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“Deviens ce que tu es quand tu l’auras appris” recommande Pindare

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Joseph Challier - publié le 20/02/22
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Le philosophe grec Pindare disait : "Deviens ce que tu es quand tu l’auras appris." Développons ici son idée et tentons d’y apporter un éclairage chrétien.

Aujourd’hui, le développement personnel fait quasi figure de religion. Le "Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris" d’Oscar Wilde s’affiche sur les t-shirts. On peut en déduire que l’homme, d’aujourd'hui comme d’hier, se cherche. En son temps, le philosophe grec Pindare disait : "Deviens ce que tu es quand tu l’auras appris." Son conseil fait écho à d’autres questions  : "qui suis-je ? qu’est-ce qui fait ma différence avec l’escargot ? qu’est-ce qui me rend homme ?"

Que veut dire Pindare ? "Deviens" inclut le temps. Qui n’est pas un ennemi mais un allié. Car il permet d’inclure une notion indispensable de gradualité au sein de mon désir de croissance. Nul n’est vertueux par état statique. Toute vertu s’acquiert par dynamique. Notre existence est en devenir, en marche. "Deviens" renvoie aussi à la responsabilité personnelle. Chacun est capitaine de son navire. "Ce que tu es" affirme l’unicité de chaque personne humaine. Je ne suis pas l’autre. Je suis. Et je vaux le coup d’être ! Si le groupe écrase la personnalité de chacun de ses membres, alors ce n’est pas de l’unité mais sa mauvaise copie l’uniformité.

"Quand tu l’auras appris" sous-tend l’apprentissage. Etre, cela s’apprend. Et se reçoit. Depuis la fantastique rencontre du spermatozoïde de mon père et de l’ovule de ma mère, je ne me fais pas seul. Mon existence est un don. Qui pourrait m’aider à découvrir et développer ce moi ? Une famille, qui m’ancre dans une histoire et m’apprend la communauté humaine. Une culture, où l’on se reçoit, s’accueille et se construit. L’homme initié évite l’individualisme ou le nombrilisme. 

Un éclairage chrétien

Il est possible de relier "Deviens ce que tu es quand tu l’auras appris" à des éléments de la foi chrétienne. Tirés des Ecritures, appuyés sur la raison, vécus par les saints, réfléchis par les théologiens, ce sont des principes de la doctrine sociale de l’Eglise.

"Deviens", c’est croire et annoncer que tout homme est digne, que toute vie vaut la peine d’être vécue. Grâce à la Résurrection, et grâce à l’Esprit Saint (qui peut parler à toute conscience humaine), chacun peut sans cesse choisir la Vie. Ainsi l’Église affirme, même au désespéré ou à la pire canaille : tu as le droit de vivre parce que Dieu t’a créé par amour et qu’Il te fait confiance pour te construire en bien.

"Ce que tu es", c’est croire que la sainteté m’a été donnée par mon baptême, qu’elle se vit jour après jour, en demandant à Dieu la grâce d’aimer un peu plus qu’hier. C’est renoncer à l’image d’un Dieu qui ferait ce qu’Il veut du pantin que je suis. C’est entrer dans la liberté des enfants de Dieu.

Jésus ne s’est pas fait tout seul. Pour devenir homme et Dieu, Jésus s’est entouré des siens.

"Quand tu l’auras appris", c’est miser sur la liberté des enfants de Dieu. C’est compter sur la marque éternelle que Dieu a posé au fond de chaque homme en le créant à Son image. C’est choisir la dynamique de l’humilité : comme Jésus envoyé par Son Père, je me reçois de Dieu.

Vivre "deviens ce que tu es quand tu l’auras appris" dans une optique chrétienne permettrait sans doute de relever le défi auquel nous appelle le pape François dans Christus Vivit, à savoir ne pas fuir la mission que nous avons sur Terre mais de bien comprendre que chaque vie est mission. Comme toujours, Jésus nous montre le chemin. Lui qui est Dieu fait bébé, puis migrant politique, puis adolescent juif, puis charpentier, puis prédicateur et guérisseur entouré de frères… Jésus ne s’est pas fait tout seul. Pour devenir homme et Dieu, Jésus s’est entouré des siens  : le Père et l’Esprit-Saint ; Joseph et Marie ; Jacob et Rachel (leurs voisins de Nazareth) ; Pierre et Jean. Jésus est devenu ce qu’il est quand il l’a appris.

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