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Côte d’Ivoire : Bertin Doué Bassiba, ancien soldat français devenu prêtre à 47 ans

père Bertin Doué Bassiba

Le père Bertin Doué Bassiba.

Fabrice de Chanceuil - publié le 02/02/22

Retourné à Dieu, Bertin Doué Bassiba, un Ivoirien ordonné prêtre à 47 ans, était un ancien combattant de l’armée française. Fabrice de Chanceuil rend hommage à ce pasteur inlassable qui ramena de nombreuses brebis perdues sur les chemins de la foi.


Le père Bertin Doué Bassiba est retourné à Dieu le 7 janvier dernier dans son village natal de Diahouin en Côte d’Ivoire. Toute sa vie est et restera comme un mystère à commencer par sa date de naissance. On parle généralement de 1926 mais le faire-part de sa mort indique qu’il s’est éteint dans sa cent-unième année, ce qui signifierait alors qu’il avait vu le jour en 1922. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il était issu d’un milieu extrêmement modeste, au sein de l’ethnie Wê. Comme beaucoup de jeunes de son âge à son époque, n’ayant reçu qu’une éducation sommaire et considéré même comme un analphabète, il n’eut guère d’autre solution que de s’engager dans l’Armée française. 

Consciencieux et appliqué, il y gravit les échelons jusqu’à atteindre le grade de sergent. Entraîné dans le tourbillon d’une époque agitée, il connaît les travaux forcés puis le drame des guerres coloniales consécutives au deuxième conflit mondial. Envoyé avec son régiment en Indochine, le sort des armes l’a malheureusement conduit du côté des perdants. Que n’a-t-il supporté dans ces pénibles moments !

Sa patience est récompensée

C’est pourtant dans ce vacarme infernal, alors que son dénuement est le plus total, que Bertin Doué va trouver le trésor qui désormais illuminera sa vie. Il se convertit à la foi catholique qui va lui permettre de tout supporter, de soutenir ses compagnons et de pardonner à ceux qui l’ont fait souffrir. Rentré enfin dans son pays promis bientôt à l’indépendance, il n’a alors de cesse de vouloir vivre sa foi encore plus loin avec le désir ardent d’embrasser l’état ecclésiastique. Mais quel espoir raisonnable pour cet homme jugé insuffisamment cultivé et déjà avancé en âge ? Heureusement, sa patience et son acharnement finiront par triompher des obstacles.

Par son exemple plus encore que par son enseignement, il a mené ou ramené sur les chemins de la foi bien des brebis désemparées ou égarées…

C’est aussi la rencontre avec des hommes remarquables, sachant déceler en lui des capacités enfouies, qui vont lui permettre d’accéder à son rêve apparemment inaccessible. Comme Mgr André Duroit, évêque de Bouaké et du père Hébrard Fulcran, son frère d’armes sur le front de Cochinchine mais aussi le révérend père André Martin, de la Société des Missions africaines, et Mgr Pierre Rouanet, évêque de Daba. Devenu dans un premier temps catéchiste, il rejoint le petit séminaire de Gagnoa, se frotte à la vie des moines bénédictins du monastère de Bouaké et accède finalement au grand séminaire d’Anyama.

Un tabernacle vivant

Enfin, après tant d’années d’effort, arrive le grand jour, le 29 juin 1967, date à laquelle Bertin Doué est ordonné prêtre en l’église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Duékoué. En dépit de cette ordination tardive, il va connaître un sacerdoce de près de cinquante-cinq ans. Ses ouailles se souviennent de cet homme à l’allure ascétique, revêtu en toutes saisons d’une aube de couleur kaki, se nourrissant de peu, portant sur lui-même un regard moqueur, mais surtout habité d’une piété et d’une humilité confondantes, au point d’être considéré comme un véritable tabernacle vivant. Par son exemple plus encore que par son enseignement, il a mené ou ramené sur les chemins de la foi bien des brebis désemparées ou égarées, formant ainsi un troupeau conséquent fidèle à son inlassable berger.

Pour ses cinquante ans de sacerdoce, on lui avait proposé de choisir un cadeau. Sans hésiter, il demande l’édification d’une église-chapelle dans son village natal. Celle-ci est inaugurée le 7 juillet 2017 par Mgr Gaspard Béby Gneba, évêque de Man qui, dans un geste hautement significatif, changea au dernier moment la dédicace du sanctuaire, initialement voué à Notre-Dame de l’Assomption, pour le consacrer à saint Bertin. Cet ancien abbé du monastère de Saint-Omer au VIIIe siècle méritait certainement cet hommage, mais nul doute que le prélat n’ait eu une vision plus prospective en pensant à celui que ses compatriotes appelaient affectueusement le « curé d’Ars » ivoirien. Les obsèques du père Bertin Doué auront lieu le 3 février 2022 en la cathédrale Saint-Michel Archange de Man.

Pratique

Bertin Doué Bassiba, ancien combattant devenu prêtre à 47 ans, par René Babi, L’Harmattan, 2018.

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