Les vœux religieux du frère Thomas d’Aquin furent conquis de haute lutte par le jeune homme, qui dut déjouer tous les pièges de ses tentateurs, dont celui de la chair. Cela lui valut une divine protection, sous la forme d’une mystérieuse ceinture angélique.
C’est un singulier petit garçon que le dernier-né des seigneurs d’Aquino venu au monde en 1225 au royaume de Naples. Encore nourrisson, il s’accroche un jour, sans motif apparent, à un bout de parchemin trouvé on ne sait où, qu’il se refuse en sanglotant de lâcher. Quand on put enfin le lui prendre, on n’y vit que ces mots indéchiffrables pour un enfant au berceau : Ave Maria.
Que Dieu ait des vues sur lui, ses parents s’en doute un peu, depuis le jour où la foudre étant tombée dans la chambre où dorment Thomas et sa sœur, celle-ci a été tuée et lui épargné. Selon les mentalités du temps, cela signifie qu’il faut donner ce cadet à l’Église. Au demeurant, cela ne les contrariait pas ; cela permettait de conserver dans la famille l’abbaye du Mont-Cassin, l’une des plus puissantes de la chrétienté. Cependant, Thomas n’éprouve aucune attirance pour cette maison, où il a fait ses premières études et, dès l’âge de douze ans, il rêve de rejoindre le tout jeune ordre fondé par Dominique de Guzman, perspective invraisemblable pour sa noble famille : l’un de leurs fils chez des prêcheurs mendiants ! Jamais ils n’y consentiront !