Dieu de me faire la grâce d’ouvrir la route pour d’autres, même si je ne puis aboutir à rien par moi-même », murmure-t-il en son agonie.