L’église parisienne Saint-Sulpice, haut lieu de l’histoire catholique de France, a donné lieu pendant la semaine œcuménique à une initiative inédite. Deux imams invités par la paroisse y ont chanté la Fatiha. Une chorale "islamo-chrétienne", comportant des petites filles en hijab, a chanté un cocktail de cantiques et de sourates. Un espace de l’église a été réservé à la prière musulmane. Tout cela s’est passé le 7 février. Il n’est pas interdit, il est même conseillé et toujours utile à un chrétien de dialoguer avec les musulmans, comme avec tous les hommes. Mais alors d’où vient-il que l’événement a fait tant de bruit ?
Si le Christ est ressuscité
L’impression de la journée organisée à Saint-Sulpice est celle d’une confusion. Pourquoi ? Être ensemble pour prier avec des musulmans est une chose, annoncer des prières musulmanes à l’ambon d’une église, à quelques mètres du tabernacle, en est une autre. Car de deux choses l’une, comme l’a fort justement écrit saint Paul : soit le Christ est ressuscité, soit il n’est pas ressuscité. S’il n’est pas ressuscité, alors notre prédication n’est pas plus recevable que les autres sagesses humaines ; alors buvons, mangeons, forniquons, laissons-nous convaincre que toutes les religions se valent et ne valent pas davantage que l’irréligion.
Nous devons annoncer le Christ à temps et à contretemps, pour cette raison que lui seul est la Vérité, le Chemin et la Vie.
Si le Christ n’est pas ressuscité, un moment d’amitié partagé vaut plus que les promesses de la rédemption. Et celui qui met son espoir dans le Christ pour cette vie seulement est le plus malheureux des hommes : car il existe un dialogue interreligieux malheureux. Mais si le Christ est ressuscité, alors cela change tout. Nous devons annoncer le Christ à temps et à contretemps, pour cette raison que lui seul est la Vérité, le Chemin et la Vie. On ne peut pas être chrétien et relativiste : il faut choisir. Jésus n’est pas un prophète de plus.
Une question de modalité
Notre foi ne se résume pas à de bons sentiments, mais à la foi que nous avons dans la vérité entrée dans l’Histoire, un certain jour du règne de Tibère. Nous ne sortirons jamais de la question du gouverneur de Judée Festus sur "la dispute à propos d’un certain Jésus qui est mort et dont Paul affirme qu’il est vivant". Nos églises ne seraient que des tas de cailloux si le Christ n’était pas vivant. Et l’église de la place Saint-Sulpice, où l’abbé Olier a tant prié, a été bâtie autour de l’hostie.
Nos églises ont été construites par nos ancêtres pour abriter la présence réelle du Ressuscité. Elles ne peuvent pas devenir les salles polyvalentes des bons sentiments. Il fallait tenir la journée de prière commune avec les musulmans dans un tiers lieu. Sinon, un jour, il nous faudra céder à la pression qui s’exercera sur nos églises vides pour les transformer en mosquées. C’est une question de modalité, mais dans ce cas, les modalités en disent beaucoup.