Isabelle Laurent a traversé sans doute les pires épreuves qui puissent être infligées à un cœur de mère. Mais elle témoigne de la puissance du pardon qui seul, selon elle, peut sauver le monde et convertir les cœurs. Une rencontre bouleversante et édifiante.
L’histoire d’Isabelle Laurent est un des plus puissants témoignages de foi qu’il m’ait été donné de recueillir. Elle n’a pourtant ni la gouaille d’une prédicatrice, ni l’allure d’une mystique. Discrète, avenante, les yeux bleus et le regard profond, elle se définit simplement comme une « femme de foi », foi qui lui a été transmise toute petite et qu’elle nourrit quotidiennement par son engagement en couple dans la communauté franciscaine. Elle est aussi une femme d’écriture – elle est l’auteur de plusieurs ouvrages pour la jeunesse et de témoignages personnels – et mère de famille nombreuse. Une mère dont le cœur a été violemment et profondément meurtri, le lundi de Pentecôte 2019, lorsque des policiers lui annoncent le suicide de son fils Yann, alors âgé de 30 ans.
J’avais lu son livre, Maman tu pardonnes toujours, paru récemment chez Artège, préparé mes questions, mais je ne m’attendais pas à un tel bouleversement de ce qui est communément admis. Isabelle Laurent a une manière de concevoir l’amour, la justice et le pardon qui peut paraître déconcertante mais qui laisse entrevoir le ciel. Avec douceur et humilité, elle invite à l’amour inconditionnel, à l’image de celui que Dieu réserve à ses enfants. Elle a confiance en la justice divine et reconnaît les limites de la justice des hommes, nécessairement imparfaite. Enfin, elle témoigne que le pardon peut être intégral, donné aux justes comme aux criminels. Ce qui frappe, en l’écoutant, c’est la paix qui émane d’elle malgré des épreuves difficilement soutenables pour le cœur d’une mère. C’est la limpidité de sa pensée, en dépit des doutes et des nombreuses questions qui pourraient la terrasser. C’est aussi la certitude avec laquelle elle évoque l’amour infini de Dieu pour chacune de ses créatures, les innocentes comme les plus misérables.