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Au cours de son audience hebdomadaire du 5 janvier 2022, le pape François a pris à contrepied l’air du temps, à propos de la natalité et de la place dans nos foyers des animaux familiers. Sur le ton direct qu’on lui connaît, le Saint-Père s’est d’abord désolé de l’hiver démographique qui menace bon nombre de pays. Alors qu’il est de bon ton, dans les cercles écologistes, d’affirmer qu’il faut prioritairement s’abstenir de procréer pour régler la crise environnementale, le pape François a critiqué les couples qui renoncent « à donner la vie » ou qui s’arrêtent délibérément au premier enfant.
On trouve déjà une contestation du néomalthusianisme qui gangrène la pensée verte dans son encyclique Laudato si’ : "La croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire" (LS, 50). Le paragraphe correspondant dénonce même "les pressions internationales sur les pays en développement, […] conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “santé reproductive”". Et de préciser ce qui est réellement en cause : "la répartition inégale de la population et des ressources disponibles".
Une hiérarchie de l’amour
Cette fois, c’est aux couples qui renoncent à procréer que le Pape s’adresse directement, allant jusqu’à suspecter chez eux "un certain égoïsme". Et c’est là que les animaux de compagnie apparaissent. Le Pape note que des couples ne veulent pas procréer ou se sont arrêtés à un enfant, "mais ils ont deux chiens ou deux chats". Et d’insister : "Oui, les chiens et les chats prennent la place des enfants." Là encore, la posture pastorale est cohérente avec la doctrine de l’Église catholique. On trouve une telle mise en garde dans son catéchisme.
D’un côté, les fidèles sont incités à la "bienveillance" vis-à-vis des animaux, à l’exemple de grands saints : "On se rappellera avec quelle délicatesse les saints, comme saint François d’Assise ou saint Philippe Neri, traitaient les animaux" (CEC, 2416) ; et il est rappelé qu’"il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies" (CEC, 2418). Mais le même paragraphe enchaîne : "Il est également indigne de dépenser pour eux des sommes qui devraient en priorité soulager la misère des hommes. On peut aimer les animaux ; on ne saurait détourner vers eux l’affection due aux seules personnes." Ainsi, si l’on trouve vingt-cinq fois le mot dignité dans Laudato si’, c’est toujours pour qualifier les êtres humains. Une hiérarchie de l’amour est posée ; elle a d’ailleurs été critiquée par des associations animalistes.
Une question de bon sens
Tout est une question de mesure et de responsabilité. Un petit tour par les rayons des supermarchés destinés aux chiens et aux chats montre à quel point nous les avons plongés dans notre consumérisme effréné. Certes chiens et chats "de compagnie" viennent souvent compenser l’isolement des personnes âgées, et leur vertu "thérapeutique" est par ailleurs reconnue. Il reste que le bon sens corrobore la façon dont ces deux sujets sont reliés par le Saint-Père, lors de cette audience, dans le style familier auquel il nous a habitués : "Pensez à avoir des enfants, […] parce que ce sont eux qui fermeront vos yeux. Qui prendront soin de vous à l’avenir."
On n’a pas fini de découvrir à quel point interdire la vie peut être désastreux. À l’échelle d’un pays, la Chine l’apprend à ses dépens : quarante ans de politique coercitive de l’enfant unique produisent aujourd’hui leurs pires conséquences. En 2021, le taux de natalité chinois s’est effondré, atteignant son plus bas niveau depuis 1978, malgré l’abandon officiel de cette politique en janvier 2016. La pyramide des âges du pays, en forme de toupie, augure des difficultés insondables pour accompagner les personnes âgées à venir. La veille Europe n’est pas si loin.
Mais s’il est une explosion démographique qui doit interpeller la conscience écologique, c’est celle… des chats ! Il y en aurait désormais 12 millions en France (contre 7,5 millions de chiens) et leur prédation instinctive a déjà causé 25% de l’effondrement constatée des populations de passereaux. Finalement, le message de l’Église est constant : la vie humaine est un cadeau ineffable qu’il ne faut pas se retenir de donner — en toute responsabilité — et ce sont nos modes de vie plutôt que notre nombre qu’il faut avoir le courage de réviser.